Renouveler les canalisations par éclatement à Auch (32), une technique innovante
À Auch, dans le Gers (32), pour le renouvellement d’une partie de ses canalisations d’eau potable, la communauté d’agglomération Grand Auch Cœur de Gascogne (CACG) a choisi la technique de remplacement “par éclatement”, peu habituelle dans la région.
Détruites directement sous terre par un couteau, les anciennes conduites sont remplacées par des nouvelles en polyéthylène haute densité (PEHD) tirées à la suite.
Sans tranchées, cette solution est plus économique et plus écologique, car ses émissions de gaz à effet de serre sont réduites par rapport à un chantier traditionnel, (- 50% dans le cas des travaux du chemin des Arriouets) et permet de maintenir la circulation.
Entretien avec Nathalie Bienvenu-Dispan
Ce projet est présenté par :
- Nathalie Bienvenu-Dispan, Cheffe de service Eau et Assainissement à la communauté d’agglomération Grand Auch Coeur de Gascogne (GACG)
Nathalie Bienvenu-Dispan
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment est ce que le sujet s’est imposé à l’agenda ?
Nous améliorons continuellement notre patrimoine d’eau potable en renouvelant nos réseaux. Celui du chemin des Arriouets à Auch, en fonte grise, datait des années 80. Fragile et cassant, il nous obligeait à des réparations à répétition. Nous avons donc jugé bon de renouveler cette canalisation. Au total, nous avions 520 mètres linéaires de conduites eau potable d’un diamètre de 60 mm de fonte sur lesquels 375 mètres linéaires ont été renouvelés avec des conduites en polyéthylène haute densité (PEHD) de diamètre 75.
À l’agglomération d’Auch, nous tenons à garder l’accès riverain, or réaliser ce chantier par tranchées nous obligeait à barrer complètement la rue, empêchant ainsi les habitants d’accéder à leur domicile en voiture. De plus, nous n’avions pas besoin d’intervenir sur d’autres réseaux enterrés. Nous avons donc cherché une alternative. La technique de renouvellement de canalisation d’eau potable « par éclatement » nous a été présentée par la SADE. Après avoir comparé les prix et vu les avantages, nous avons décidé de la tester sur ce chantier.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous disposons d’un marché à bon de commande avec la SADE, une entreprise de Travaux Publics spécialisée de la conception, la construction, la réhabilitation et l’entretien des réseaux d’eau potable. Pour le remplacement de la conduite, ils nous ont soufflé cette solution. En effet, ils disposent en interne d’une équipe dédiée à la technique de renouvellement de canalisation d’eau potable « par éclatement ». Des couteaux installés de part et d’autre d’une pointe ouvrent la conduite en fonte, celle-ci est remplacée par une nouvelle canalisation introduite simultanément. Dans notre cas, le matériau utilisé était du polyéthylène haute densité (PEHD), celui-ci dispose d’une longévité accrue, d’une grande résistance aux chocs, au froid et respecte les normes de santé pour le transport de l’eau potable.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Une étude a été réalisée par la SADE avant de nous proposer d’utiliser cette technique par éclatement de la canalisation existante.
La seule chose que je conseillerai à ceux qui veulent employer ce procédé est de bien analyser la faisabilité en amont. Il est essentiel de s’assurer qu’il n’y ait pas de dangers tels que des réseaux sensibles comme le gaz ou l’électricité autour de cette canalisation.
Cette solution permet, entre autres, de renouveler l’ancienne canalisation par une nouvelle canalisation structurante de plus gros diamètre sans ouvrir de tranchées.
Toutefois, lorsque les branchements sont trop nombreux, cette technique peut être contraignante, dans notre cas il n’y en avait que 15 sur 520 mètres linéaires donc elle restait intéressante.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Nous avions déjà entendu parler de cette pratique mais ne disposions pas des compétences en interne, aussi nous nous sommes donc reposés sur l’expertise de la SADE. Nous les avons rencontrés, écouté leurs explications avant de nous décider de tester la méthode.
C’était une première sur notre territoire, ils en ont profité pour la présenter à certains maîtres d’œuvre, services de l’eau et bureaux d’études du Sud-Ouest. Ça intéressait pas mal de monde.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Habituellement, et ce chantier n’a pas fait exception, nous commençons par rédiger un courrier d’information en amont dans lequel nous expliquons aux riverains les travaux et leur impact sur leur vie quotidienne. Par exemple, l’implication des travaux sur les coupures d’eau liées aux branchements ou le ramassage de poubelles, nous leur indiquons également à qui s’adresser en cas de problèmes. Ensuite, les riverains peuvent nous appeler s’ils ont des questions.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Nous avons autofinancé ce projet à 100%. Le budget total est de 170 000 € TTC et nous avons économisé 20 % par rapport aux travaux habituels.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
L’exploitant du service des eaux est Véolia. Ils étaient présents car ce type d’intervention peut éventuellement générer des problématiques de réseau d’ordre général. Toutefois, nous avions mis en place une nourrice aérienne, un réseau provisoire, pour nous assurer que le service ne soit pas interrompu.
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Le projet en détails
Dates clés
Juillet 2024
Juillet 2024
Septembre 2024
Mi-Octobre 2024
Chiffres clés
50
375
170 000
Résultats
- L'économie financière, de près de 20 % par rapport à un chantier classique
À retenir
Très faible impact environnemental puisqu'on limite les gaz à effet de serre. C'est un point très positif.
C’est une bonne expérience. Nous sommes ouverts à l'utilisation de cette technique pour d'autres secteurs.
Je parlerai de contraintes plutôt que de points négatifs, il est indispensable de bien étudier le chantier en amont.
Ressources
La dépèche du midi - Moindres coûts, meilleur bilan carbone… Une technique innovante pour remplacer les canalisations d’eau potable auscitaines
Un chantier de changement des canalisations d’eau potable est en cours dans l’un des quartiers d’Auch. Une technique un peu spéciale est utilisée par l’entreprise de travaux. Cette dernière place les nouveaux tuyaux en lieu et place des anciens.