Pour parer aux inondations à répétition, une structure réservoir infiltrant installée sous la chaussée à Reims (51)

Comment ce projet d’une structure à réservoir infiltrante s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

En juin 2021, à l’occasion d’orages importants, l’eau de pluie avait déferlé avenue Jean-Jaurès, s’infiltrant dans de nombreux commerces et à l’intérieur des habitations. Lors de cet épisode marquant il y a eu près de 70 litres/m² d’eau tombés sur une période cumulée de six heures !

Il nous fallait donc repenser la gestion des eaux pluviales dans ce quartier particulièrement sensible lors de précipitations importantes. Ainsi la rue Ruinart de Brimont, voie perpendiculaire à l’avenue Jean-Jaurès, pour laquelle une réfection de voirie était prévue, a fait l’objet d’un projet spécifique pour la gestion intégrée des eaux pluviales. L’enjeu est de réaliser une gestion des eaux de pluie dite à la source, afin que la goutte d’eau soit infiltrée là où elle tombe grâce à une nouvelle chaussée permettant la récupération des eaux de pluie. Le sous-sol de la rue absorbe l’eau grâce à des avaloirs situés de part et d’autre de la chaussée lesquels ne sont plus désormais reliés aux canalisations. Maintenant, l’eau est réceptionnée, sur 400 mètres linéaire, dans 255 m² de Structures alvéolaires ultra légères (Saul) qui assurent son infiltration progressive dans le sol à partir d’une surface de 3483 m². A cela s’ajoute des bassins infiltrants, à proximité, sur la Place du 30 août 1944. L’ensemble de ce dispositif permet ainsi de gérer 600 m³ d’eau. Cela permet de réduire le risque d’inondation en surface tandis qu’en sous-sol une couche imperméabilisante autour du réservoir empêche les remontées d’eau dans les caves des riverains. D’autre part, cela régénère progressivement les nappes phréatiques, rendant possible, à terme, une alimentation en eau potable.

Plus globalement, conformément à la stratégie portée par la Communauté Urbaine du Grand Reims au travers de son Plan Pluie, la gestion à la source des eaux pluviales est systématiquement étudiée dans les programmes de travaux existants (voirie, espaces publics, Reims Nature, etc.) de la Ville de Reims.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Les sources d’inspiration proviennent de retours d’expérience et de formations dispensées par l’association de gestion intégrée et durable des eaux pluviales (Adopta),  à laquelle à la Ville est adhérente. Cela nous a bien accompagné dans l’orientation sur les choix d’aménagement.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Des études préliminaires ont été initiées en collaboration avec le BRGM grâce à la technique de micro-gravimétrie (Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Ces études ont permis d’écarter la présence de cavités significatives, tandis que des essais de perméabilité ont été réalisés pour recueillir les informations nécessaires à l’analyse et aux calculs relatifs à la conception de la chaussée réservoir du projet. L’emprise du projet s’est avérée ne pas nécessiter l’élaboration d’un dossier soumis à la procédure de porter à connaissance, notamment en ce qui concerne le volet relatif à la loi sur l’eau.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Il est impératif de vérifier l’absence de cavités ou de galeries souterraines sur l’emprise du projet sur certain secteur (cartographie du BRGM), et il est indispensable de connaître la nature du sous-sol avant de lancer la réalisation du projet. Pour cela des études en hydraulique urbaine et des sols ont été nécessaires.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Nous avons réalisé une présentation du projet qui a permis de communiquer efficacement avec les parties prenantes et la collectivité pour expliquer les avantages et les implications du projet. Il y avait une crainte initiale des riverains sur le risque d’inondation des caves c’est pourquoi nous avons renforcé les géotextiles afin de garantir une étanchéité maximale.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le projet global, autrement dit les travaux de voirie intégrant les travaux de gestion des eaux pluviales, s’élève à 1 235 000 Euros TTC. La ville de Reims a financé le projet à hauteur de 800 000 Euros pour ce qui concerne la partie voirie tandis que la communauté urbaine du Grand Reims a assuré le financement des travaux des eaux pluviales pour un montant de 435 000 Euros dont 30 % ont été porté par la région Grand Est, soit 130 500 Euros.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la Ville de Reims dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Plusieurs acteurs ont accompagné la Ville de Reims dans la préparation et la réalisation de ce projet. Le Grand Reims a mobilisé son Service de la Direction de l’Eau et de l’Assainissement pour intégrer la gestion des eaux pluviales, tandis que le Service de la Direction de la Voirie a assuré les rôles de maître d’ouvrage et de maître d’œuvre.

L’association Adopta a apporté son expertise en matière de gestion intégrée et durable des eaux pluviales, en soutenant la collectivité dans la mise en œuvre de solutions d’infiltration et de récupération. L’entreprise Geotec a réalisé les essais de perméabilité du sol, et le cabinet Ginger a été sollicité pour mener des recherches sur la présence d’Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) et d’amiante dans les enrobés.

Enfin, les travaux d’aménagement de la rue ainsi que les calculs de vérification ont été confiés à l’entreprise de travaux publics Eurovia