Fascines, branchages, barrières : des dispositifs pour contrer naturellement les phénomènes d’érosion du littoral côtier (50)
Sur la période 2021-2023, la CC Côte Ouest Centre Manche a coordonné une vingtaine de travaux et aménagements sur son littoral pour limiter l’érosion de la bande côtière. Parmi les actions pour empêcher l’érosion naturelle (liée au vent, à la mer) et à l’origine humaine, on retrouve :
- les fascines, installées au pied de dunes, fabriquées avec du bois local,
- de la récupération de branchage qui sont étalés sur le pied des dunes pour capter le sable,
- des pieux hydrauliques pour casser la houle,
- des barrières et plots pour empêcher la fréquentation de tronçons de dunes,
- des ganivelles, pour limiter la fréquentation et capter le sable.
Capter le sable, briser la lame, empêcher la fréquentation permettent de limiter l’érosion des dunes. Ces différentes actions ont bénéficié de l’aide financière et pratique du Département, mais aussi de l’Etat.
Entretien avec Claire Andrieux, responsable GEMAPI de la Communauté de communes Côte Ouest Centre Manche
Ce projet est présenté par :
- Claire Andrieux, responsable GEMAPI de la Communauté de communes Côte Ouest Centre Manche
Claire ANDRIEUX
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Le programme Notre Littoral pour demain a commencé en 2015, et a été finalisé en décembre 2019. 35 actions ont été décidées, 19 sont réalisées, 7 sont toujours en cours et 9 n’ont pas été réalisées. Chaque Communauté de communes se l’est approprié différemment. Je suis arrivée en 2019, lorsqu’il fallait présenter le projet aux élus et le faire valider. À ce moment-là, nous menions des actions régulières, annuelles, sur les demandes d’élus qui nous sollicitaient pour entreprendre des aménagements, comme mettre en place des dispositifs pour empêcher la fréquentation des dunes sur leurs communes par exemple. C’étaient des demandes au coup par coup, un peu désorganisées. J’ai proposé aux élus de décliner la stratégie “Notre littoral pour demain” avec un plan d’actions regroupées sur 3 ans. Le Conseil communautaire a validé notre stratégie locale en 2020. Avec un groupe de travail environnement, composé d’élus volontaires, nous avons composé ce premier plan d’action 2021-2023. Le programme est maintenant achevé, le bilan est écrit, et nous allons le diffuser. Un nouveau plan d’action 2024-2026 a été établi, dans la continuité des actions précédentes.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Notre plan d’actions a été décliné en six axes, en s’inspirant des plans d’actions qui existent déjà, notamment en Nouvelle-Aquitaine : connaissance et conscience du risque, surveillance de l’érosion, alerte et gestion de crise, réduction de la vulnérabilité et des biens, et accompagnements au processus naturel, où l’on retrouve les actions les plus visibles sur le littoral. En Nouvelle-Aquitaine, cela fait longtemps qu’ils font cela, avec une stratégie locale du trait de côte. J’ai trouvé les ressources en ligne.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous n’avons pas fait d’étude d’impact à proprement parler, mais nos projets sont tout de même issus d’études hydrosédimentaires, réalisés à échelle communale. Il y a eu des démarches administratives classiques à entreprendre, comme l’Autorisation d’occupation temporaire du domaine public (AOT), car la plage est un domaine public. Pour définir où placer les fascines, on utilise divers relevés réalisés en interne, par la DDTM ou le Département, des vues aériennes pour bien identifier le recul du trait de côte, les points d’érosion…Nous avons un territoire riche, avec plusieurs sites Natura 2000. Dans certains projets avec des sites classés, il a fallu constituer un dossier complémentaire spécial, ce qui a été directement géré par le Ministère chez nous. Cela peut prendre 6 à 9 mois. La DDTM nous cadre bien sur les espèces protégées et cela ne nous cause aucune difficulté. L’avantage de mener un programme d’actions, c’est justement de regrouper les dossiers et les démarches de demande d’autorisation. Mais cela reste un temps important à consacrer à l’administratif : sur 3 ans, j’y ai passé plus de 200 heures.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
Il faut des bons diagnostics, pour que les citoyens comprennent aussi pourquoi on agit, ou au contraire pourquoi on n’agit pas. Il faut aussi mener ces projets en entretenant le dialogue avec les élus communaux, en fonction de leur volonté. Faire preuve d’adaptabilité. Les élus sont contents de connaître les budgets prévisionnels, les mois où l’on va intervenir ; il faut communiquer. Les levers photographiques sont pratiques et parlants pour les élus, afin de bien voir “l’avant/après”. Nous constatons visuellement le phénomène d’érosion, notre littoral pour demain a vraiment changé le schéma de pensée des élus sur ces projets. Cela a beaucoup évolué dans le bon sens, avec une prise de conscience depuis 10 ans.
Il faut aussi avoir en tête l’importance de l’organisation de ce type de travaux. Entre la consultation et les résultats finaux, il faut compter environ 1 an. Pour travailler sur la plage par exemple, nous sommes très limités en termes de créneaux, car nous sommes un territoire accueillant une part significative (environ 10%) de la population normande de gravelot à collier, espèce protégée qui pond ses œufs sur le sable, de mi-avril à fin août. Nous devons également attendre que les marées d’équinoxe soient passées. En résumé, on n’a souvent que 15 jours par an pour intervenir, du 1er au 15 avril.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous sommes au tout début de notre démarche de communication. Nous avons commencé une concertation en 2022-2023, où les citoyens nous ont communiqué qu’ils aimeraient en savoir plus sur nos actions. Pour les citoyens des communes sur lesquelles nous avons mené une concertation, nous avons réalisé une synthèse papier sur les actions entreprises sur leur commune. Nous avons communiqué plus largement à ce sujet dans les bulletins communautaires. Il y a eu des actions de sensibilisation ; nous avons fait un panneau de sensibilisation en 2023, sur les différents accès du littoral. On essaie aussi d’en parler sur les réseaux sociaux, mais on se demande si cela fonctionne. On s’améliore, petit à petit.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût total du projet et de toutes ces actions, hors masse salariale, est de 439 934,73 euros dont 210 986,21 euros de subventions. Notre financeur majoritaire est l’Etat, avec 135 464,59 euros, suivi du Département de la Manche, qui nous a financé à hauteur de 27 375.82 euros, et de la Région avec le FEDER, à hauteur de 30 477 euros.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Côte Ouest Centre Manche dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
C’est l’Etat notre premier interlocuteur pour les dossiers administratifs, notamment vis-à-vis du Code de l’environnement. Nous sommes aussi en lien avec le Symel et le Conservatoire du littoral qui nous autorisent à travailler sur leurs parcelles. Nous faisons aussi des contrats avec le dispositif Natura 2000, des aménagements pour continuer de protéger ces sites classés.
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Le projet en détails
Dates clés
2015
2019
2020
2021-2023
Chiffres clés
439 934
19
Résultats
- L'avantage d'un tel plan c’est qu’il est essentiel pour organiser des projets qui ont un temps limité d’action.
À retenir
Avec ce programme qui coordonne toutes nos actions selon des axes définis, on sait où on va. Sur l’aspect administratif, cela permet d’organiser mieux mon travail, donner une cadence et orchestrer les consultations auprès des entreprises pour faire des demandes de subventions.
L’efficacité de ces actions est visible, et c’est un grand point positif. Nos études, nos suivis nous apportent de précieuses informations pour la suite. Cela a été bien dimensionné, grâce à cette organisation. Certaines actions ont été abandonnées face à la réglementation, les dossiers complexes, et même l’état de la nature.
Certaines choses gagnent à être améliorées, comme la mobilisation de notre service technique. Mieux connaître notre stock de branchage local, pour pouvoir l’exploiter pour mener nos actions sur le littoral. Mettre également en place un échange commercial avec les agriculteurs, pour récupérer du matériel contre rémunération.
Ressources
Ouest-France - En Centre-Manche, de nouveaux aménagements pour protéger le littoral
La communauté de communes Côte ouest Centre- Manche continue d’œuvrer pour la protection du littoral.
Les partenaires de ce projet
FEDER
Syndicat Mixte des Espaces Littoraux de la Manche
Conservatoire du littoral
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
Données de contact
- Communauté de Communes Côte Ouest Centre Manche , 20 rue des Aubépines 50250 La Haye