L’Aquatis, un centre aquatique écoresponsable à Fougères (35)
Ouvert en 2011, le Centre aquatique L’Aquatis à Fougères en Ille-et-Vilaine est l’une des plus grosses infrastructures de son secteur dans l’Ouest. Près de 220 000 visiteurs s’y baignent chaque année, adeptes des 7 bassins intérieurs et extérieurs, ouverts 351 jours par an.
Soucieux de l’argent public et de son environnement, son directeur initie dès 2013 une démarche de sobriété visant à économiser sur l’ensemble des postes de flux, à commencer par l’eau, et ce, sans sacrifier sa mission de service public qui est d’apprendre à nager.
Résultat, en quelques années, la consommation annuelle d’eau passe de 26 000 m3 pour se stabiliser aujourd’hui à 14 000 m3. L’ensemble des efforts consentis a été récompensé en 2023 de 4 étoiles par le label Piscine de demain, le plus haut score attribué à ce jour en France. Les 5 étoiles sont dans le viseur !





Entretien avec Nicolas Foll, directeur du Pôle Sport/Loisirs et du centre aquatique L’Aquatis – Fougères Agglomération

Ce projet est présenté par :
- Nicolas Foll, directeur du Pôle Sport/Loisirs et du centre aquatique L’Aquatis – Fougères Agglomération
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la réduction de la consommation d’eau s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Dès 2013, deux ans après l’ouverture de L’Aquatis, nous avons dénoncé le contrat de prestation de maintenance pour embaucher un responsable technique et renforcer notre équipe. Nous avons initié un plan d’optimisation des flux d’eau, d’air et énergétiques, que nous avons mis en œuvre par phase. Avec une consommation de 26 000 m3 par an, l’eau est le premier poste sur lequel nous nous sommes penchés.
Réutiliser le plus possible pour rejeter le moins possible a été notre fil conducteur sans déroger à la loi qui nous impose de rejeter chaque jour et par bassin 30 litres d’eau par baigneur. Je précise qu’il s’agit d’une eau chauffée filtrée sur sable de qualité proche de l’eau en bouteille. Nous avons décidé de la réutiliser dans les pédiluves et pour le lavage des 14 filtres des bassins.
La deuxième action a été d’installer des lampes UV pour casser les molécules de chloramine (la fameuse odeur de piscine irritante pour la peau et les yeux) et respecter les 0,6 mg par litre d’eau imposé, sans recourir à la dilution (apport d’eau neuve à réchauffer et à traiter) . Enfin, nous avons monitoré tous les équipements, bassins, douches, pédiluves, sanitaires, circuit de chauffage… pour mieux contrôler les débits. Résultat : notre ratio litre/baigneur/an est tombé à 72 (bassin, sanitaire, douche, lavage et vidange) quand la moyenne des piscines françaises s’inscrit entre 80 et 120 en France. Mon but est de descendre à 60 ! C’est possible.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
A partir des objectifs que nous nous fixons, nous réfléchissons avec mon équipe à la manière de les atteindre. Certaines actions ne nécessitent aucun investissement financier. Des solutions qu’on peut appeler low-tech, je suis allé en recueillir auprès d’anciens directeurs de piscine de l’époque où le système D était un peu la norme. J’échange aussi fréquemment avec mes collègues d’autres centres aquatiques, je lis la presse spécialisée et je suis actif sur les réseaux sociaux. Dès qu’il se passe quelque chose, je suis vite informé.
Des entreprises me contactent aussi pour tester de nouveaux systèmes. Je vais visiter ce qui est installé ailleurs. Quand ça marche, je partage. Je suis aussi très présent au sein du réseau « La piscine de demain » qui regroupe près de 200 professionnels du secteur. Il organise des colloques, des journées régionales auxquels j’assiste pour rencontrer des prestataires.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
En toute franchise, L’Aquatis est un mauvais client pour les bureaux d’études. Notez que nous ne nous l’interdisons pas : nous avons actuellement un projet photovoltaïque sur lequel nous avons missionné des experts. C’est vrai que j’ai une équipe technique compétente et passionnée, composée d’un responsable technique, électromaticien, capable de câbler un automate et de faire de la maintenance industrielle, et d’un plombier-chauffagiste.
J’ai des compétences d’industrie en fait. Plus de 80 % de nos interventions techniques sont assurées en interne.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Quand nous avons initié ce plan d’optimisation, nous n’avons pas investi d’argent, « seulement » du temps et des compétences. Par exemple, chaque matin, l’équipe technique débute sa journée par une ronde sur les 3 000 m2 de locaux techniques en sous-sol pour voir et écouter si tout va bien, si les clignotants sont verts, rouges ou oranges et si, à l’oreille, on n’entend pas une pompe ou un roulement qui fait un drôle de bruit. Ils relèvent également tous les débits qu’ils intègrent après, dans un simple tableau Excel.
Notre plus-value est de faire parler ces data collectées quotidiennement depuis plus de dix ans, en les comparant avec les semaines, les mois, les années précédents, puis d’interroger, d’analyser les écarts pour comprendre leurs significations. C’est du pilotage. Je rapporte ces informations aux élus. Je suis à leur service, mon rôle est de proposer des options qu’il valide ou non. J’ai une commission, un vice-président, c’est simple et direct.
La boucle de décision est rapide ce qui nous permet d’être réactifs. Nous l’avons démontré pendant la période de la crise sanitaire et énergétique.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous avons beaucoup communiqué en 2021-2022 avec la crise énergétique, pour répondre aux différentes interpellations dont L’Aquatis a fait l’objet, par e-mails et par courriers. La population nous demandait notamment pourquoi le bassin ludique restait à 32° quand les autres piscines ne les chauffaient qu’à 24°. Évidemment, nous avions les réponses puisque nos initiatives depuis 2013 s’inscrivent dans une démarche de développement durable.
En mai 2023, nous avons même été récompensés de quatre étoiles par le label Piscine de demain (qui en compte cinq), le score le plus élevé attribué à ce jour en France. Cette sobriété, nous communiquons régulièrement dessus auprès de tous.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
L’investissement total sur 10 ans est de 250 000 euros, entièrement autofinancés par les recettes du centre aquatique et le budget de l’agglo. Les premières actions engagées, comme je le disais précédemment, n’ont pas nécessité d’investissement, juste des frais de fonctionnement et de la gestion en interne. Les premières économies réalisées ont généré de la capacité d’autofinancement qui nous permet de réinvestir avec pour objectif de continuer à faire des économies : on est dans un cercle vertueux (près de 2,3 M€ cumulés depuis 2013).
Cette année pourtant, nous sommes au bout de ce système. Il nous faut investir : le budget demandé et en attente de vote est de 125 000 € pour poursuivre notre plan d’optimisation.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2013
2022 - 2023
2024 - 2025
Chiffres clés
250 000
- 12 000
72
Résultats
Le ratio litre/baigneur/an est tombé à 72 (bassin, sanitaire, douche, lavage et vidange) quand la moyenne des piscines françaises s’inscrit entre 80 et 120 en France.
Une consommation sobre et respectueuse pour l’environnement et des économies substantielles compte-tenu de l’augmentation du prix du m3 d’eau : de 9 € le m3 d’eau traitée, chlorée, chauffée et filtrée 24/24, il est passé après 2020 à 15/18 € le m3
À retenir
Des compétences internalisées, forces de proposition
Un pilotage et une gestion au plus juste au profit d’un modèle éco-durable pertinent et répliquable
Un dialogue complexe entre les services de l'État d’une part, en raison de normes très restrictives et parfois excessives (coûteuses en ressources) et des impératifs de sobriété et de préservation des ressources, d'autre part.
Ressources
L’Aquatis de Fougères récompensé de quatre étoiles pour sa démarche environnementale
Le centre aquatique de Fougères a été récompensé par le label Piscine de demain pour ses initiatives en matière de développement durable.
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- Parc d’activités de l’Aumaillerie 1, rue Louis Lumière 35133 La Selle-en-Luitré
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