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Dans l’Aube (10), une vaste restauration hydromorphique de l’Armance, du Landion et de leurs zones humides

Pour faire face à la dégradation de la qualité des eaux et à la perte de la biodiversité sur le territoire, les prairies humides de Davrey dans l’Aube ont fait l’objet d’un ambitieux projet de réhabilitation. Sur une surface totale de 100 hectares, le site a connu une cure de jouvence, comprenant désormais une platière, deux cours d’eau reméandrés et six mares qui permettent à ce territoire de renouer avec une plus grande biodiversité.

S’appuyant sur le principe des solutions fondées sur la nature, ce projet porté par le Syndicat mixte du Bassin Versant de l’Armançon – SMBVA devenu aujourd’hui Epage – a réussi à intégrer divers acteurs aux compétences multiples. Et il est aujourd’hui assuré d’un suivi pour les vingt ans à venir grâce à un partenariat de gestion.

La réalisation de ce projet d’envergure a d’ailleurs été récompensée par le prix national du Génie écologique en 2020.

Entretien avec Matthias Alloux, chef de projet restauration de milieux aquatiques

Parole de collectivité
Matthias Alloux, chef de projet restauration de milieux aquatiques à l’Epage de l’Armançon - Crédits photo : EPAGE Armançon
Gestion des milieux aquatiques

Ce projet est présenté par :

  • Matthias Alloux, chef de projet restauration de milieux aquatiques à l’Epage (Etablissement public d’aménagement et de gestion de l’eau) de l’Armançon (ex-SMBVA)
Il s'agit, là encore, de laisser faire le développement naturel de la végétation afin de s'appuyer sur les capacités de résilience de l'environnement.
Matthias Alloux

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda du SMBVA ?

Tout au long du Moyen-Âge, afin de faciliter le développement de l’agriculture, la rivière l’Armance (affluent de l’Armançon qui se déverse ensuite dans l’Yonne) et sa plaine alluviale ont subi d’importants travaux pour assainir la vallée.
Des noues de drainage ont été creusées, les cours d’eau ont été déplacés au XVIIIème siècle pour alimenter des moulins, puis des travaux hydrauliques ont été effectués dans les années 70 et 80… Bref, tous ces aménagements ont provoqué progressivement la perte de la biodiversité et la dégradation de l’écosystème propre à ce milieu.

C’est pourquoi nous avons décidé en 2017 de travailler sur un vaste projet de réaménagement du site dans le secteur de Davrey, sur 4 km de cours d’eau et 100 hectares de superficie afin de voir réapparaitre de nombreuses espèces patrimoniales : amphibiens (grenouilles Agiles, Triton crêté, etc.), poissons (brochet, truite fario, Lamproie).
Il s’agit aussi de préserver des espèces végétales comme l’œnanthe à feuille de Silaüs ou la Gratiole.

En conséquence, l’essentiel des travaux a porté sur la suppression d’ouvrages hydrauliques, le terrassement et le reméandrage d’un lit de rivière avec recharge granulométrique, la création de frayères et de mares (6 plans d’eau, soit 5000 m2) ainsi que la plantation de haies. Une platière (terrain plat au pied d’un relief) de 29 400 m2 a été également créée afin de permettre le développement d’une faune et d’une flore diversifiées. En parallèle, afin de sensibiliser le public aux enjeux écologiques, un sentier pédagogique et touristique avec des observatoires ornithologiques et des panneaux thématiques a été créé.

Quelles mesures spécifiques ont été  prises pour limiter l’impact des travaux sur la faune et la flore ?

Pour ce projet, le choix de matériaux locaux a été privilégié afin notamment de limiter l’empreinte carbone du chantier : les cailloux utilisés proviennent d’une carrière à 15 km ; le bois pour les équipements écotouristiques est issu des douglas et châtaigniers du Morvan tout comme les plans d’arbustes qui sont également locaux. Dans la mesure du possible, nous avons tenté de limiter l’impact des travaux sur la faune et la flore.

Quelle mesure avez-vous mises en place pour limiter l’impact des travaux sur la faune et la flore?

Autant que possible, nous avons tenté de limiter l’impact des travaux sur la faune et la flore. La mulette épaisse (une petite moule d’eau douce qui est une espèce protégée) a été déplacée pendant les travaux et des zones ont été protégées pour sécuriser l’œnanthe à feuilles de Silaüs, une plante herbacée. Enfin, les travaux se sont déroulés en dehors des périodes de reproduction des espèces présentes sur les lieux (oiseaux nicheurs, truite fario, brochet, etc.).

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

L’essentiel suppose la maitrise des disciplines suivantes afin de permettre le rétablissement d’un écosystème fonctionnel :
– Botanique
– Hydromorphologie
– Ichtyologie (étude des poissons)
– Ornithologie
– Hepertofaune (amphibiens et reptiles)
– Malacologie (étude des mollusques)
– Entomofaune (insectes et arthropodes)

Comment avez-vous organisé la gestion à long terme du site après la phase de travaux ?

Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières. Mais en vue d’assurer la meilleure gestion du site pour les 20 ans à venir, une convention de partenariat a été signée entre quatre partenaires : le SMBVA, la Communauté de Communes du Chaourçois et du Val d’Armance, la Fédération départementale des chasseurs de l’Aube et la Fédération de l’Aube pour la pêche et la protection du milieu aquatique. Il s’agit de prendre en charge le site sous plusieurs aspects : fauche des prairies humides, fauche tardive des roselières, plan de pâturage des prairies, mise en œuvre d’une stratégie de régulation des espèces exogènes (l’Ecrevisse de Louisiane et la perche soleil dans les milieux annexes), réalisation d’un inventaire de la faune et la flore, suivi de frayère, etc. Enfin, l’enjeu est aussi de veiller à la valorisation du site auprès du public.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le coût global de ce projet s’élève 979 400 € TTC. Il a bénéficié d’une subvention de l’Agence de l’eau Seine-Normandie à hauteur de 908 128 € et d’une participation de la Communauté de Communes du Chaourçois et du Val d’Armance de 2 200 €. Le reste à charge pour le SMBVA s’élève à 69 072 €.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné l’EPAGE d’Armançon dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Outre le SMBVA, structure porteuse du projet assurant la maîtrise d’œuvre avec Kevin Duplan pour l’appui technique en hydromorphologie et Vincent Govin pour la coordination environnementale, plusieurs acteurs ont contribué à la préparation et à la réalisation de ce projet. L’expertise faunistique a été apportée par Marianne Coquet de la Fédération de la chasse de l’Aube, tandis que l’expertise ichtyologique a été assurée par Fabrice Moulet de la Fédération des pêcheurs de l’Aube. Emilie Weber, du Conservatoire botanique national du Bassin Parisien, a pris en charge l’expertise botanique.

Les travaux ont été réalisés par deux entreprises locales : Bongard Bazot et fils, ainsi que Mouturat JAD.

L’association Eskaapi a participé au volet architectural durable, et le Centre d’Initiation à l’Environnement d’Othe et d’Armance (Cieoa) a animé les actions d’éducation et de sensibilisation.

D’autres structures ont également collaboré au projet, parmi lesquelles la commune de Davrey, la Communauté de Communes du Chaourçois et du Val d’Armance, l’Office français de la biodiversité, l’INRAE, la Ligue pour la Protection des Oiseaux 89, le bureau d’études Arion Idé, la DREAL Grand Est, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), l’Office national des forêts (ONF), les bureaux d’études SEGI et Hydrosystème Ingénierie, ainsi que l’Éducation nationale.

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Le projet en détails

Dates clés

2017

Mise à l'agenda du projet

2018

Inspiration

2018

Diagnostic et planification

août 2019 à juillet 2020

Réalisation des travaux de terrassement

Chiffres clés

100

hectares restaurés de plaine alluviale de l'Armance et du Landion

12

mois de travaux

979 400

euros TTC de coût des travaux

À retenir

L'amélioration des caractéristiques hydromorphologiques de la rivière et de ses habitats aquatiques

La sensibilisation du grand public et des enfants à travers les nombreuses visites du site. Le site a été labellisé ENS en 2024 par le Département de l’Aube

Il n'y a pas d’éléments négatifs pour le moment. La démarche a été d'apporter une faible quantité de sédiments lors du reméandrage de l'Armance et du Landion pour observer la dynamique des cours d'eau. La même chose a été décidée concernant l'absence de végétalisation des berges

Ressources

Restauration hydromorphologique de l’Armance, du Landion et de leurs zones humides d’accompagnement

Centre de ressources du Génie écologique

Les partenaires de ce projet

(AESN) agence-de-leau-seine-normandie_logo

Agence de l'eau Seine-Normandie

Fédération de la chasse de l’Aube

Fédération de la chasse de l’Aube

Fédération des pêcheurs de l’Aube

Fédération des pêcheurs de l’Aube

CBNBP - Conservatoire botanique national du Bassin Parisien

Conservatoire botanique national du Bassin Parisien

Office Français de la Biodiversité - Direction régionale Nouvelle-Aquitaine

Office français de la biodiversité

davrey

Commune de Davrey

Communauté de Communes du Chaourçois et du Val d’Armance

Communauté de Communes du Chaourçois et du Val d’Armance

INRAE

Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l’environnement (INRAE)

logo LPO ligue de protection des oiseaux

Ligue pour la Protection des Oiseaux 89

DREAL GRAND EST

DREAL Grand Est

Office national de la chasse et de la faune sauvage

Office national de la chasse et de la faune sauvage (Oncfs)

ONF-logo-aquagir

Office national des forêts (Onf)

Ministère de l'Education nationale

Ministère de l'Education nationale

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Association Eskaapi

CIEOA - Centre d’Initiation à l’Environnement d’Othe et d’Armance (Cieoa)

Centre d’Initiation à l’Environnement d’Othe et d’Armance (Cieoa)

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

BBF – Bongard Bazot et Fils

Mouturat JAD

Bureau d'études Arion Idé

Hydrosystème ingénierie

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