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Jean-Claude Lasserre : « Pour organiser un Cycl’eau, nous devons être certains de notre capacité à répondre véritablement aux enjeux environnementaux de chaque territoire »

Cet article a été rédigé par Florence Leandri

Crédits photos : Jean-Claude Lasserre - Cycl'eau

La prise en compte des spécificités de chaque bassin hydrographique est au cœur de la vocation des salons Cycl’eau. Cela se traduit donc dans la sélection des offreurs de solutions : l’innovation doit être pertinente localement. Entretien avec Jean-Claude Lasserre, président de l’association CYCL’EAU, qui organise ces salons professionnels régionaux.

Quelle est l’histoire de CYCL’EAU ? Son origine ? Son objectif ?

Jean Claude Lasserre : Ma carrière a fait de moi un spécialiste de l’environnement, plus particulièrement des solutions intéressant les collectivités pour gérer les déchets. C’est lors de mon dernier poste que j’ai vraiment découvert le domaine de l’eau. Une rencontre en 2014 avec un industriel a été déterminante, notamment parce qu’il m’a incité à me rendre au Carrefour des gestions locales de l’Eau, à Rennes. C’est ainsi que j’ai identifié l’attente pour un salon territorial de l’eau à Bordeaux, et plus largement en Nouvelle-Aquitaine.

Il était très clair pour moi que notre nouveau projet devait apporter une plus-value, sans copier les références que sont Pollutec à Lyon, ou le Carrefour de l’Eau à Rennes. Il devait pouvoir répondre pour un territoire, à la globalité des enjeux de la gestion de l’eau. Le premier salon CYCL’EAU qui s’est tenu en 2017 à Bordeaux a réuni 70 exposants,  sa spécificité et son format ont séduit. Dès la fin 2017, nous étions contactés par Strasbourg et Vichy pour dupliquer chez eux notre modèle. Jusqu’en 2019, CYCL’EAU était géré au sein d’une agence événementielle. J’ai rapidement créé une association dédiée, repris l’équipe qui travaillait au sein de l’agence, et me suis pleinement investi comme président bénévole. Évidemment, la crise sanitaire nous a atteint de plein fouet. Ce n’est qu’à la fin 2021 que nous avons pu reprendre le présentiel : à Aix d’abord, puis à Bordeaux, Toulouse, Marseille, Clermont-Ferrand, Orléans, Lille puis Douai, Strasbourg…

Depuis, nous avons intensifié le rythme qui met maintenant cinq dates par an à l’agenda et nous sommes présents désormais dans les régions Centre, Grand-Est, Occitanie, Hauts-de-France et Sud, et bien sûr Nouvelle-Aquitaine.

 

CYCLEAU – 2021 Provence

Sur l’eau, quelle vision, quelles convictions souhaitez-vous partager ?

Jean Claude Lasserre: Je commencerai par insister sur le fait que chez CYCL’EAU, nous ne prétendons pas être des sachants. Nous constituons et animons des comités de pilotage où siègent des associations, des collectivités territoriales, des institutions, des partenaires financiers qui maitrisent les défis et problématiques spécifiques de leur bassin, et apportent un réseau de contacts, des sujets prioritaires et d’actualité, et nous aident à mettre en forme le salon et ses conférences. Car ma première conviction est que sur le sujet de l’eau, l’approche territoriale est impérative. Et en cela, nous comblons le manque perçu originellement, comme en témoignent les sollicitations qui nous remontent des institutions pour organiser des salons CYCL’EAU .

Autre conviction : si le sujet est devenu prégnant depuis deux, voire trois ans, en raison des conséquences visibles du dérèglement et du réchauffement climatiques, il y a bien trop d’intervenants pour qu’une bonne compréhension des enjeux politiques, financiers et hydrographiques de demain, se dégage. Il n’y a pas toujours de lignes de force claires. C’est peut-être pourquoi il est question d’organiser de nouvelles Assises Nationales de l’Eau fin 2025. Cela risque de remettre en cause le formidable travail porté par Jean Launay, coordinateur général des Assises nationales de l’eau de 2019, pour construire une colonne vertébrale.

Troisième conviction : pour comprendre que l’eau, est devenue une ressource rare, même en cas de pluies abondantes, dans beaucoup de bassins, il faut synthétiser les données.

Quelles thématiques vont guider les salons CYCL’EAU en 2025?

Jean Claude Lasserre : La thématique phare, et il est grand temps de la mettre en lumière, est la réutilisation des eaux usées ! Israël, le champion du monde, réutilise 85% des eaux usées : sa topographie très désertique l’a poussé à initier cette démarche, il y a de nombreuses années. En Europe, l’Espagne se démarque avec une réutilisation à 17-18%. L’Italie est très intéressante aussi puisqu’elle a su en quelques années passer d’un taux à 2% à 10%. Nous, nous atteignons tout juste le 1%. Pour accélérer, il faut lever deux freins : la mauvaise perception des eaux usées et les interdits législatifs. Sur ce dernier point, les choses évoluent puisque le champ possible de la récupération des eaux pluviales ou usées s’est élargi. Mais il faut accélérer, et donc inciter, voire obliger, à utiliser les eaux usées pour les chasses d’eau, pour les golfs, pour laver les trottoirs… Une autre thématique animera nos salons en 2025 : penser l’eau en milieu rural, avec le même soin qu’on l’envisage en milieu urbain. Il y a une dichotomie entre les deux : le rural est délaissé, ce qui crée des tensions et des oppositions peu constructives.

Comment sont choisies les villes des salons CYCL’EAU ?

Jean Claude Lasserre : Tout part d’une demande des institutions territoriales. Tel est donc le cas pour le salon CYCL’EAU de Montpellier qui se tiendra les 19 et 20 mars 2025. En Occitanie, nous organisons déjà des salons à Toulouse, avec un soutien très fort de la métropole, de la région, de l’Agence de l’ eau Adour-Garonne…Et c’ est une demande expresse de la présidente de région, Carole Delga, qui nous a poussé à construire un salon à Montpellier, que nous avons pensé en alternance avec celui de Toulouse. Car si ces deux bassins appartiennent à la même région, ils ont des marqueurs différents : le premier est un bassin méditerranéen, le second un bassin intérieur.

La même logique a conduit à la création d’un salon à Orléans en 2024, qui sera reconduit en 2026. Nous avons aussi les salons CYCL’EAU de Vichy et Clermont-Ferrand (celui-ci aura lieu les 5 et 6 novembre 2025). L’Agence de l’eau Loire-Bretagne dont relèvent ces bassins, en est très satisfaite. Mais il y a un manque en Centre-Val de Loire, territoire pauvre en évènements dédiés à l’eau, auquel le Carrefour de l’eau de Rennes n’est pas en mesure de répondre. Car, sur l’eau, la Bretagne et le Centre-Val de Loire ont moins de points de convergence qu’il n’en existe entre le Centre-Val de Loire et le sud de la région Île-de-France.

Nous testons aussi la pertinence de notre concept, avec des formats plus légers comme des journées thématiques. Ainsi pour les départements alpins, la journée de 2025 est dédiée à l’industrie, aux retenues d’eau, à la gestion de l’eau, puisque globalement il y a une forte baisse de la quantité disponible. Et nous envisagerons ensuite pour 2026 la tenue d’un salon. Dans d’autres cas, un format de journée thématique reste privilégié, comme en Corse. Nous y avons le soutien de l’hydrologue d’Antoine Orsini et du président du conseil exécutif de Corse, Gilles Siméoni. La première édition 2024 sur la thématique générale de l’eau fut riche. Pour organiser un salon nous devons être certains de notre capacité à absorber et à répondre véritablement aux enjeux du territoire donné. Cette exigence est la garantie de la satisfaction des visiteurs, constitués à 80% de contacts qualifiés, à savoir des élus, des cadres et des techniciens de la ressource eau.   Pour connaitre les éditions 2025 des salons et journées thématiques CYCL’EAU : https://www.cycleau.fr/edition

Quels sont les deux caractéristiques d’un salon CYCL’EAU ?

Jean Claude Lasserre : Chaque salon CYCL’EAU réunit sur deux jours des collectivités territoriales, des élus, des partenaires institutionnels, des délégataires, des industriels, des bureaux d’études, des réseaux de négoce, des structures innovantes. Tous ont comme élément principal et distinctif, un programme de conférences et tables-rondes. Il est conçu par le comité de pilotage qui sélectionne les thématiques, par exemple les bonnes pratiques pour atteindre la sobriété ou pour favoriser la réutilisation des eaux usées, au regard des spécificités au territoire. Ce comité identifie le panel des intervenants.Ensuite chaque conférence est pilotée par une institution : région, agence de l’eau, collectivité…

L’autre temps fort que je retiens, parce qu’il favorise notamment le rapprochement entre les industriels et les nouveaux offreurs de solutions, c’est le moment de convivialité et de remerciement proposé le mercredi soir.Il prend parfois la forme d’une soirée de gala, hors les murs. Nous invitons à cette occasion les partenaires, les institutionnels et les exposants. La fréquentation – en 2024, à Toulouse, nous avons réuni 900 personnes et à Bordeaux près de 850 personnes – est un bon indicateur : créer du lien entre les professionnels est la condition pour faire émerger des solutions spécifiques aux problématiques communes.

Quant aux offreurs de solutions, comment construisez-vous la place de marché qui dans les salons CYCL’EAU se nomme Village Innovation ?

Jean Claude Lasserre : Le Village Innovation existe depuis le début et a été pensé avec les pôles de compétitivité : Hydréos, Dream- depuis réunis au sein d’Aquanova – et Aqua Valley. Ces groupements contribuent à structurer l’offre de solutions. Ce Village Innovation, qui permet aux industriels d’établir un contact direct avec les structures innovantes, existe dans tous les salons et les journées thématiques. Nous retenons entre 10 à 25 offreurs de solutions, indépendamment des industriels, en tenant compte du bassin, de ses spécificités : les acteurs locaux sont essentiels pour détecter les pépites pertinentes. Pour Montpellier et Toulouse, AD’OCC, l’agence de développement économique de la région, nous est d’une aide précieuse. À Bordeaux, nous nous appuyons sur Soltena, un cluster des solutions pour la transition écologique en Nouvelle-Aquitaine. Chaque Village est rythmé par des pitchs et des moments de networking.

Quelle synergie identifiez-vous entre un salon physique et local, et une marketplace digitale comme celle d’aquagir ?

Jean Claude Lasserre : La synergie est évidente et à plusieurs niveaux. D’abord la dimension digitale complète notre approche en présentiel. Et c’est tellement vrai que nous avons songé il y a quelque temps à créer notre propre marketplace digitale, en nous appuyant sur nos 25 000 followers LinkedIn et nos 70 000 contacts confirmés sur notre base de données. De plus, aquagir est présent sur tous les salons CYCL’EAU, gracieusement car nous croyions à cette complémentarité qui ne peut que bénéficier à l’écosystème de l’eau. aquagir est porté par des institutionnels et notamment La Banque des Territoires. Cette légitimité conforte l’approche prônée par CYCL’EAU. Enfin, il y a les incarnations et le partage des convictions : Solène Le Fur, directrice du programme Eau à la Banque des Territoires, est en parfaite adéquation avec la vision CYCL’EAU et revendique comme nous, une approche territoriale forte dans la gestion de l’eau.

Cet article vous est proposé par aquagir

aquagir est un collectif d’acteurs œuvrant dans l’accompagnement de bout-en-bout des projets de gestion des eaux dans les territoires avec une vision globale, collective et écosystémique des enjeux et des solutions.  aquagir regroupe l’ANEB, la Banque des Territoires, le BRGM, le Cercle Français de l’eau, les pôles de compétitivité de la filière eau Aqua-Valley et Aquanova et l’UIE (Union des Industries et Entreprises de l’Eau)

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