Des mares forestières pour préserver le triton crêté dans le marais de saône (25)
En 2017, le syndicat mixte du Marais de Saône (SMMS) a répondu avec succès à l’appel à projets « Eau et biodiversité » lancé par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse. Ce projet ambitieux visait à restaurer et densifier le réseau de mares du marais de Saône, une zone humide d’environ 800 hectares classée Espace Naturel Sensible (ENS) par le département du Doubs (25).
Ses objectifs ? Créer un corridor écologique entre deux populations existantes en creusant 5 mares forestières pour préserver le Triton crêté, une espèce patrimoniale en déclin. Cinq mares ont été creusées permettant un retour rapide de la biodiversité et une amélioration de la qualité de l’eau.






Entretien avec Arielle Delafoy, chargée de mission milieux naturels au Syndicat Mixte du Marais de Saône et du bassin versant de la source d'Arcier.

Ce projet est présenté par :
- Arielle Delafoy, chargée de mission milieux naturels au Syndicat Mixte du Marais de Saône et du bassin versant de la source d’Arcier.
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
En 2017, nous avons remporté l’appel à projets « Eau et biodiversité » de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Celui-ci se composait de 2 sous-projets : celui des mares que nous avons porté et la réouverture de milieux porté par la Fédération de chasse.
L’enjeu, pour nous, était de densifier le réseau de mares du marais de Saône pour permettre au Triton crêté, une espèce patrimoniale protégée, de connecter deux populations qui sont déjà existantes et de créer un corridor écologique en creusant cinq mares qui participent à la préservation et à l’amélioration de la qualité de l’eau.
Fortement liée à la disparition ou à la dégradation des mares forestières, la population de Triton crêté, d’intérêt européen, décline. C’est l’un des plus grands tritons français, il vit dans les mares et les petits plans d’eau et c’est également un bio-indicateur. Sa présence confirme une bonne surface de milieu humide fonctionnelle.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire
une idée de ce projet ?
La densification de mares est quelque chose de courant dans la gestion des milieux naturels. L’objectif étant d’améliorer la qualité d’habitat du triton crêté, nous avons fait de nombreuses recherches, notamment sur le type de mare dont il avait besoin, leur nombre et leur emplacement.
Chacune des mares fait un mètre de profondeur d’eau, 3 mètres en fond de mare, et dispose d’une surface en eau d’environ 40 m2 avec une diversité au niveau des berges. Celles-ci, plutôt abruptes sur le côté sud-ouest sont plus douces côté nord, pour que la végétation puisse se mettre en place naturellement et créer des refuges, des habitats pour les espèces. Aujourd’hui, la Laîche des Marais, les Iris ou encore la Menthe poussent naturellement.
La vie est apparue très rapidement et la chaîne alimentaire s’est mise en place. Nous avons identifié une larve de triton, mais nous n’avons pas pu identifier son espèce. Les mares sont aujourd’hui occupées également par les amphibiens, notamment la grenouille agile.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Tous les 2 ans, nous effectuons des suivis de la faune patrimoniale, et surtout sur les tritons. Nous savions qu’il y avait deux populations de part et d’autre d’une grande zone de bois potentiellement intéressante pour cette espèce.
Le Syndicat Mixte du Marais de Saône a donc fait l’acquisition de trois grandes parcelles entre ces deux populations. Après sur place, nous avons mené des prospections de terrain et utilisé les analyses du Lidar (cartographie topographique de haute précision) pour localiser les secteurs propices à l’implantation de mares forestières, des zones basses, avec une couche argileuse permettant de maintenir l’eau toute l’année.
Ensuite, à l’aide d’un chenillard, un engin adapté à ces milieux, et d’un godet l’entreprise a creusé les 5 mares. Nous sommes intervenus en fin d’été, début d’automne pour tenir compte des cycles biologiques des espèces et limiter l’impact sur celles-ci.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Tout d’abord, il est essentiel de bien connaître les espèces, le site et sa topographie, de même que le type de sol qu’on a sous les pieds. Ce sont des compétences dont nous disposons en interne.
Nous avons créé un balisage dans les 2 sens, l’endroit est très difficile d’accès et ne peut pas être trouvé sans une bonne connaissance du terrain.
Le syndicat va programmer des relevés d’ADN prochainement pour connaître précisément les espèces qui utilisent les mares. En effet, bien que nous organisions des suivis avec des nasses, sans impact pour la faune, ce sont des observations à l’instant T. L’étude ADN nous fournira des données plus précises. Il s’agira de collecter
20 échantillons d’eau pour une mare. Les résultats, fournis par le laboratoire, nous permettront de lister toutes les espèces d’amphibiens présentes sur les sites.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Le syndicat est propriétaire de 10% du marais de Saône, et c’est sur ces parcelles que nous avons construit les mares, ce qui facilite aussi les choses. Nous avons mené des réunions, entre techniciens et avec l’agence de l’eau.
Nous avons communiqué avec la fédération de chasse parce que les marais sont chassables et que nous avons porté le projet avec eux.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le projet a coûté 17 000 € répartis comme suit : 10 000 € des travaux et 7 000 € de temps agent. L’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (AERMC) a participé à 80 % sur la partie travaux tout le reste étant de l’autofinancement.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Le Syndicat mixte du marais de Saône a fait appel à la société Jura Natura Service pour la création du réseau de mares forestières.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2017
2017
2018
Automne/Hiver 2018
Chiffres clés
800
5
17 000
À retenir
Les mares sont en eau pratiquement tout au long de l'année.
Au bout d'un an, il y avait déjà de la vie.
L'accès au site car il faut compter une bonne demi-heure de marche dans un milieu difficile (Végétation haute, des racines, des drains…), ce qui nous complique la tâche pour les suivis. Mais cela garanti la tranquillité de la faune.
Ressources
Le Marais de Saône prêt à accueillir le retour d’espèces patrimoniales
Le Marais de Saône, une zone humide de 800 hectares près de Besançon, a fait l'objet d'importants travaux de restauration écologique. Ces aménagements visent à améliorer la qualité de l'eau et à favoriser le retour d'espèces patrimoniales
Tritons et papillons réinvestissent le Marais de Saône
Le Marais de Saône, une zone humide classée Espace Naturel Sensible près de Besançon, a retenu de travaux de restauration écologique. Ces interventions visent à favoriser le retour d'espèces menacées et à améliorer la qualité de l'eau potable pour 55 000 habitants.Les actions principales comprennent : La création de nouvelles mares forestières pour les amphibiens, et La réouverture de milieux pour le damier de la succise, un papillon protégé.
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Rhône-méditerranée-corse
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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