A Étain (55), la rivière l’Orne a retrouvé son cours naturel
Dans le cadre d’un programme pluriannuel d’entretien et de restauration de l’Orne et des ses affluents, un projet de renaturation de la rivière l’Orne sur un site de baignade en béton à Étain a émergé dès 2014. L’enjeu ? Restaurer la continuité écologique de l’Orne en supprimant cette structure bétonnée et dégradée, améliorer les caractéristiques hydromorphologiques des berges, rétablir la diversité des écoulements de la rivière grâce notamment au reméandrage du cours d’eau. Avec, pour objectif affiché, de développer la biodiversité et la qualité paysagère du site. Un projet qui s’est inscrit sur le temps long pour la communauté de communes du Pays d’Étain puisqu’il aura fallu pas moins de huit ans pour aboutir à sa réalisation.
Entretien avec Jean-Paul Colin et Mathilde Colson
Ce projet est porté par :
- Jean-Paul Colin, vice-président de la communauté du Pays d’Étain en charge de l’environnement
- Mathilde Colson, technicienne rivières, milieux humides et biodiversité
Jean-Paul Colin
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet de renaturation de l’Orne s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Ce site de baignade, formé d’un barrage et de dalles de béton sur les deux rives de la rivière l’Orne, avait été construit en 1959. Situé à proximité des habitations, il fut longtemps prisé par les habitants de la commune d’Étain. Il a été cependant décidé de le fermer au public en 2012 en raison de son état de délabrement et des risques en terme de sécurité pour les personnes. Concernant la réhabilitation, qui couvre une distance de 1,2 kilomètres au delà la seule zone de baignade, une réflexion avait été engagée dès 2014 par la communauté de commune du Pays d’Étain : le projet était déjà de rendre à ce lieu sa fonction originelle. Autrement dit, rétablir la continuité écologique de cette portion de la rivière sur laquelle la circulation des poissons et le transport des sédiments était perturbé. Il s’agissait notamment de reméandrer la rivière ; autrement dit, de corriger les effets du remembrement des années 1970 au cours desquelles, afin de faire bénéficier aux agriculteurs d’une plus grande surface d’exploitation, on autorisait la transformation des cours d’eau en un tracé rectiligne. En conséquence, la rivière connaissait un débit bien trop rapide et les espèces aquatiques ne disposaient plus alors d’espaces d’habitats vivables tandis que, en amont du barrage, l’eau, au contraire, demeurait trop stagnante.
Alors quand, en 2018, dans le cadre de la nécessaire adaptation des territoires vis-à-vis du dérèglement climatique, la communauté de communes du Pays d’Étain a pris en charge la compétence en matière de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi), nous nous sommes rapidement engagés dans ces travaux de restauration écologique.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Une opération de cette nature et de cette ampleur est inégalée sur le territoire de la communauté de communes. Par conséquent, nous nous sommes appuyés essentiellement sur les études préalables menées par les sociétés spécialisées dans leurs domaines respectifs.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Pour mener à bien les travaux, la collectivité a dû obtenir une Autorisation Environnementale (AEnv) couplée à une déclaration d’Intérêt Général (DIG). Ces procédures nécessitent de nombreuses études :
- Enquête publique par un commissaire enquêteur effectuée dans le cadre de l’instruction de l’AEnv et de la DIG, une enquête publique a été réalisée par un commissaire enquêteur.
- Étude écologique réalisée par le Bureau d’études B.E.C qui identifie l’éventuelle présence d’espèces protégées (faune, flore ou habitat) et le cas échéant, met en place des mesures pour éviter, réduire ou compenser l’impact des travaux sur ces espèces.
- Étude archéologique réalisée par l’Institut national de recherche archéologique (Inrap) car les travaux comprenaient beaucoup de terrassement. Or, les études archéologiques obligatoires ont révélé la présence de vestiges, ce qui a entraîné une modification du tracé initialement envisagé.
- Étude hydraulique réalisée par le bureau d’étude Gestion Hydro étant donné que les travaux se déroulaient à proximité directe de la commune d’Étain et donc de zones urbanisées, une étude hydraulique a été réalisée afin de vérifier que les opérations prévues n’avaient pas d’impact sur l’inondabilité de la zone.
- Étude géotechnique réalisée par le bureau d’étude GéoTech : en raison de la nature du site (construction humaine), une étude géotechnique a été nécessaire afin de juger de la stabilité des sols et des ouvrages impactés par les travaux.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Les compétences nécessaires sont multiples : écologique, hydraulique et géotechnique….Et pour certaines, elles ne s’arrêtent pas une fois les travaux terminés. Ainsi, l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse (AERM) a réalisé dans un premier temps un relevé d’état initial de l’hydromorphologie du site et de sites témoins (en plus des suivis de l’indice Biologique Macrophytes en Rivière). Ces relevés servent désormais de base à un suivi d’étude du site, piloté par l’AERM, pour une période de 10 ans post-travaux.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Une phase de concertation locale a été indispensable pour travailler en collaboration avec les riverains, et surtout avec les propriétaires et exploitants directement concernés par les travaux. Cela est passé par de nombreuses communications et des réunions publiques. Pour assurer la bonne réalisation des travaux, la collectivité a racheté et indemnisé les agriculteurs propriétaires des terrains adjacents, soit au total 3,11 hectares.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
L’enveloppe totale, de la conception à la finalisation, s’élève à 650 000 € TTC. L’ensemble du montant a été financé à hauteur de 80% par les partenaires suivants : Agence de l’Eau Rhin Meuse (50%), Région Grand Est (20 %), Conseil départemental de la Meuse (10 %).
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la communauté de communes dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
- Commune d’Etain
- Agence de l’eau Rhin Meuse
- Direction départementale des territoires de la Meuse
- Office français de la biodiversité
- Département de la Meuse
- Région Grand Est
- Institut national de recherche archéologique (Inrap)
- Sinbio, maître d’œuvre
- SW Environnement, entreprise en charge des travaux
- Gestion Hydro (étude hydraulique)
- Fédération de pêche
- Agriculteurs riverains de la zone de reméandrage
- Association de pêche locale
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Le projet en détails
Dates clés
2014
2012-2014
2014-2019
2019-2022
Chiffres clés
2008
650 000
1 200
À retenir
Le paysage est amélioré, ce qui apporte un cadre de vie agréable pour les habitants de la communauté
Retard des travaux suite aux intempéries
Secteur plus propice au développement d'une biodiversité
Les partenaires de ce projet
Commune d'Etain
Agence de l'Eau Rhin Meuse
Office Français de la Biodiversité
Région Grand Est
INRAP
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
SINBIO
SW Environnement
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Données de contact
- Communauté de communes du Pays d'Etain, 29 Allée du Champ de Foire, 55400 Étain