Restauration écologique d’un bras de Meuse réussie à Saint-Mihiel (55)
A Saint-Mihiel, dans la Meuse, les vestiges d’aménagement sur un bras de dérivation du fleuve homonyme destinés à alimenter un moulin (une ancienne malterie) nécessitaient des travaux afin de restaurer la continuité écologique, tant piscicole que sédimentaire, du cours d’eau. Aussi, en accord avec le propriétaire des parcelles adjacentes au bras de la Meuse sur le site dit de Chatipré, il a été préconisé par l’Epama de supprimer le vannage et de restaurer les berges par des techniques de génie végétal. Les travaux, dont l’Epama a été le maître d’ouvrage pour le compte de la communauté de communes du Sammiellois, ont également consisté en l’aménagement de banquettes végétalisées, permettant ainsi de réduire les surlargeurs observées lors des basses eaux. Désormais, en période d’étiage, ce site ne risque plus de devenir une nasse pour les poissons piégés dans des trous d’eaux et permet également d’assurer un meilleur franchissement piscicole à la montaison. Enfin, l’endroit, prisé par les pêcheurs et promeneurs, bénéficie d’une passerelle restaurée tandis que l’écoulement naturel du bras du fleuve, débarrassé des anciens remous générés par les seuils, assure aujourd’hui une plus grande sécurité pour les baigneurs.
Entretien avec Jean-François VALLOIRE et Grégory STEPHAN
Ce projet est porté par :
- Jean-François Valloire, vice-président de la communauté de communes du Sammiellois en charge de la commission hydraulique
- Grégory Stephan, chef de projet restauration/renaturation de cours d’eau à l’Epama-EPTB Meuse
Jean-François Valloire
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet de restauration écologique de la Meuse s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
C’est l’Epama-EPTB (Etablissement public territorial pour l’aménagement de la Meuse et de ses affluents), qui a porté et proposé un programme de restauration de ce cours d’eau suite à l’étude globale intitulée « Etude globale Meuse médiane » menée en 2007 par ses services. A l’issue de cette étude, cette structure en a présenté les résultats aux différentes collectivités concernées par des actions. Pour la commune de Saint-Mihiel (4186 habitants), il s’agissait notamment de l’aménagement du site de Chatipré, qui est par ailleurs particulièrement apprécié par les pêcheurs, randonneurs et baigneurs. Cependant, en raison de la présence de seuils (anciens bâtis en travers du bras de Meuse afin de canaliser l’eau en direction d’un moulin) et d’anciens vannages, l’endroit posait non seulement un problème d’écoulement et de préservation écologique mais aussi de sécurité pour les personnes. Sous l’effet du courant, la Meuse avait notamment creusé une fosse de 4 à 5 mètres de profondeur sous une dalle de béton, ce qui était particulièrement dangereux pour les baigneurs. Résultat, la suppression du vannage, associée à la renaturation de 200 m de bras a permis de rétablir un écoulement sans obstacle et un fonctionnement dynamique.
Cette intervention redonne clairement aujourd’hui, sur 760 m de long, un intérêt écologique à cette zone pour différentes espèces du milieu aquatiques (poissons, odonates, mollusques,…) Enfin, en vue de réaliser cet aménagement, la communauté de communes du Sammiellois, détentrice de la compétence Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), a souhaité déléguer à l’Epama, en 2019, la mise en application de cette action sur le territoire de la commune de Saint-Mihiel.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Comme déjà évoqué, nous avons été largement épaulé par l’Epama. Le projet, basé sur l’étude globale Meuse médiane, s’inspire directement de l’ensemble des données scientifiques concernant la restauration des cours d’eau et plus spécifiquement ce qui a trait à la restauration de la continuité écologique. L’enjeu étant d’assurer la continuité piscicole et sédimentaire des lieux. Il s’agissait notamment de faire disparaître les remous générés par la présence de ces seuils afin de laisser place à des habitats d’eau courante davantage propice à la présence et au déplacement d’espèces aquatiques (poissons, mollusques…).
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, un ensemble d’investigations complémentaires, visant à évaluer les impacts du projet a été réalisé dans les domaines suivants : topographie, bathymétrie (science et technique de mesure de la topographie des océans ou de cours d’eau), piézométrie (mesure de profondeur de la surface de la nappe d’eau souterraine), géotechnie (étude la la nature des sols et des roches), pédologie (étude des caractères physiques et chimiques des sols) et inventaires écologiques (faune/flore).
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Les compétences ont porté essentiellement sur les domaines de l’hydraulique fluviale, l’hydrologie et l’hydromorphologie des cours d’eau. Ensuite, pour la gestion technique des projets, il convenait d’assurer le suivi des investigations complémentaires et le suivi de chantier. Enfin, sur le plan de la gestion administrative des projets, il convenait de maîtriser les règlements des marchés publics, des finances publiques et assurer la gestion des différents financeurs.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Lors de cette phase, les moyens de communication mis en œuvre par l’Epama ont été les suivants :
- Réunions de comité de pilotage du projet
- Réunions de comité techniques du projet
- Réunions de concertation sur site
- Rencontres avec le propriétaire du site deux bordures à Chatipré (en raison du caractère privé des lieux, nous avons dû mettre en place une procédure afin de réaliser une déclaration d’intérêt général indispensable pour intervenir sur un site non public).
- Réalisation d’une enquête publique avant travaux
- Publication sur le site internet de l’Epama
- Communication via la presse
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le projet a présenté la particularité d’être éligible à un Contrat Plan Etat-Région (CPER) qui a permis notamment à l’Epama, et donc à la communauté de communes, de pouvoir déroger à l’obligation d’un autofinancement à hauteur de 20% du montant total des travaux. En effet, l’Epama a obtenu via ce CPER un financement du projet à hauteur de 95%. Cependant, il faut savoir que ces dispositifs de type CPER n’existent plus aujourd’hui.
Le coût total de la phase travaux de l’opération s’est élevé à 351 184 Euros TTC.
Elle a été financé pour 78% du montant global par l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse soit un montant de 273 923 Euros TTC. Ensuite le Feder (Fonds européens de développement régional) a contribué pour 10 %, soit 35 118 Euros TTC ; la région Grand Est pour 5 %, soit 17 559 Euros TTC ; la communauté de commune du Sammiellois pour 5%, soit 17 560 Euros TTC et le conseil départemental de la Meuse pour 2 % soit 7 024 Euros TTC.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la communauté de communes du Sammiellois et l’Epama dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Les autres acteurs du projet sont :
- La commune de Saint-Mihiel
- Le propriétaire du site
- Le Maître d’œuvre
- L’entreprise Calin SA qui a assuré le terrassement et le Chantiers du Barrois pour le volet végétal et la réalisation des banquettes.
- La Direction départementale des Territoires de la Meuse (Police de l’Eau)
- La Fédération de pêche de la Meuse
- L’Office Français de la Biodiversité
- L’Association locale de canoë-kayak
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Le projet en détails
Dates clés
2007
2010
2019
2021 à 2022
Chiffres clés
351 184
200
18
Résultats
- Le fait d’avoir décloisonné le bras du fleuve a favorisé le retour d’un transport sédimentaire qui n’existait plus avant les travaux
À retenir
Le paysage est beaucoup plus agréable
Plusieurs pêcheurs ont affirmé que l'endroit était devenu plus attractif compte tenu de la granulométrie intéressante
Un défaut de conception à engendré une érosion du fond du lit ce qui à provoque la nécessité de disposer des blocs rocheux pour ralentir le phénomène
Les partenaires de ce projet
Commune de Saint-Mihiel
La Direction départementale des Territoires de la Meuse (Police de l’Eau)
Fédération de pêche de la Meuse
Office Français de la Biodiversité
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
Calin SA
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Nombre d'habitants
Données de contact
- Communauté de communes du Sammiellois Place des Moines, Saint-Mihiel, 55300