Reméandrage et continuité écologique : la renaturation de la rivière Ardon à Vaucelles (14)
L’Ardon a été régulièrement recalibré, rectifié et curé depuis des décennies, non sans conséquences. Sa partie aval est un secteur particulièrement touché avec un lit rectiligne et surdimensionné qui n’assure pas le bon fonctionnement de la rivière et de son milieu aquatique.
Il a été décidé, suite à différents diagnostics hydromorphologiques, faunistiques et floristiques, de déployer d’importants travaux de reméandrage sur le tronçon aval de l’Ardon. Ces travaux comprenaient la création d’un chenal sinueux au sein de l’ancien lit.
La technique du « déblai-remblai » utilisant le merlon de curage fut principalement utilisée. Ce merlon fut repositionné dans le lit mineur de la rivière pour recréer des banquettes aux pieds des berges et ainsi créer de nouveaux méandres.





Entretien avec Béatrice Lebel et Christopher Tetu

Ce projet est présenté par :
- Béatrice Lebel, Présidente du Syndicat du Bassin Versant Ardon-Ailette
- Christopher Tetu, technicien rivières du Syndicat
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet de renaturation de l’Ardon s’est-il imposé à l’agenda de votre commune ?
Principalement pour répondre à la Directive Cadre Européenne sur l’Eau qui vise le bon équilibre écologique et le bon état des milieux aquatiques. L’Ardon et l’Ailette sont au centre des préoccupations du Syndicat, nous avions déjà réalisé un tronçon test de 300 mètres sur l’Ardon en 2014. Ce test consistait à reméandrer par la technique de déblai-remblai, un lit sinueux dessiné dans l’ancien lit (recalibré au 19ème siècle). Les résultats furent rapides et spectaculaires, permettant au milieu naturel de retrouver toute sa place et aux espèces aquatiques de se multiplier rapidement, c’est une fierté. Le syndicat s’est donc lancé dans un ambitieux programme de renaturation de la quasi-totalité du linéaire de l’Ardon entre 2019 et 2030.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Seine Normandie, l’étude globale réalisée en 2009 sur l’ensemble du bassin versant Ardon-Ailette préconise de rétablir la continuité écologique et de reméandrer de nombreux secteurs. Pour ce projet, nous nous sommes appuyés sur l’assistance technique de l’Union des Syndicats (USAGMA). Des phases ponctuelles de travaux ont été effectuées. Nous avions la volonté d’aller plus loin et de nous engager de manière globale sur le long terme.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, des diagnostics écologiques et financiers ont été menés. Ils nous ont conduit à programmer les travaux sur 12 tranches, de 2019 à 2030. La première tranche s’est déroulée dans une zone de marais communal où nous sommes intervenus à 200 mètres en amont et en aval d’une route départementale. C’était la seule contrainte de cette première tranche menée en 2019.
Quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
Le syndicat Ardon-Ailette a exercé sa compétence GEMA (gestion des milieux aquatiques). Nous avons débuté par un diagnostic terrain avec la recherche du lit originel, les jalonnements et le repérage des rus affluents. Le pôle ingénierie de l’USAGMA a pris en charge le volet réglementaire avec la rédaction de la Déclaration d’Intérêt Général et l’autorisation environnementale. Leur aide a été précieuse, chacun ses compétences.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement et l’adhésion des citoyens ?
Après le diagnostic terrain, le syndicat a établi des préconisations d’actions. Nous avons rencontré les citoyens et l’ensemble des acteurs concernés par le projet : la Fédération de pêche, la société de chasse, les élus locaux, le Conservatoire, les propriétaires riverains. Cette concertation a permis de trouver des compromis et d’aboutir au projet final. Le dossier a ensuite été présenté en enquête publique, avec la nomination d’un commissaire enquêteur par le tribunal Administratif. Lors des différentes permanences les citoyens ont donné leur avis et leurs éventuelles remarques. Cette phase était importante, il fallait être à l’écoute, pouvoir rassurer et adapter le projet face à d’éventuelles demandes de modifications. Les travaux ont pu démarrer avec la signature de l’arrêté préfectoral suite à l’avis favorable du commissaire enquêteur, 2 mois après la clôture de l’enquête publique.
Comment le projet a-t-il été financé ?
Le financement s’opère tranche par tranche. De manière générale, l’Agence de l’Eau Seine-Normandie apporte une aide financière à hauteur de 80% du montant total HT et le reste à charge est assuré par le Syndicat. Pour certaines tranches, le FEDER (dotations communautaires) peut subventionner jusqu’à 20% du montant TTC des travaux.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Hormis, le rôle central du Syndicat et de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, le Conservatoire des Espaces Naturels a été sollicité pour une aide technique à l’élaboration d’une mare et la Fédération de pêche nous a conseillé pour la réalisation d’une frayère et la mise en place d’un suivi piscicole tous les 3 ans. Une assistance technique et administrative a été déléguée à l’USAGMA (Union des Syndicats d’Aménagement et de Gestion des milieux Aquatiques).
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Le projet en détails
Dates clés
2019
2010
2014
2019
Chiffres clés
12
400
0,3
À retenir
La formation d’une zone d’expansion naturelle de crue. Cette zone de marais existait avant les travaux de curage et de recalibrage entrepris au 19ème siècle. Elle s’est recréée, elle se reforme et protège désormais les habitations et les communes en aval lors des importants épisodes pluvieux
La mise en avant de l’Ardon et du site. De nombreuses visites terrain permettent de mettre en avant le travail réalisé. Nous pouvons citer : les techniciens de l’Agence de l’Eau, le Préfet, les élus départementaux, communautaires, du CPIE, du Conservatoire des Espaces Naturels, le grand public…
L’aménagement d’une passerelle trop étroite, déplacée en aval, provoque la grogne de la Société de chasse. Des prairies humides se reforment avec un développement important de carex et de joncs. Elles entraînent une perte de pâturage pour l’éleveur
Ressources
Union des syndicats - Renaturation de l'Ardon à Vaucelles-et-Beffecourt - Tranche 1
Le syndicat du bassin versant de l'Ardon et de l'Ailette, assisté de l'Union des Syndicats d'Aménagements et de Gestion des Milieux Aquatiques (USAGMA), réalise actuellement des travaux de renaturation de l'Ardon au niveau de la commune de Vaucelles-et-Beffecourt
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Seine-Normandie

FEDER

L’Union des Syndicats (USAGMA)

Conservatoire des Espaces Naturels
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