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Dans la Vallée des Baux (13), les eaux usées traitées irriguent oliviers et amandiers

L’eau est une ressource rare. Les Assises de l’Eau de 2019 ont fixé l’objectif de réduire de 25 % les prélèvements d’eau en quinze ans. L’irrigation demeure cependant indispensable à l’agriculture.

Forte de ce constat, la Communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles a initié un projet de réutilisation de ses eaux usées traitées (REUT). Depuis le printemps 2024, quatre parcelles de vergers d’oliviers et d’amandiers aux Baux-de-Provence sont irriguées par des eaux usées traitées au moyen d’un filtre à sable et d’une lampe UV. L’eau est stockée dans une bâche de 10 m3 et acheminée chaque semaine par tracteur sur les parcelles. Un suivi étudie les impacts de l’apport de ces eaux usées sur les sols et les plantes, les fruits et les produits transformés. À terme, 250 hectares d’oliviers et d’amandiers pourraient bénéficier de cet arrosage plus durable.

Entretien avec Hervé Chérubini et Julien Sat

Parole de collectivité
Julien Sat et Hervé Chérubini - Crédits photo : Banque des Territoires
Gestion quantitative de la ressource

Ce projet est presenté par :

  • Hervé Chérubini, président de la Communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles
  • Julien Sat, directeur adjoint du service des eaux de la Communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles
Ce projet de REUT s’est apparenté à de vraies montagnes russes. Nous avons dû lever des obstacles techniques et réglementaires. Nous sommes conscients que, sans actions volontaristes, l’agriculture sera menacée par le manque d’eau. L’expérimentation REUT ne s’apprécie pas seulement à l’échelle de notre territoire. En tant que pionniers, nous espérons être source d’inspiration.

Hervé Chérubini

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet de la REUT s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Hervé Chérubini – La Communauté de communes a commencé à réfléchir à la REUT dès 2019. Nous étions conscients que la ressource en eau se raréfiait et que les épisodes de sécheresse allaient s’intensifier. En 2022, la sécheresse s’est avérée particulièrement sévère. La préfecture a interdit l’arrosage des espaces verts et soumis les agriculteurs à des contraintes très fortes. Nous étions conscients de l’urgence et de l’intérêt de la REUT. En revanche, la concrétisation du projet s’est avérée être un parcours du combattant en raison des contraintes techniques, environnementales et surtout réglementaires.

 

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Julien Sat – Nous nous sommes renseignés sur les expérimentations menées, en France, sur la REUT. Certaines communes d’Occitanie ou du Luberon l’utilisent pour la vigne ou l’agriculture. Notre expérimentation est inédite en ce qui concerne les oliviers et les amandiers, des arbres aux contraintes bien spécifiques. Notre retour d’expérience devrait donc intéresser de nombreuses collectivités, notamment en Provence.

 

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Julien Sat – Oui. Dès 2019, nous nous sommes rapprochés de la Société du canal de Provence qui a réalisé l’étude de faisabilité et d’acceptabilité. Initialement, l’étude portait sur trois stations d’épuration : Aureille, Mouriès et Maussane.  Sur Aureille, le débit d’eau n’était pas suffisant ; à Mouriès, la zone d’expérimentation était située en limite d’un territoire de chasse privée, ce qui générait des contraintes. La décision a donc été prise de nous concentrer sur la station de Maussane afin d’irriguer la plaine d’Entreconque. À terme, ce sont 250 hectares d’oliviers, d’amandiers et de vigne qui pourraient être irrigués grâce aux eaux usées traitées.

 

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans la REUT ?

Hervé Chérubini – Un tel projet requiert avant tout une volonté politique. Les élus de la CCVBA, qui compte dix communes pour 30 000 habitants, ont voté unanimement en faveur de l’expérimentation. L’adhésion des agriculteurs est également un prérequis. Nous avons bénéficié du soutien de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, du Centre Technique de l’Olivier et plusieurs agriculteurs se sont rapidement portés volontaires. La Société du canal de Provence a joué un rôle important pour la partie technique, en nous permettant d’identifier les solutions possibles, aussi bien pour le traitement des eaux usées que son stockage et sa répartition sur les parcelles.

 

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Hervé Chérubini – Nous sommes restés modestes pour mener à bien l’expérimentation. Celle-ci ne porte que sur quatre parcelles, alors même que nous espérons irriguer, à terme, 250 hectares au moyen des eaux usées traitées. Cette phase d’expérimentation est essentielle, car personne n’a jamais testé les impacts de cette irrigation atypique sur les plantes. Pendant trois ans, la qualité de l’eau, des sols et de l’irrigation sera étudiée de près avant d’envisager un déploiement plus large sur les exploitations. Des sondes ont également été installées afin de connaître la juste quantité d’eau à apporter en fonction de l’état de sécheresse des sols. Les fruits issus de ces cultures ne seront pas consommés, mais analysés dans le cadre de l’expérimentation. Nos huiles d’olive possèdent un AOP qui nous impose de respecter un cahier des charges drastique. Nous ne pouvons pas faire n’importe quoi !

 

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Hervé Chérubini – Le coût de l’expérimentation s’établit à 300 000 euros pour trois ans. Nous avons obtenu 80 % de subventions de l’Agence de l’eau, du Département et de la Région. Sur les 20 % restants à la charge de la CCVBA, une partie a été financée par la Société du Canal de Provence.

 

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la CCVBA dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Hervé Chérubini – Outre nos financeurs, nous avons pu nous appuyer sur deux partenaires essentiels, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et la Société du Canal de Provence. Le Centre technique de l’olivier nous a aussi accompagnés sur le volet technique, sa connaissance de cette espèce étant un atout majeur.

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Le projet en détails

Dates clés

2019

Mise à l'agenda

6 mai 2024

Arrêté préfectoral autorisant l’expérimentation de la REUT

2024-2026

Expérimentation

Chiffres clés

300 000

euros pour l'expérimentation

250

Hectares irrigués à terme

80 000

m3 d'eau potable économisés par an à terme

Résultats

  • Ce projet a reçu l’adhésion des élus et des agriculteurs.

À retenir

Nous avons prouvé qu’il est possible d’utiliser des eaux usées traitées pour l’agriculture.

Nous sommes parvenus à trouver des solutions techniques qui semblent fonctionner et qui pourront inspirer d’autres collectivités.

Les difficultés réglementaires ! Nous sommes parvenus à obtenir, le 6 mai 2024, un arrêté préfectoral autorisant cette expérimentation, mais cela s’est avéré bien compliqué. La France est en retard sur ce sujet. En Israël ou en Espagne, la REUT est beaucoup plus utilisée, avec des résultats positifs.

Ressources

Communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles

Inauguration de la REUT sur une parcelle des baux

Arrété préfectoral - Préfet des Bouches-du-Rhône

La Communauté de Communes Vallée des Baux Alpilles (CCVBA), ci-après dénommée le bénéficiaire

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

Société du Canal de Provence

Centre Technique de l'olivier

Données de contact

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