Les digues fluviales et les digues de canal, bien que similaires dans leur fonction générale de contenir l'eau, présentent plusieurs différences importantes :
Leur objectif principal
Digues fluviales : elles protègent les zones adjacentes contre les inondations des cours d'eau naturels, visent à contenir les crues et à empêcher le débordement des rivières dans les zones habitées ou cultivées.
Digues de canal : elles contiennent l'eau à l'intérieur d'un tracé artificiel et servent à maintenir l'eau dans un canal créé par l'homme pour des usages spécifiques.
Leur localisation et configuration
Digues fluviales : elles sont construites dans les lits majeurs des cours d'eau naturels, peuvent être longitudinales (parallèles au cours d'eau) ou transversales (perpendiculaires à l'axe de la vallée)
Digues de canal : - Forment les parties latérales d'un canal artificiel[3] - Suivent un tracé déterminé par l'homme, souvent rectiligne ou avec des courbes régulières.
Leur fonction hydraulique
Digues fluviales : elles gèrent des débits variables et des crues imprévisibles et peuvent être équipées de déversoirs pour gérer les surverses lors de crues exceptionnelles.
Digues de canal : elles maintiennent un niveau d'eau relativement constant et gèrent des débits généralement contrôlés et régulés.
Leurs usages associés
Digues fluviales : elles sont principalement pour la protection contre les inondations et peuvent servir de corridors écologiques et de lieux de promenade.
Digues de canal : elles servent des fonctions spécifiques comme l'hydroélectricité, la navigation, ou l'irrigation.
Leur conception et structure
Digues fluviales : elles sont souvent construites en terre, mais peuvent aussi être en béton ou en maçonnerie, surtout en milieu urbain. Leur conception doit prendre en compte la résistance à la surverse et à l'érosion.
Digues de canal : elles sont généralement construites en remblai, avec une structure plus homogène. Leur conception met l'accent sur l'étanchéité et la stabilité à long terme.
Les principaux mécanismes de dégradation des digues sont complexes et souvent interconnectés. Voici les mécanismes les plus importants :
L'érosion de surface par surverse :
Ce phénomène se produit lorsque l'eau déborde par-dessus la crête de la digue. La surverse peut rapidement conduire à une brèche en érodant le parement de la digue. Le processus commence par l'arrachement des matériaux en pied de digue, suivi de l'imprégnation du corps de la digue, et finalement le glissement de pans entiers du parement saturé d'eau.
L'érosion externe par affouillement :
Ce type d'érosion affecte la base de la digue côté fleuve ou mer. Les courants hydrauliques provoquent une érosion à la base, affaiblissant les caractéristiques mécaniques du corps de remblai et raidissant la pente du talus. Cela peut entraîner des affaissements et des perturbations hydrauliques, menant potentiellement à la formation d'une brèche.
L'érosion interne :
Également appelée "effet de renard hydraulique", cette forme d'érosion est favorisée par la présence de terriers d'animaux ou de canalisations dans la digue. L'eau s'infiltre dans ces passages, créant progressivement des conduits qui peuvent s'élargir jusqu'à provoquer l'effondrement de la structure.
La rupture d'ensemble :
Ce mécanisme implique l'instabilité générale du corps de remblai de la digue. Il peut être causé par divers facteurs, tels que des défauts de conception, des matériaux inadéquats, ou des conditions de charge excessives.
Le glissement
Dans le cas des digues en béton, un glissement d'un ou plusieurs plots peut se produire, entraînant une rupture brutale de l'ouvrage.
Les facteurs aggravants :
- Le vieillissement de l'ouvrage : détérioration naturelle des matériaux au fil du temps
- Les événements naturels extrêmes : Crues exceptionnelles, séismes, tempêtes, ou submersions marines
- Les facteurs humains : Erreurs de conception, insuffisance des études préalables, manque d'entretien, ou malveillance
- Les facteurs biologiques : Présence d'animaux fouisseurs créant des terriers, ou de végétation dont les racines fragilisent la structure.
Il est important de noter que ces mécanismes de dégradation sont souvent interconnectés et peuvent se produire simultanément ou en cascade. Une approche basée sur l'analyse des scénarios de défaillance est recommandée pour une évaluation plus précise et une meilleure gestion des risques liés aux digues.