L’Isle-sur-la-Sorgue (84) : 10 ans pour contrer les inondations pluviales
Les phénomènes météorologiques intenses sont de plus en plus fréquents, générant des catastrophes naturelles, dont font partie les inondations. Depuis 2011, la mairie de l’Isle-sur-la-Sorgue déploie un plan sur vingt ans pour contrer les effets des inondations pluviales, notamment dans le quartier de Saint-Antoine, 3 000 habitants, régulièrement impacté. Par chance, il n’y a jamais eu de victimes, mais certains habitants voyaient leur rez-de-chaussée inondé plusieurs fois par an. Un plan ambitieux d’un budget de 6 millions d’euros que la commune finance elle-même, faute de subventions. Les premières étapes témoignent déjà d’impacts positifs et d’une forte adhésion de la population. La mairie s’est entourée d’experts pour réaliser l’état des lieux et définir les solutions techniques. Des travaux d’importance se déploient par phase, afin de tenir compte des contraintes budgétaires mais aussi foncières. Ils consistent principalement dans la création et le redimensionnement des réseaux et la création de grands bassins de rétention. Les effets bénéfiques se sont faits sentir dès la première année.
Entretien avec Denis Serre, 1er adjoint en charge de l’environnement, de l’agriculture, du pluvial et des catastrophes naturelles
Ce projet est présenté par:
- Denis SERRE, 1er adjoint en charge de l’environnement, de l’agriculture, du pluvial et des catastrophes naturelles.
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la prévention des inondations s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Ce n’était pas un choix, mais une conséquence de l’augmentation des phénomènes météorologiques sévères. Ces dernières années, les orages sont devenus de plus en plus violents, impactant particulièrement le quartier de Saint-Antoine. En effet, au regard de la pente, l’eau ruisselle, n’est pas absorbée par les sols et finit par inonder rez-de-chaussée et garages. L’urbanisation importante des dernières décennies ne s’est pas accompagnée d’un redimensionnement des réseaux et l’artificialisation des sols aggrave le phénomène.
Nous avons pris conscience de la nécessité d’agir dès 2017 dans ce quartier
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous avons réuni un groupe de travail et nous nous sommes rapprochés de la communauté de communes Pays des Sorgues Monts de Vaucluse.
Nous avons capitalisé sur notre expérience. Nos équipes d’astreinte maîtrisaient déjà les bons gestes, nettoyant ruisseaux et grilles avant les épisodes orageux.
Mais cette expertise ne nous semblait pas suffisante, aussi, nous nous sommes entourés de bureaux d’études spécialisés.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui. Les études ont constitué une part importante du projet. En 2011, nous avons fait réaliser une étude complète, avec un diagnostic et des préconisations, par la société SOGREAH. Cet état des lieux s’est avéré précieux et a constitué une base de travail. En 2019, nous avons travaillé avec le cabinet spécialisé SAS Acri In pour établir le schéma directeur de gestion des eaux pluviales pour Saint-Antoine. Nous nous sommes également appuyés sur l’expertise du syndicat mixte bassin de Sorgues qui est en charge de la gestion de la rivière.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
Il n’est pas possible de posséder toutes les compétences, c’est la raison pour laquelle il est important de se faire accompagner, surtout dans les petites communes. Les études nous ont permis d’objectiver un certain nombre de constats empiriques.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous avons accordé une place importante à la communication. Surtout, nous avons travaillé de concert avec l’association SADE, constituée d’habitants de Saint-Antoine, association qui compte 600 adhérents. Il était important d’obtenir l’adhésion des principaux intéressés.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Notre projet de prévention des inondations s’étend sur vingt ans. L’année 2019 a été consacrée aux études pour le quartier de Saint Antoine, dont le coût s’est élevé à presque 40 000 € TTC. Depuis 2020, nous réalisons chaque année une tranche de travaux, qui porte essentiellement sur la création et le redimensionnement des réseaux d’eaux pluviales et la création de bassins de rétention. Au total, le coût de ce projet devrait dépasser 1,9 millions d’euros sur le quartier de Saint-Antoine. Nous ne bénéficions d’aucun soutien financier, d’aucune subvention. Si les inondations sont liées à la montée d’une rivière, il existe des aides ; si elles sont générées par les eaux de pluie, nous n’avons le droit à rien. C’est aussi la raison pour laquelle ce projet nous prend vingt ans, afin de tenir compte du budget de notre petite commune !
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la mairie de L’Isle-sur-la-Sorgue dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous avons obtenu le soutien technique de la communauté de communes Pays des Sorgues Monts de Vaucluse et du syndicat mixte bassin de Sorgues. Ces deux organisations regroupent des communes qui sont soumises aux mêmes problématiques que nous.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.
Le projet en détails
Dates clés
2017
2019
2020
2048
Chiffres clés
6
20
0
À retenir
Ça marche ! Dès la première phase de travaux, les conséquences des inondations ont diminué, pour la plus grande satisfaction des habitants concernés. Nous avons pu objectiver les bénéfices de ce plan de prévention des inondations. L’état des lieux nous a permis de connaître les points forts et les points faibles du dispositif et d’intervenir de façon pertinente.
L’adhésion de la population constitue également un élément positif, surtout lorsqu’on connaît les nuisances que génèrent les travaux.
C’est long ! Nous aurions aimé mener le projet plus rapidement, mais c’est impossible, notamment pour des contraintes budgétaires. L’absence d’aides et de subventions constitue un frein majeur. Nous sommes aussi contraints par les acquisitions foncières, nécessaires pour installer de nouveaux bassins de rétention, acquisitions qui demandent du temps. Par ailleurs, nous sommes conscients que les travaux ne pourront pas résoudre toutes les conséquences des inondations, surtout si les épisodes deviennent de plus en plus forts. Mais nos actions contribueront à réduire les impacts pour les habitants. Et l’abonnement au système Predict nous permet de mieux anticiper.
Ressources
Les inondations sur la plaine des Sorgues
Toutes les communes de la plaine des Sorgues peuvent subir des inondations suite à des précipitations intenses (ou épisode méditerranéen), suite à des précipitations longues et abondantes sur l’impluvium de la Fontaine de Vaucluse provoquant le débordement du gouffre, suite à des remontées de nappe, des débordements du Calavon-Coulon
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
Sogreah
SAS Acri In
Vous êtes passés à l'action sur la gestion de l'eau ?
