Des aménagements pour limiter le ruissellement à Bitry (60)
Le village de Bitry a connu deux épisodes sévères de coulées de boue en 2016 et 2018. Si les fortes précipitations ont été l’un des facteurs déclenchants, les échanges menés dans le village autour de ces événements ont permis d’engager des réflexions et de premiers aménagements avec les exploitants agricoles.
Ensuite, c’est le syndicat Entente Oise-Aisne sous délégation de la Communauté de Communes des Lisières de l’Oise qui a mené les phases d’étude et de concertation. Les élus de Bitry ont été mobilisés tout au long du projet, notamment pour créer le lien avec les exploitants agricoles et permettre la réalisation des aménagements sur des parcelles privées. Noue de 1000 m2, haies sur billon, fascines, les travaux se sont largement inspirés de pratiques anciennes très efficaces.






Entretien avec Franck Superbi, Maire de Bitry et Président de la Communauté de Communes des Lisières de l’Oise.

Ce projet est présenté par :
- Franck Superbi, Maire de Bitry, Président de la Communauté de Communes des Lisières de l’Oise.
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Pour quelles raisons ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre commune ?
En 2016, une première coulée de boue a traversé le village par le nord. Lors d’un violent orage, l’eau a dévalé un ancien sentier situé sur le versant. L’absence de haies et les cultures agricoles, orientées dans le sens de la pente, ont favorisé un ruissellement exceptionnel. À la suite de cet incident, nous avons collaboré avec l’exploitant pour installer des barrages en paille enterrés. En 2018, c’est le versant ouest qui a été touché. Bien que la coulée ait emprunté un autre chemin, les conséquences ont été similaires : le village a une fois de plus été traversé de part en part. Avec 80 mm de pluie tombés en seulement 20 minutes, la quantité d’eau était impressionnante, mais nous avons rapidement constaté que l’aménagement des parcelles, leur taille, et l’absence de haies avaient amplifié les dégâts. Ce constat a marqué le point de départ de nos réflexions.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
La modélisation et le savoir-faire du syndicat Entente Oise-Aisne. En 2016, dans l’heure qui a suivi l’orage et la première coulée de boue, nous avons rencontré l’agriculteur qui est venu spontanément vers nous. Nous avons imaginé ensemble des solutions, certes temporaires, mais il était important de pouvoir faire quelque chose très rapidement. Nous avons installé en bordure de champ une fascine de paille pour faire office de « tampon » à l’eau ruisselante. Suite à la coulée de 2018 et au transfert de la compétence GEMAPI vers la communauté de communes, la prévention des inondations a été mise entre les mains de l’Entente Oise-Aisne. C’est à partir de ce moment, que nous sommes passés dans une démarche plus structurée et efficace. Différents aménagements ont été faits : des linéaires de haies sur billon, une noue de 1000 m2 avec 7 redents et des fascines vives (fagots et pieux de saule qui reprennent et font office de barrage).
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Toutes les études ont été menées par l’Entente. Le projet de haie sur billon, en amont des zones forestières de forte pente, a fait l’objet d’un arrêté préfectoral de Déclaration d’intérêt général (DIG) le 28 février 2018. L’objectif était de ralentir les écoulements et de compléter le dispositif mis en place par la commune suite à la coulée de 2016. Ensuite, dans la lignée de ces premiers aménagements, l’Entente Oise-Aisne a proposé l’aménagement sur le plateau, d’une noue de 1000 m2 et de 7 redents qui ont permis de ralentir l’eau et de l’infiltrer tout au long de ce parcours. Bien entendu, toute l’eau ne s’infiltre pas, mais quand elle arrive en fin de parcours, les quantités sont acceptables. Surtout, elle est moins chargée car la terre a été stabilisée avec le système racinaire.
Quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
C’est une équation à 3 entre, la commune, les agriculteurs et l’Entente. Chacun dans ses compétences. La mise en relation, la capacité à créer du lien et à installer les échanges pour nous, les élus du conseil municipal de Bitry. L’écoute, le sens commun et la maîtrise foncière pour les exploitants agricoles propriétaires des parcelles. L’étude technique, l’expertise et la concertation pour le syndicat Entente Oise-Aisne. Tout le projet a été animé autour de ces valeurs. En amont, par contre, je pense que la « capacité à faire » a été déterminante. Il faut du temps pour mener les études, enclencher les autorisations, c’est souvent assez long (4 à 5 ans). Cela peut faire perdre le sens et démobiliser. À Bitry, nous avons été très rapidement dans l’action. Nous avons mené avec l’exploitant concerné et au nom de la commune des tests sur zones pour réduire l’effet de ruissellement. Cette dynamique nous a sécurisés. À notre niveau, le relationnel a été très important. La bonne entente était centrale.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement et l’adhésion des citoyens ?
Ce n’est pas la commune qui a assuré le bon dimensionnement du projet. Cette compétence a été déléguée très naturellement à l’Entente Oise-Aisne. Nous n’avons pas ces compétences en interne, laissons les experts faire leurs propositions et écoutons. Nous avons eu des échanges en permanence : avec l’Entente, pour écouter les besoins en maîtrise foncière pour la réalisation des futurs aménagements ; avec les agriculteurs, pour « négocier » le foncier disponible. Une réunion publique a été organisée avec les citoyens pour expliquer le projet. Avant cette réunion, il y a eu énormément de rencontres, de dialogues nécessaires pour passer de la colère à la compréhension, et à l’action.
Comment le projet a-t-il été financé ?
L’Agence de l’eau Seine-Normandie finance à 40% les noues et à 80% l’hydraulique douce (fascines, haies). Le reste à charge est pour l’Entente Oise-Aisne. Le projet a été mutualisé via la communauté de communes qui souhaite avoir une vision globale des aménagements pour qu’ils profite à l’ensemble des communes de la vallée. La taxe GEMAPI au niveau de la communauté de communes apporte sa contribution à l’Entente Oise-Aisne qui permet le financement des projets. L’Agence de l’Eau supporte en grande partie le reste à charge. Des conventions financières ont aussi été passées entre l’Entente et les agriculteurs afin d’instaurer une compensation financière. Les surfaces agricoles occupées par les aménagements font l’objet d’une indemnisation annuelle durant 20 ans selon un barème fixé par la Chambre d’agriculture. L’entretien des aménagements est assuré par l’Entente.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
L’Entente Oise-Aisne, la communauté de communes des Lisières de l’Oise, les agriculteurs sont les principaux acteurs mobilisés tout au long du projet.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2016 & 2018
2019
2020
2022
Chiffres clés
320
11
75
À retenir
La réalisation des aménagements. Grâce à la réalisation des ouvrages, nous sommes dans une phase de retour à la normale dans le village. Les habitants sont plus sereins quand un orage s’annonce.
Les liens créés sur le terrain. Ça n’a pas de prix de pouvoir créer et développer des projets en collectif. Il y a une grande satisfaction à faire en local en suivant le bon sens et en s’appuyant sur la bonne entente.
Le temps long. 4 à 5 ans, c’est difficile de faire plus court actuellement mais c’est long. Avant la réalisation des aménagements, chaque perturbation météo apportait son lot de stress.
Ressources
A Bitry et Saint-Pierre-lès-Bitry : des aménagements pour ne plus revivre la catastrophe naturelle de 2016
En 2016 Bitry et Saint-Pierre-lès-Bitry étaient reconnues en état de catastrophe naturelle après des inondations et coulées de boues en survenues en mai. Des aménagements ont été réalisés pour ne plus revivre ce scénario.
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Seine-Normandie

Entente Oise-Aisne
Données de contact
- Communauté de communes des Lisières de l'Oise, 4 voie Industrielle ZI, Les Surcens, 60350 Attichy
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