Un programme de restauration pour enrayer la disparition des mares (50)
Dans la Manche, Saint-Lô Agglo mène depuis 2021 un programme de restauration des mares qui couvrent son territoire. La collectivité a ainsi pu identifier une cinquantaine de mares éligibles au programme de restauration financé à 80 % par l’Agence de l’eau Seine-Normandie. Les travaux, définis en concertation avec les propriétaires et exploitants agricoles volontaires, sont adaptés au contexte du terrain où se situe la mare et aux souhaits de l’exploitant et de son propriétaire.
Entre 2021 et 2024, plusieurs mares ont ainsi été curées, débroussaillées, (pas de pollution dans les mares restaurées) ou clôturées chaque année, entre la mi-septembre et la fin octobre, hors période de reproduction des amphibiens.





Entretien avec Mailys Lesage, technicienne eau et milieux aquatiques à Saint-Lô Agglo

Ce projet est présenté par :
- Mailys LESAGE, technicienne eau et milieux aquatiques à Saint-Lô Agglo (50)
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet de restauration de mares s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
En 2021, Saint-Lô Agglo a signé avec l’Agence de l’eau Seine-Normandie et d’autres structures un contrat de territoire Eau et climat qui lutte notamment contre le réchauffement climatique, avec l’objectif d’une meilleure qualité de l’eau. Le programme de restauration des mares s’inscrit dans le programme bocage de lutte contre le ruissellement et l’érosion. Des actions ont été mises en place dès 2021, d’abord avec le recensement des mares, mené par des stagiaires sur les différents bassins, puis avec des travaux entrepris chaque année, entre la mi-septembre jusqu’à la fin du mois d’octobre. Le projet s’est rapidement mis en place, avec une demande d’aide financière auprès de l’Agence de l’eau Seine-Normandie (qui finance ce programme à 80%). L’objectif inscrit dans ce contrat est de restaurer 10 mares par an sur 4 ans.
Côté administratif, nous devons réaliser une déclaration d’intérêt générale (DIG) qui nous autorise ensuite à réaliser les travaux avec des fonds publics sur des parcelles privées. Ce document est instruit par la direction départementale des territoires et de la Mer (DDTM). Nous devons ensuite transmettre à la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), un dossier de déclaration de travaux vis-à-vis des espèces protégées pour instruction.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Sur ce programme, nous avons suivi les recommandations du Conservatoire d’espaces naturels de Normandie, porteur aussi du projet, et qui nous accompagne sur son déroulement. Le Conservatoire nous a apporté ses ressources et ses retours d’expériences, puisqu’il a mis en place une carte de recensement des mares de toute la région, avec une base de données contributive (http://recensementmare.pramnormandie.com/API/).
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
il faut déposer en amont un dossier d’espèces protégées à la DREAL, après avoir effectué un inventaire de la faune et de la flore des mares. Si on repère une espèce protégée “au titre de l’individu”, pas de soucis pour les travaux. Par contre, s’il s’agit d’une espèce protégée “au titre de l’habitat”, cela peut empêcher les travaux, qui viendraient nécessairement modifier “l’habitat” que représente la mare pour l’espèce. Ensuite, il a fallu se conformer aux critères d’éligibilité de l’agence de l’eau Seine-Normandie, afin de sélectionner les mares qui pouvaient bénéficier d’une restauration. Il fallait que la mare ne soit ni sourceuse, ni connectée à un cours d’eau et qu’il n’y ait pas de patrimoine bâti. On a aussi sélectionné des mares quasiment comblées par la végétation ou de la matière organique, pour lesquelles la restauration était vraiment utile. Ainsi, sur les 830 mares recensées sur notre territoire de 2021 à 2024, une cinquantaine a été proposée à la restauration et seulement 24 ont été restaurées au total.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un projet de restauration de mares ?
Il faut repérer si les mares sont éligibles, si elles sont sourceuses ou ont du patrimoine. Mais les travaux sont simples à réaliser : coordonner le curage des mares, favoriser des pentes douces… C’est à la portée de tout technicien. S’entourer d’un organisme, comme le Conservatoire d’espace naturels, peut aider au niveau technique. Il faut aussi aimer la concertation avec les exploitants et les propriétaires qui est une partie importante de ce programme, puisque les restaurations de mares se font uniquement chez les propriétaires et exploitants volontaires. Le programme se base sur le volontariat et est financé à 80% par l’agence de l’eau Seine-Normandie et les 20 autres % sont pris en charge par Saint-Lô Agglo.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Avant d’envoyer notre stagiaire faire le recensement sur le terrain, j’ai rencontré personnellement tous les maires des communes concernées. On a distribué un flyer explicatif du projet, aussi disponible sur le site de l’Agglo. On distribue également des avis de passage, affichés en Mairie, dans les bulletins communaux, pour que les citoyens comprennent les travaux que nous entreprenons et qu’ils soient informés de la démarche s’ils possèdent une mare.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le programme est financé à 80% par l’Agence de l’eau Seine-Normandie. Pour un coût total de 52 698 euros TTC, l’investissement de l’Agence de l’eau s’est porté à 42 158 euros TTC.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Saint-Lô Agglo dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
L’Agence de l’eau Seine-Normandie et le Conservatoire des espaces naturels ont été nos interlocuteurs.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2021
2021
2022
2024
Chiffres clés
2000
1
24
À retenir
Ce sont des travaux qui perdurent et qui sont bénéfiques pour la biodiversité de ces mares. La restauration des mares permet aussi la préservation de la ressource en eau, en favorisant des points de stockage de l’eau. Les mares participent aussi à la lutte contre les inondations, en stockant l’eau dans les parcelles.
Beaucoup de propriétaires / agriculteurs nous contactent car c’est gratuit pour eux et qu’ils trouvent un intérêt, notamment car les mares restaurées peuvent représenter un point d’eau pour les animaux, avec l’installation d’une pompe de prairie.
Une difficulté rencontrée est l’impossibilité de savoir la profondeur des mares pour les curages. Lorsqu’on extrait les boues d’une mare, on ne sait jamais quel volume de vase on va trouver. Or, on doit laisser ces boues sur place après avoir procédé au curage, et parfois le volume est tel qu’on doit les étaler sur la parcelle.
Ressources
Recensement mare - Carte de recensement des mares de la région Normandie
Carte de recensement avec une base de données contributive pour l'ensemble de la région Normandie
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Seine-Normandie

Conservatoire des espaces naturels
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur Saint-Lô Agglo
habitants (en 2023)
communes regroupées
Données de contact
Vous êtes passés à l'action sur la gestion de l'eau ?
