Annonay Rhône Agglo (07) sécurise son alimentation en eau en renouvelant une conduite stratégique
Suite à des fuites et à une casse importante, les équipes en charge de l’eau potable d’Annonay Rhône Agglo ont décidé de renouveler les deux kilomètres de conduite permettant d’emmener les eaux brutes du barrage du Ternay à l’usine de production d’eau potable, qui alimente 20 000 habitants. Une opération complexe !
Au menu : la contractualisation de conventions de passage avec 35 propriétaires, un phasage des travaux contraint par des impératifs agricoles, le choix de conduites adaptées à une eau acide et, enfin, une finalisation des travaux à réaliser en un temps record pour assurer la continuité de l’alimentation en eau !



Entretien avec Denis Honoré et Delphine Patouillard

Ce projet est présenté par :
- Denis Honoré, vice-président d’Annonay Rhône Agglo en charge de l’eau potable
- Delphine Patouillard, cheffe de service études et projets eau et assainissement à la régie de l’eau et de l’assainissement d’Annonay Rhône Agglo
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet s’est‐il imposé à l’agenda d’Annonay Rhône Agglo ?
Delphine Patouillard : En 2019, nous avons subi des fuites sur la conduite qui relie le barrage du Ternay à l’usine de production d’eau potable, nous avons donc décidé de la renouveler. En 2020, une casse sur la conduite a généré de grosses pertes : 150 m3/h. Nous avons alors accéléré le projet, pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable d’Annonay et Villevocance, près de 20 000 habitants !
Denis Honoré : J’ajoute que les économies d’eau font partie des priorités de notre Plan Climat-Air-Energie Territorial (PCAET) de 2017. Ce projet s’intègre dans un plan d’investissement d’envergure, puisque nous construisons également une nouvelle usine d’eau potable plus performante, pour économiser notre ressource.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Delphine Patouillard : Nous n’avons pas suivi de sources d’inspiration sur ce projet.
Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Delphine Patouillard : La réglementation ne nous impose pas d’études d’impact sur ce genre de projet. Mais nous avons travaillé en amont avec toutes les parties prenantes. Le projet a nécessité deux ans de préparation, de 2019 à 2021. Il s’agissait en effet de prendre en compte les contraintes des 35 propriétaires sur le tracé, pour respecter notamment les cultures agricoles. Nous avons travaillé avec eux sur le phasage des travaux. Le tracé comprenait également la traversée d’une rivière, avec des contraintes de préservation du milieu.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Delphine Patouillard : Nous avons les compétences en interne pour mener un tel projet : la définition du besoin, l’élaboration des marchés publics, le suivi des travaux. Mais, étant donnés la complexité et les enjeux du projet, nous avons fait appel à un maître d’œuvre pour nous accompagner. Pour le volet juridique lié aux conventions de passage avec les 35 propriétaires privés, nous avons été assistés par le service juridique de l’agglomération. Enfin, il faut connaître le territoire et ses particularités. Ici, notre eau est un peu acide et peu minéralisée, elle peut, à la longue, détériorer les conduites. Nous avons choisi un modèle de canalisation adapté, avec revêtement intérieur à base de polyuréthane, très robuste.
Denis Honoré : Il faut aussi connaître les acteurs du territoire. Outre les agriculteurs sur le tracé, nous avons échangé avec nos industriels sur Annonay pour anticiper la phase finale des travaux. Nous leur avons demandé de ne pas faire de gros tirages sur le réseau public le jour du raccordement. Si notre prestataire, la Saur, a stocké un maximum d’eau dans les réservoirs pour alimenter la population durant le raccordement, les réserves n’étaient pas illimitées.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Delphine Patouillard : Le cabinet Merlin nous a accompagnés pour les études. Nous avons aussi travaillé avec les entreprises de travaux publics Christian Faurie et Rampa et la Saur pour planifier le raccordement amont et aval et la mise en service de la conduite. Comme Denis l’a expliqué, nous avons stocké l’eau 24 heures avant les travaux. Il s’agissait ensuite de réaliser la vidange de l’ancienne conduite, son démontage, le raccordement de la nouvelle conduite et sa mise en eau, en 10 heures. Un temps record, pour assurer la continuité d’alimentation !
Denis Honoré : Pour ce qui est de l’adhésion, nous avons rencontré tous les propriétaires privés concernés par le passage de la conduite pour expliquer le projet et écouter leurs contraintes. Nous avons également communiqué dans le magazine de l’agglomération pour expliquer le projet, et les potentielles augmentations du prix de l’eau.
Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Delphine Patouillard : Le projet a coûté 1 846 600 euros : nous avons autofinancé 1 383 950 euros HT et l’Agence de l’eau a participé à hauteur de 462 650 euros HT, soit 25 % de l’opération.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Delphine Patouillard : Outre le cabinet Merlin pour les études et nos entreprises de TP Christian Faurie et Rampa, nous avons été aidés par la Direction départementale des territoires (DDT) durant les phases d’études et de travaux et par le syndicat des trois Rivières pour la préservation du milieu lors de la traversée de la conduite. L’agence de l’eau nous a également accompagnés.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2019–2021
2021
Juillet 2022
Mars 2024
Chiffres clés
2,2
1 846 600
450
À retenir
Des problématiques foncières parfois longues et fastidieuses, mais qui ont permis d’aboutir à des accords à l’amiable avec les propriétaires. Un arrêt de chantier de plusieurs mois en lien avec la traversée d’une parcelle privée.
Une sécurisation de l’approvisionnement mais aussi des économies sur la ressource grâce à des conduites très robustes, permettant d’éviter durablement les fuites.
Un projet réalisé en partenariat avec toutes les parties prenantes, notamment les propriétaires agricoles sur le tracé, pour respecter toutes les contraintes.
Ressources
L’eau potable trace sa route après le barrage du Ternay
1,8 million d’euros sont investis par Annonay Rhône Agglo pour renouveler la conduite d’eaux brutes entre le barrage du Ternay et la station de traitement en aval. Un enjeu primordial pour l’approvisionnement en eau potable des Annonéens et Villevocançois
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

DDT

Syndicat des trois Rivières
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur Annonay Rhône Agglo
Nombre de communes
Population
Données de contact
- Annonay Rhône Agglo, Rue de la Lombardière, 07430 Davézieux
Les autres projets - Production de l’eau
Rénovation des usines d’eau potable Guy Robin et de Coatigrac’h par le Syndicat Mixte de l’Aulne (29)
Le barrage de Saint-Sernin-du-Bois (71) s’offre une nouvelle jeunesse


La nouvelle usine d’eau potable de Saint-Brieuc Armor Agglomération (22) : une réponse innovante aux défis de l’eau potable


Vous êtes passés à l'action sur la gestion de l'eau ?
