Pays de Montbéliard Agglomération (25) choisit le chemisage pour étanchéifier ses canalisations d’eaux usées
Le renouvellement des réseaux d’assainissement est un enjeu stratégique pour les collectivités. Aujourd’hui vétustes et dégradés, ils ont été installés pour la plupart dans les années 70.
Face à la détérioration de certains de ses collecteurs d’assainissement, le Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) s’est tourné vers une alternative innovante au remplacement en optant pour le chemisage. Cette technique a permis d’étanchéifier 835 mètres linéaires de canalisations d’eaux usées dans la ville de Valentigney (25) en un temps record pour un coût défiant toute concurrence. Ce chantier de 620 000 € HT a été entièrement porté par la SEPM, une délégation de service public exploitée par Véolia.
Entretien avec Daniel Granjon, maire de Mathay et Vice-Président à PMA chargé de l'eau et de l'assainissement
Ce projet est présenté par :
- Daniel Granjon, Vice-Président à PMA chargé de l’eau et de l’assainissement. Il est également maire de Mathay
Daniel Granjon
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Lors de la reprise du SDAGE, nous avons constaté sur certains secteurs des arrivées d’eau beaucoup trop importantes. En effet, du pont Mitterrand au carrefour avec la rue Etienne Oehmichen, les canalisations sont au niveau du Doubs, voire en dessous, si bien que les eaux de nappes s’engouffrent dans le réseau en période de crue, saturant inutilement la station d’épuration d’Arbouans. De plus, l’état du collecteur d’assainissement de Valentigney commençait à se détériorer, le béton utilisé ne résistait pas à certaines pressions comme celles des racines. Nous avons donc décidé la rénovation du collecteur d’eaux usées intercommunal en 2022 par chemisage.
L’opération, effectuée principalement rue des graviers et la D38, portait sur 835 mètres linéaires en DN800 à Valentigney. Celle-ci a été réalisée sur 2 tronçons, un secteur au milieu étant récent, ainsi que sur la reprise des 14 branchements existants en traditionnel. Cette technique de réhabilitation vise à optimiser le rapport gain/coût mais aussi la gêne occasionnée.
Dans ce dossier, les eaux usées concernées viennent de de Mathay, Mandeure et partiellement de Valentigney via un collecteur structurant pour être traitées à la STEP d’Arbouans.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Pas de source particulière si ce n’est notre propre expérience puisque nous avions déjà effectué ce type d’opération sur le secteur de Montbéliard.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Le chemisage est une pratique courante mise en place depuis des années par des sociétés spécialisées. Elle permet de rendre les canalisations étanches pour une période de 50 ans. Ce qui nous a orientés vers ce dispositif, c’est surtout le coût, 2 à 3 fois moins élevé que pour un réseau neuf. De plus, le chantier n’a duré que 8 semaines en maintenant la circulation en alternance alors que sur une technique traditionnelle un tel chantier aurait duré environ 4 mois avec sans doute la nécessité de couper totalement le trafic.
Un chemisage se fait surtout sur des diamètres importants, à partir de 600 millimètres. La première étape est une inspection vidéo des canalisations pour identifier les points d’intervention et débarrasser les tuyaux de tous les encombrants, en particulier les branches ayant traversé la canalisation. Ensuite, une chemise sur mesure est glissée à l’intérieur des conduites, puis un robot équipé vient polymériser à l’aide d’UV les résines qui se collent à la paroi des tuyaux et bouchent les trous. C’est très bien fait.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Les compétences sont surtout liées à la société choisie et à la technique qu’elle utilise : pour nous le chemisage polymérisé par ultra-violet. Ensuite, il faut que l’entreprise dispose du personnel et qu’elle ait des références solides dans le marché. Tout a été notifié dans notre cahier des charges.
De notre côté, je dirais que nous avons aussi l’expérience de ce type de société, et que nous sommes satisfaits du résultat. La preuve, c’est que nous recommençons avec la même société à Montbéliard.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des habitants ?
Très honnêtement, lorsque nous avons décidé de lancer des travaux, nous ne sommes pas allés chercher l’adhésion. Ces travaux étaient à faire, donc à partir de là, nous avons pris les mesures nécessaires. Les canalisations ont été bouchées en amont, les rejets pompés et envoyés ailleurs. Nous avons essayé de ne pas trop déranger les riverains. Il faut noter que la technique employée nous a évité des terrassements lourds qui auraient pu nécessiter la fermeture d’un tronçon de route très passant.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
L’opération nous a coûté 620 000 € HT, mais si nous avions dû changer tous les collecteurs le budget aurait été plus important (près de 1.2 million d’euros). Les investissements peuvent être portés de deux façons : soit par PMA en paiement direct, soit par la SEPM (Société des eaux du Pays de Montbéliard), une DSP (délégation de service public) exploitée par Véolia qui participe à nos investissements.
Le financement a été porté à 100 % par la SEPM.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Dans un premier temps, ce sont les villes concernées, en l’occurrence Valentigney. Nous avons beaucoup travaillé avec les services techniques de la commune pour être certains qu’il n’y aurait pas de loupé.
Nous avons également des relations très étroites avec les services de la SEPM. Sur ce type de dossier, nous avons des réunions hebdomadaires très régulières et des réunions exceptionnelles en cas de problèmes. À l’issue d’une consultation organisée par SEPM en lien avec PMA, nous avons reçu 3 offres d’entreprises spécialisées, celle qui a remporté le marché est TELEREP.
La sous-traitance pour la reprise des branchements a été effectuée par l’entreprise Courtot.
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Le projet en détails
Dates clés
2022
Septembre 2023
Octobre 2023
Chiffres clés
620 000
835
2
À retenir
La rapidité des travaux, 2 mois au lieu de 5 mois en traditionnel
Un moindre coût, c'est quand même important, 620 000 € HT au lieu de 1,2 million d’euros.
C’est une solution limitant la gêne grâce à une circulation maintenue