Belle réhabilitation d’un étang forestier dans le petit village de Valleroy (52)

Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda de la commune de Valleroy ?

Lors de la première réunion du conseil municipal de mon troisième mandat, le 3 juillet 2020, j’avais demandé à chacun des conseillers leurs attentes pour la commune. Il en est ressorti plusieurs souhaits dont ce projet de réhabilitation de cet étang communal situé à 200 mètres en contrebas du village. Bien connu des habitants et apprécié de générations en générations comme lieu de pêche et de promenade, il était devenu, au fil du temps, triste à voir et difficilement accessible. Situé à l’orée de la forêt, l’étang était fortement envasé et envahi par la végétation et les arbres qui peu à peu l’étouffaient. L’intérêt de sa réhabilitation répondait autant à un enjeu écologique que symbolique, affectif et social. Tout d’abord dans la perspective d’engager des travaux de réhabilitation de l’endroit, je me suis donc d’abord tourné vers la préfecture afin de la prévenir des futures demandes d’autorisations de travaux. A ma grande surprise, il m’a été répondu qu’il ne pourrait pas être délivré d’autorisation puisque cet étang n’existait pas dans les registres administratifs ! Il n’avait donc pas d’existence juridique. Sans cet élément, ce dossier restait bloqué tant que je ne pouvais pas justifier de sa présence ancienne. Il me fallait donc prouver que cet étang existait bel et bien depuis… au moins un siècle ! Après des recherches aux Archives départementales, j’ai finalement découvert une ligne sur un document du XIX^e siècle attestant que la Caisse de dépôts, alors propriétaire des lieux, avait légué l’étang à la commune de Valleroy ! C’est grâce à cela que j’ai pu faire une déclaration simplifiée pour régulariser la situation.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Pour moi, comme pour l’ensemble des habitants, il s’agissait d’abord de retrouver l’étang tel que nous l’avions connu il y a plusieurs dizaines d’années. A savoir, un lieu de promenade agréable, de détente et de pêche. Mais il convenait aussi de l’intégrer dans un projet plus vaste et pour ainsi dire multifonctionnel. Il ne s’agit pas de faire de l’écologie d’un côté et du social de l’autre car, selon moi, les deux sont intimement liés. Il y avait donc différents aspects qui devaient être pris en compte :

• La sécurité des personnes puisque, en tant que maire, je suis juridiquement responsable et je ne peux pas prendre le risque qu’une personne se blesse, s‘enlise ou pire se noie dans l’étang.
• La dimension touristique en offrant un espace de loisirs avec des éléments d’accueil comme des bancs et une table de pique-nique.
• L’enjeu écologique de ce milieu humide en développant la biodiversité aquatique ainsi que la faune et la flore environnante.
• Le renforcement du dispositif anti-incendie, dès lors que cet étang, en complément d’une citerne de 120 m³ dans la commune, est intégré dans le dispositif de réserve d’eau pour le Sdis en cas d’incendie.

Et pour faire les choses au mieux, en vue de réaliser l’ensemble des projets de notre commune, j’ai pensé alors à me faire accompagner par un chargé de mission environnement. Pour une petite commune comme la nôtre, ce fut au départ assez compliqué de déterminer le cadre juridique adéquat. Heureusement j’ai trouvé en la personne de Coralie Nael, spécialisée dans le domaine de l’ingénierie et de l’aménagement du territoire et habitant à Langres, le profil idéal. J’ai donc signé, le 1^er janvier 2021, un contrat d’un an, dit contrat de projet, à raison de 3 h par semaine. Puis, au regard de l’ampleur de la tâche, il a été nécessaire de le renouveler une année supplémentaire jusqu’en décembre 2022.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Un technicien spécialisé « étang » de la ligue de protection des oiseaux (LPO) de Champagne-Ardenne est venu pour mener une étude sur les lieux au printemps 2021. Ses préconisations, afin de rétablir un bon état de santé écologique et la biodiversité aquatique de l’étang, portaient notamment sur les différentes hauteurs de fonds du plan d’eau avec en particulier la création d’une queue d’étang de faible profondeur ;  la création d’un bassin de décantation en amont afin d’empêcher l’apport de matières trop rapide et d’éviter l’envasement ; la création de berges plus sinueuses ainsi que le retrait des arbres en excès qui envahissaient ses berges. Par ailleurs, une étude du Sdis, afin de l’intégrer dans le dispositif de réserve en eau contre l’incendie, a été réalisée pour apporter des préconisations en vue de travaux sur le chemin d’accès :  des graviers pour éviter l’enlisement du véhicule incendie et la mise en place d’une surface suffisante à proximité de l’étang pour le camion.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

En tant que maire, on ne dispose a priori d’aucune des compétences dans le domaine. Il faut donc aller les chercher : sur le plan règlementaire auprès de la Direction départementale des territoires (DDT) pour ce qui concerne les demandes d’autorisation de travaux en milieux humides et les règles pour l’accueil du public, auprès de l’Office français de la biodiversité pour le contrôle de l’eau et la dimension écologique et le Sdis pour la défense incendie. La présence de Coralie Nael, comme chargée de mission environnement, a été une aide précieuse pour assurer la coordination de l’ensemble de ces acteurs.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la commune de Valleroy a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Cet étang, alimenté par l’eau de ruissellement et par le ruisseau « Noues » est implanté sur le domaine forestier de la commune et est donc soumis au régime forestier qui est ici assuré par l’ONF. Il y avait des préalables réglementaires avant la mise en œuvre des travaux : une pêcherie est d’abord venue vider l’étang de ses poissons. Puis il a fallu vider le plan d’eau et laisser sécher le fond pendant près d’une année afin de rendre possible l’intervention des machines de l’entreprise de travaux pour le curage. Durant la période de mise à sec, les habitants ont été un peu perturbés devant la situation. D’autant qu’il y a eu des retards dans le réapprovisionnement de l’étang en raison des difficultés de fonctionnement du moine hydraulique (système de vidange et de gestion du niveau d’eau).

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le montant des travaux de réhabilitation s’élève à 56 519 Euros HT. Son financement a été assuré à 50 % par la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR), 20% par le Groupement d’intérêt public (GIP- fonds d’aide à l’investissement mis en place suite à la création d’un laboratoire souterrain par l’ANDRA à Bure dans la Meuse et destiné à étudier les formations géologiques profondes où pourraient être stockés des déchets radioactifs), 10% par le Département de la Haute-Marne. Quant à la commune, elle a pris en charge, comme le veut le règlement, 20 % du montant total. A noter que ce projet à l’impact pluridimensionnel a pu bénéficier d’aides auprès de ces différents organismes au titre exclusif du renforcement la défense incendie.

Par ailleurs, le montant des aménagements d’accueil (table de pique-nique, bancs) s’élève à 7455 Euros HT. Le coût a été pris en charge à 80 % par le Département.

 Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la mairie dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

• La Direction départementale du territoire (DDT)
• l’Office français de la biodiversité (OFB)
• Le service départemental d’intervention et d’incendie (Sdis)
• Coralie Nael, chargée de mission environnementale
• Travaux de maitre d’oeuvre : SAS Bongarzone
• Récupération des poissons : Pêcherie de Flagy
• Réalisation de la passerelle et des bancs : entreprise d’insertion Entr’in 52
• Elagage et bûcheronnage : ETA Agri’travaux