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Dévasement du fleuve Charente à Saintes (17)

Depuis août 2019, de septembre à fin mars, la Grande Mulette prend possession de la Charente. Cette drague est mobilisée pour l’opération de dévasement du fleuve. Ce chantier unique en France est une véritable prouesse technique et écologique. Une fois extraite, la vase est décantée pour être ensuite réutilisée sur les terres agricoles locales.

Entretien avec Jean-Claude Godineau, Elodie Libaud et Sarah Rouger Ristord

Parole de collectivité
Jean-Claude Godineau, maire de Saint Savinien et conseiller départemental est en charge de ce dossier de dévasement de la Charente - Crédits photo : Banque des Territoires
Gestion des milieux aquatiques

Ce projet a été porté par :

  • Elodie Libaud (à gauche) est Responsable du service Gestion de l’Eau et des Milieux Aquatiques au département,
  • Jean-Claude Godineau  est maire de Saint Savinien et conseiller départemental en charge de ce dossier de dévasement de la Charente
  • Sarah Rouger Ristord (à droite) est chargée de missions des milieux aquatiques.
C’est la première fois en France que l’on extrait la vase d’un fleuve estuarien, dans de tels volumes et que l’on revalorise les sédiments sur des terres agricoles.

Jean-Claude Godineau

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet de dévasement de la Charente s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Le projet a été impulsé car nous devions faire face à deux problématiques majeures. La première était celle des inondations, notamment sur la ville de Saintes. La raison ? La présence d’un gros stock de vase consolidée depuis de nombreuses années, en amont du barrage. Ce qu’il faut comprendre c’est qu’un fleuve, dans son état normal, chasse la vase naturellement au fil des marées et des saisons. Il y a également des ouvrages installés (barrages) sur le fleuve qui perturbent les écoulements. Le clapet a aussi été hors service pendant plusieurs années avec des périodes successives d’étiages sévères, générant un déséquilibre et une sédimentation importante.

La seconde problématique liée à l’envasement est le maintien des usages et particulièrement l’eau potable. Effectivement, l’afflux massif de vase se traduisait ensuite par un faible tirant d’eau. Nous voulions maintenir l’activité de loisirs qu’il y a sur le fleuve avec la pêche, la plaisance et les loisirs nautiques. C’est un projet qui est dans les tuyaux depuis les années 2000. Jusqu’en 2007, c’est l’Etat qui avait les compétences sur le fleuve avant de les céder au Département. C’est à partir de là que nous avons pris le projet à bras le corps.

C’est la première fois en France que l’on extrait la vase d’un fleuve estuarien, dans de tels volumes et que l’on revalorise les sédiments sur des terres agricoles.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous nous sommes rendus sur le fleuve de La Rance, en Bretagne. Ils avaient eux aussi travaillé sur la gestion des sédiments et ils nous ont aidés sur ce sujet-là. Mais ils n’étaient pas sur la même échelle de grandeur en termes de volumes de vase extraite. Nous sommes aussi allés voir à Arcachon, le Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA) afin de prendre des notes sur la construction de leurs bassins de décantation.

Enfin, nous avons travaillé avec la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime pour toute la partie revalorisation des sédiments et restructurations des sols.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Oui, bien entendu. L’EPTB Charente (Etablissement public territorial de bassin Charente) a construit tout un programme autour de la Charente parmi lequel figurait celui du dragage du fleuve. L’EPTB Charente s’est appuyé sur l’expertise d’un bureau d‘études qui a réalisé des mesures bathymétriques afin de les comparer avec les profils historiques du fleuve.

Le Département, en tant que maitre d’ouvrage de l’opération depuis 2012 a retravaillé le projet avec le bureau d’études Idra Environnement et Biotope pour la réalisation du dossier réglementaire : autorisation loi sur l’eau et une étude d’incidence Natura 2000.

Lors des phases de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Il y a eu plusieurs réunions de concertation avec les citoyens et les agriculteurs pour expliquer les enjeux de ce projet. L’opération de dévasement est une des actions du PAPI (Programme d’Actions et de Prévention des inondations) Charente & estuaire afin de lutter contre les inondations du fleuve. L’incidence de cette action sur les crues de la Charente est estimée à un gain moyen de 4 cm pour une crue centennale et 10 cm pour une crue décennale au niveau de Saintes.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Avec les risques liés aux inondations, nous avons pu solliciter le Fonds Barnier. Créé en 1995, ce fonds subventionne des mesures de prévention ou de protection des personnes et des biens exposés aux risques naturels majeurs. Sur les 8,4 millions d’euros TTC prévus pour cette opération, 40% auront été pris en charge par le fonds Barnier ; 13% par les communautés de communes qui bordent le fleuve (Communauté d’Agglomération de Saintes, Communauté de Communes des Vals de Saintonge, Communauté de Communes Charente-Arnoult-Cœur de Saintonge, Communauté de Communes de Gémozac et de la Saintonge viticole, Communauté d’Agglomération Rochefort Océan) et le reste par le Département de Charente-Maritime.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la collectivité dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Plusieurs services internes du Département nous ont accompagné : la régie de dragage, le service foncier, la cellule hydrographie ou encore le service départemental d’archéologie. D’autres acteurs nous ont également accompagné : la Chambre d’Agriculture 17-89, DDTM, DRAC, Qualyse.

Il y a également eu différents marchés avec les entreprises suivantes : Idra Environnement, Biotope, SCE, Evéha, Spie Batignolles, Trézence TP, Sec TP.

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Le projet en détails

Dates clés

2015

Etude d'impact, étude analyse coût bénéfice et analyse multi-critères

2016

Dépôt des dossiers DUP et ICPE en Préfecture.

2018-2019

Enquête publique et promulgation de différents arrêtés

2021

Arrêté modificatif / à la création d’une plateforme de séchage des sédiments.

Chiffres clés

600 000

volume en m3 de sédiments retirés du fleuve

35

mètres de dragage sur 3 m de haut : c’est la capacité de papillonage du bras de dragage

6 - 15

cm, (selon le type de crue) c’est la hauteur d’eau gagnée le long du fleuve en cas d’inondation.

Résultats

  • Sauvegarde et restauration des habitats et des espèces aquatiques du fleuve : présence de la moule la Grande Mulette : moule en voie d’extinction dont la plus grande population mondiale est présente dans le bassin de la Charente,
  • Amélioration des terres de groies qui ont été valorisées par les sédiments fluviaux : augmentation de la réserve hydrique, meilleur rendement des cultures,
  • Un projet qui s’adapte au fur et à mesure de son déroulement pour tenir compte des imprévus techniques dans des conditions environnementales très contraintes.

À retenir

Réduction de l’impact des inondations : Action du PAPI Charente & Estuaire

Préservation des prélèvements des eaux destinées à la production d’eau potable : deux prises d’eau dans la Charente qui alimentent 1/3 de la population du Département

Les conditions météorologiques peuvent impacter les travaux de dragage, notamment en cas de grande crue

Ressources

Vidéo dévasement Charente

Département de la Charente Maritime

Les partenaires de ce projet

eptb charente

EPTB Charente

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

Idra Environnement

En savoir plus sur la commune de Saintes

Nombre d'habitants

25 000

Données de contact

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