A Ille-sur-Têt (66), le réseau d’eau potable retrouve son étanchéité
En 2018, la commune d’Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées-Orientales, a réalisé un état des lieux de son réseau de distribution d’eau potable. Le résultat est inquiétant : en raison de la vétusté des équipements, près de la moitié de l’eau pompée est rejetée dans le milieu naturel avant d’atteindre les habitations.
Avec l’appui du département et de l’agence de l’Eau, la collectivité a donc décidé de réaliser d’importants travaux pour rendre son réseau plus étanche.
Six ans plus tard, les 2,4 millions investis pour le projet ont porté leurs fruits : entre 2018 et 2024, près de 213 000 m3 d’eau ont été économisés. Le rendement est, lui, passé de 39 % à près de 55 %.
Entretien avec Evelyne Fuentes, élue déléguée à l’eau et à l’assainissement et Alexandre Grosbost, responsable du service de l’eau et assainissement pour la commune de Ille-sur-Têt
Ce projet est présenté par :
- Evelyne Fuentes, élue déléguée à l’eau et à l’assainissement.
- Alexandre Grosbost, responsable du service de l’eau et assainissement pour la commune de Ille-sur-Têt
Evelyne Fuentes
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le projet de réhabilitation du réseau d’eau potable s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Alexandre Grosbost : Notre réseau, vétuste car construit dans les années 1960, présentait des fuites d’eau importantes. Notre rendement, c’est-à-dire la différence entre le volume d’eau d’entrée et le volume d’eau de sortie était trop bas, de l’ordre de 39 % alors que le minimum réglementaire est de 69,7 %. Nous avons donc réalisé une première tranche de travaux de réhabilitation sur 9 km entre 2020 et 2022. Mais les rendements n’étaient toujours pas bons. Nous avons donc attaqué une deuxième tranche de travaux, qui s’est terminée en février 2024. Une troisième doit bientôt démarrer pour se terminer en 2026.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Alexandre Grosbost : Nous n’en avons pas eu de sources d’inspiration. Il existe une obligation légale qui est celle de faire un état des lieux du réseau, tous les dix ans. C’est ce qu’on appelle un « schéma directeur d’alimentation en eau potable ». Lorsque nous l’avons actualisé en 2018, c’est là que nous nous sommes rendu compte que plus de la moitié de l’eau que l’on pompait se retrouvait dans le milieu naturel avant d’atteindre les habitations.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Alexandre Grosbost : Oui, à travers le schéma directeur et une recherche fine de fuites sur le terrain. Afin d’impacter le moins possible les habitant.es, nous avons choisi de réaliser les coupures d’eau générales de nuit.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Alexandre Grosbost : Il faut avoir une bonne connaissance du réseau, savoir détecter les fuites.
Evelyne Fuentes : Il faut aussi maîtriser la partie administrative. Marianne Brunet, notre directrice générale des Services, a ainsi réalisé un travail extraordinaire pour monter le dossier et obtenir les subventions nécessaires
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Alexandre Grosbost : En réalité, l’adhésion s’est faite assez naturellement. Nous sommes dans un département qui vit depuis deux ans et demi une sécheresse importante, donc économiser l’eau est une nécessité. La population en a conscience, d’ailleurs il y a eu une baisse de la consommation d’eau chez les habitant.es de la commune. Pour les aider à économiser cette eau, la collectivité a distribué des mousseurs d’eau, a encouragé à installer des séparateurs d’eau pour les chasses d’eau. Nous avons également dû fermer la piscine pendant l’été 2023.
Evelyne Fuentes : La collectivité a également réalisé un important travail d’information. Le maire a reçu la presse pour expliquer les travaux. Nous avons par ailleurs communiqué sur les réseaux sociaux et via le site internet de la ville. Nous avons enfin distribué des tracts dans les 5000 boîtes aux lettres de la commune afin de prévenir la population lors des coupures générales d’eau. Dans l’ensemble, les équipes ont été très bien reçues, malgré les nuisances sonores dues aux travaux.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Alexandre Grosbost : Si l’on exclut la dernière tranche qui n’est pas encore terminée, le projet a coûté dans son ensemble 2 411 488 euros. L’agence de l’Eau a participé à hauteur de 922 812 euros, le département des Pyrénées Orientales à hauteur 194 575 euros. Le reste a été auto-financé par la commune d’Ille-sur-Têt, à hauteur de 1 294 101 euros.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné votre collectivité dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Alexandre Grosbost : Des bureaux d’études et trois entreprises de travaux publics.
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Le projet en détails
Dates clés
2018
2019
2019-2024
Chiffres clés
2 411 488
213 000
6
Résultats
- Augmentation des rendements de 39 % en 2018 à 55 % en 2024
À retenir
La modernisation du réseau, qui a également été désamianté
Un surplus de travail pour notre équipe qui a dû superviser trois équipes en même temps
Gérer les coupures de circulations et les déviations est un exercice d’autant plus difficile que nous avons un site touristique très fréquenté, Les Orgues. Pendant les travaux, les touristes ont dû faire un détour de près de 20 km.
Ressources
Sauvons l'eau - Travaux sur les réseaux d'eau potable à Ille sur Têt
Le 7 février dernier, William Burghoffer, maire d’Ille sur Têt (Pyrénées-Orientales), a réceptionné les travaux de réhabilitation des réseaux d’alimentation en eau potable de sa commune.