Pourquoi mettre en œuvre la désimperméabilisation ?
Le dérèglement climatique accentue l’intensité des phénomènes extrêmes partout sur le territoire et en augmente le nombre. Ainsi, les orages violents se multiplient de mai à septembre en parallèle de l’augmentation des températures. Les inondations « éclairs » (par ruissellement) font l’actualité tout l’été tout comme les épisodes de fortes chaleurs, devenant insupportable dans certains centres urbains.
L’hiver n’est pas épargné avec des inondations « lentes », de plaine, également plus nombreuses. En effet, plusieurs records saisonniers de précipitation ont été battus ces dernières années partout sur le territoire.
Ces évènements viennent souligner la faible résilience de nos villes face au dérèglement climatique. La première cause de ce manque de résilience est l’artificialisation des sols, qui continue de progresser chaque année en France de 20 000 à 30 000 hectares. La logique semble implacable : plus des sols propres à absorber les surplus d’eau (pleine terre, jardins, forêts, espaces agricoles, etc.) sont remplacés par des surfaces imperméables (bâtiments, routes, parkings, etc.), plus les inondations sont fortes et dévastatrices. De surcroit, ces sols emmagasinent et rejettent une chaleur difficile à supporter.
Alors que la prise de conscience est en cours, de nombreux territoires commencent aujourd’hui à désimperméabiliser leurs sols. Une mesure efficace à généraliser !
En quoi consiste la désimperméabilisation ?
La désimperméabilisation consiste à rendre aux sols leur capacité d’absorption naturelle, soit en supprimant les surfaces imperméables, soit en les modifiant pour qu’elles laissent passer l’eau.
Plusieurs techniques peuvent être mises en place dans les territoires :
- Réhabilitation des surfaces imperméables : En remplaçant les revêtements traditionnels par des matériaux perméables, tels que les pavés alvéolés ou les enrobés poreux, l’infiltration directe de l’eau dans le sol est favorisée. Certaines surfaces peuvent aussi être remplacées par de la pleine terre.
- Création de zones de végétalisation : Que ce soit sur les toits, les parkings ou les espaces publics, intégrer de la végétation (arbres, arbustes, graminées, etc.) permet non seulement d’absorber l’eau de pluie, mais aussi de créer des îlots de fraîcheur.
- Mise en place de noues paysagères ou de tranchées d’infiltration : les fossés végétalisés en pente douce et les tranchées de gravier collectent les eaux de ruissellement et facilitent leur infiltration ou leur écoulement vers des bassins de rétention.
- Création de bassins ou de jardins pluviaux : Il s’agit de zones en creux, souvent plantées, conçues pour collecter l’eau de ruissellement. Ces zones permettent à l’eau de s’infiltrer lentement dans le sol, filtrant les polluants et réduisant le ruissellement.
L’approche opérationnelle consiste à combiner ces techniques en fonction des spécificités locales, en prenant en compte le type de sol, la topographie et les besoins des habitants.
Quels sont les bénéfices de la désimperméabilisation ?
La désimperméabilisation des sols offre de multiples avantages. En premier lieu, elle joue un rôle crucial dans la réduction des inondations : en augmentant la capacité du sol à absorber l’eau, les volumes ruisselant sur les pentes et vers les réseaux sont diminués, contribuant à protéger les infrastructures et les habitations contre les dégâts. En parallèle, en permettant une meilleure infiltration, les nappes phréatiques, qui sont essentielles pour l’approvisionnement en eau des territoires, sont rechargées.
Aussi, le sol agit comme un filtre naturel : lorsque l’eau s’infiltre, elle est en partie débarrassée de ses polluants. Cette purification profite à toute la biodiversité aquatique et renforce la qualité de l’eau disponible.
Enfin, la désimperméabilisation offre l’opportunité de créer de nouveaux espaces verts. Ces zones végétalisées non seulement offrent des havres de détente et de loisirs pour les citoyens, mais elles favorisent aussi la biodiversité locale. De plus, en milieu urbain, elles jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les îlots de chaleur, rendant les villes plus supportables pendant les périodes de fortes chaleurs.
Quels sont les moyens à mettre en place pour déployer la désimperméabilisation ?
Pour mettre en œuvre la désimperméabilisation, les collectivités ont besoin d’une équipe interdisciplinaire comprenant des experts comme des urbanistes et écologues. L’utilisation de logiciels de cartographie et de drones permet d’analyser les zones à traiter. La mise en place d’ateliers participatifs favorise l’engagement des habitants, et la collaboration avec d’autres entités enrichit la démarche. Enfin, une formation continue assure l’actualisation des compétences des équipes techniques nécessaires au projet.
Quelles sont les étapes à suivre ?
Étape 1 — Évaluation : Cartographiez et évaluez l’étendue des surfaces imperméables dans votre collectivité.
Étape 2 — Consultation : Impliquez les habitants, les experts locaux et les parties prenantes pour déterminer les priorités et les zones d’intervention.
Étape 3 — Formation : Organisez des sessions de formation pour les équipes impliquées dans le processus.
Étape 4 — Planification détaillée : Avec toutes les données en main, élaborez un plan d’action détaillé en définissant les zones à traiter en priorité, les techniques à utiliser et le calendrier des interventions.
Étape 5 — Mobilisation des ressources : Allouez le budget, l’équipement et la main-d’œuvre nécessaires pour les travaux.
Étape 6 — Mise en œuvre et suivi : Démarrez les travaux et établissez un système de suivi pour évaluer l’efficacité des interventions, ajuster les actions si nécessaire et garantir l’entretien des zones réhabilitées.
Comment mesurer la réussite de cette proposition ?
La réussite du projet peut être mesurée par :
- Le coefficient de pleine terre (CPT) : Le coefficient de pleine terre représente la surface effectivement perméable d’un terrain, en tenant compte de la végétation présente.
- Le coefficient de biotope par surface (CBS) : Ce coefficient évalue la qualité écologique d’une zone en fonction de sa superficie. Il prend en compte la diversité des habitats et la présence de différentes espèces.
- La réduction des inondations : en comparant des épisodes de fortes pluies similaires, mesurer la résilience et l’absorption des sols et les niveaux de ruissellement/montée des eaux.