À Crépy-en-Valois (60), la nature rend la ville perméable
Depuis 10 ans, Crépy-en-Valois se distingue dans le bassin Seine Normandie par son programme ambitieux de gestion des eaux pluviales. La ville de 15 000 habitants privilégie une approche préventive, où le végétal joue un rôle clé dans la captation de l’eau à la source.
Elle est fière d’avoir abandonné la logique du « tout tuyau » au profit d’une gestion vertueuse et écologique. Terrain de jeux faisant office de bassin d’infiltration naturelle, noue plantée infiltrant les eaux d’un parking, trottoirs sans bordure équilibrant gazon et revêtement pour faciliter le ruissellement…
Ces nouvelles façons de faire, en plus de réduire les coûts, permettent de réintroduire la nature en ville et de la rendre plus perméable. La nature devient un atout majeur, pour absorber l’eau, « là où elle tombe », plutôt que de la recueillir et de la traiter dans les réseaux collectifs de la ville.





Entretien avec Murielle Wolski et Nicolas Inglebert

Ce projet est présenté par :
- Murielle Wolski, 2ème adjointe au Maire en charge du Développement et des aménagements durable
- Nicolas Inglebert, Directeur des Services Techniques de la ville
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Pour quelles raisons ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre commune ?
Il y a deux faits générateurs à l’origine de nos démarches. Tout a démarré il y a plus d’une décennie avec le plan ZÉRO phyto déployé dans la ville. Ces approches plus respectueuses nous ont amenés à prolonger notre engagement sur le terrain en réfléchissant à de nouvelles façons d’appréhender la gestion des eaux pluviales lors de nos travaux d’aménagement. Second facteur, la réalité des faits. Il y a de plus en plus de routes, de surfaces imperméables, de pluies intenses, nous devons trouver des solutions d’avenir pour gérer ces quantités. Généralement, une ville qui se développe envisage ce sujet en réfléchissant au diamètre des tuyaux de son réseau de collecte d’eau pluviale. À Crépy, nous avons souhaité avoir une autre approche. Plutôt que de casser le domaine public pour remplacer les tuyaux, nous demandons au bureau d’étude de nous dire combien d’eau il faut enlever du tuyau actuel. Tout est partie de cette façon d’envisager les choses. Facilitons l’infiltration de l’eau, là où elle tombe. Nous accélérons depuis 5 à 6 ans en désimperméabilisant, en innovant dans nos process, en favorisant la perméabilité et la végétalisation de nos espaces en implantant de nouveaux espaces verts…
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous avons des partenaires historiques : l’association ADOPTA, l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, les syndicats de rivière qui nous ont inspiré des exemples. Mais, même si nous n’avons pas vécu de grandes situations de crise, avec des faits générateurs tels que des crues, des épisodes réguliers d’inondation, nous nous sommes engagés dans cette voie en étant des précurseurs. Forcément, il a fallu se débrouiller un peu pour tester et déployer de nouvelles façons de faire et de penser. Finalement, nous avons dû être inventifs pour déployer nos systèmes et faire les choses le plus simplement et le plus efficacement possible dans l’espace public. Aujourd’hui, on ne fait jamais de travaux de voirie sans intégrer une réflexion sur la gestion des eaux pluviales. Plutôt que de récupérer l’eau pluviale, nous essayons de l’infiltrer là où elle tombe.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Si réglementairement nous sommes obligés de faire une étude, nous allons la faire. Mais généralement, la taille des projets que nous menons ne nécessite pas d’étude de faisabilité, ni d’impact sur l’environnement. Nous nous questionnons pour étudier les faisabilités en fonction du contexte des rues. Est-il pertinent d’infiltrer à cet endroit ? Quelles sont les hypothèses et options annexes ? L’objectif est de lever les doutes au maximum pour faciliter nos prises de décision. Par contre, nous avons appliqué il y a 6 ans, un plan de gestion des eaux pluviales sur l’ensemble de la ville. C’est un véritable zonage des différents secteurs de la ville qui est annexé au PLU et qui s’impose à toutes les opérations, constructions. C’est un outil réglementaire très utilisé pour gérer à la parcelle la gestion des eaux pluviales, en fonction de notre schéma directeur d’assainissement.
Quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
C’est plutôt de l’ordre du savoir être, que du savoir. Pour arriver à la réponse zéro rejet, l’approche des bureaux d’études est de donner une réponse technique à partir d’un calcul (de perméabilité, de volume). C’est une réponse « grise » avec du béton, des bassins, du plastique… Nous voulons gérer les eaux pluviales de la manière la plus naturelle possible : désimperméabiliser, utiliser les propriétés du sol, de la plante, des saisons… Nos questions ne sont pas de l’ordre du calcul. Nous souhaitons retenir l’eau de la manière la plus naturelle possible. Ce savoir être est indispensable pour se remettre en cause et surtout arrêter de se dire qu’il n’est pas possible de faire autrement. C’est difficile car penser différemment n’est pas dans les habitudes.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement et l’adhésion des citoyens ?
Le temps qui passe et les événements nous donnent le sentiment d’avoir raison forcément. C’est toujours du cas par cas, nous sommes dans une phase d’accélération pour déployer nos approches partout où cela est possible dans la commune. Nous organisons des réunions publiques, 2 agents de la ville font des actions de sensibilisation sur le thème de l’environnement. Dans les écoles, lors d’événements organisés en ville ou ailleurs. La gestion des eaux pluviales est un sujet à part entière. Il faut comprendre tous les enjeux induits derrière cette grande thématique. Lorsque les riverains nous voient couper les bordures pour favoriser le ruissellement vers l’espace vert, ils n’ont pas forcément à l’esprit l’idée de la gestion de l’eau pluviale. La communication est un travail très long. Nous devons expliquer mais aussi surprendre comme avec cette opération de distribution des cuves de récupération d’eau de pluie dans toute la ville. Les habitants prennent conscience des enjeux et s’engagent plus naturellement.
Comment le projet a-t-il été financé ?
Nous ne parlons pas d’un projet mais plutôt de multiples aménagements et travaux dans la ville. L’Agence de l’Eau Seine Normandie nous aide énormément sur ces types de projet qui prennent en compte la gestion des eaux pluviales. Nous avons doublé les financements partenaires sur les opérations de voirie. Globalement, nous étions subventionnés uniquement par le Conseil Départemental à hauteur de 30%, nous passons avec l’Agence de l’Eau à 50, voire 60% de financement en fonction des projets. Le reste à charge des travaux est couvert par le budget de la ville.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
L’Agence de l’Eau Seine Normandie, le Conseil Départemental, les associations, syndicats de rivière, la communauté de commune… Nous écoutons, comparons nos résultats avec d’autres collectivités. Nous questionnons le CAUE, nous partageons notre expérience dès que possible avec d’autres collectivités.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2010
2017
2019
2024
Chiffres clés
2
1 500
Résultats
Ces nouvelles façons de faire, en plus de réduire les coûts, permettent de réintroduire la nature en ville et de la rendre plus perméable
À retenir
Le verdissement de la collectivité. Nous plantons, nous aménageons de nouveaux espaces verts et nous constatons une meilleure santé du végétal en ville. Ça contribue à la réduction des îlots de chaleur dans la ville.
La gestion plus durable. Un tuyau devra forcément être remplacé à un moment ou un autre. Il faut l’entretenir, le redimensionner. Un espace vert s’entretient plus facilement.
Faire changer les mentalités pour mener à bien les projets même s'ils ne sont pas chiffrables. Sortir du simple calcul de dimensionnement.
Ressources
Ma ville perméable - Embellir la ville grâce aux eaux pluviales, l'exemple de Crépy en Vallois (60)
Pour progresser dans un esprit d’urbanisation verte et moderne, la ville de Crépy-en-Valois valorise systématiquement ses eaux pluviales là où elles tombent et y prend plaisir ! Le défi devient ainsi une synergie permanente.
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Seine-Normandie

Département de l'Oise
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

ADOPTA
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habitants
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