Grâce aux PSE, Valence Romans Eau (26) rémunère ses agriculteurs pour les aider à aller vers des pratiques agroécologiques
Engagée dans une démarche captages prioritaires*, Valence Romans Eau a développé depuis 2017 un ambitieux programme d’accompagnement technique au changement des pratiques agricoles. L’enjeu ? Améliorer la qualité de l’eau sur le territoire pour garantir la production et la distribution d’une eau potable de bonne qualité à nos abonnés.
Menée depuis 2020 avec le soutien de l’Agence de l’eau, l’expérimentation de Paiements pour services expérimentaux (PSE) s’inscrit dans cette démarche, en donnant les moyens financiers aux agriculteurs de s’engager dans des pratiques vertueuses souvent risquées pour leur rendement. Distribués chaque année durant cinq ans, ces paiements récompensent concrètement leurs avancées en matière de transition agroécologique.
*la démarche Captages prioritaires, présentée sur le site de la DREAL Auvergne Rhône-Alpes




Entretien avec Chloé Cugniet et Floriane Ollier

Ce projet est présenté par :
- Chloé Cugniet, technicienne préservation de la ressource et animatrice PSE au service gestion et préservation de la ressource en eau à Valence Romans Eau
- Floriane Ollier, responsable du service gestion et préservation de la ressource en eau à Valence Romans Eau
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet des paiements pour services expérimentaux s’est‐il imposé à l’agenda de Valence Romans Eau ?
Floriane Ollier : Nous sommes engagés sur le sujet de la qualité de l’eau depuis plus de quinze ans. En 2017, nous avons monté un programme d’accompagnement technique individuel et collectif pour aider les agriculteurs sur nos zones de captage à adopter de nouvelles pratiques au service de la préservation de la ressource en eau. Selon les sujets, nous travaillons avec différents partenaires : la Chambre d’agriculture de la Drôme, Agribiodrôme, l’association d’agroforesterie drômoise (ADAF), PermaLab, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et Agrinichoirs.
Chloé Cugniet : Dans ce contexte, quand, en 2019, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a lancé un appel à initiatives pour la mise en place de Paiements pour services environnementaux (PSE), nous avons répondu sans hésiter ! En nous donnant les moyens de rémunérer les bonnes pratiques agricoles, ce dispositif de PSE représentait l’outil financier qui nous manquait pour inciter les agriculteurs à franchir le pas. En effet, ces pratiques vertueuses présentent souvent des risques pour leur rendement.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Floriane Ollier : Nous manquions de sources d’inspiration car nous avons fait partie des premières collectivités engagées ! En revanche, nous avons beaucoup échangé avec nos homologues de la Communauté d’agglomération Porte de l’Isère qui expérimentaient également le dispositif.
Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Chloé Cugniet : Nous avons d’abord fixé la trajectoire de la collectivité, nos ambitions autour de nos deux briques : paysagères, pour préserver la biodiversité, et en matière de production agricole, pour améliorer la qualité de l’eau sur les zones de captage prioritaires. Ensuite, nous avons travaillé avec chacun des agriculteurs retenus pour fixer une feuille de route à la fois ambitieuse et tenable, sur les cinq années du PSE. Un énorme travail !
Floriane Ollier : J’ajoute que nous avons un moyen efficace de mesurer l’impact de nos actions : nous disposons d’un observatoire de l’eau permettant des mesures assez fines !
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Floriane Ollier : Il faut connaître l’agriculture du territoire, ses spécificités, pour fixer des objectifs tenables en fonction des différentes contraintes des cultures. Il faut savoir accompagner les agriculteurs, ce que nous faisions déjà avec nos partenaires, via le programme d’accompagnement technique individuel et collectif. Évidemment, il faut connaître le fonctionnement hydrogéologique. Enfin, le volet administratif est très conséquent ! Sur le sujet juridique et économique, Ceresco, une entreprise de conseil spécialisée dans le secteur agricole, nous a aidés.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Floriane Ollier : La partie dimensionnement est un gros morceau ! Il s’agit d’établir le bon diagnostic au départ pour chaque agriculteur, pour fixer les bons objectifs chiffrés, bases de la rémunération annuelle. Nous avons été accompagnés sur cette partie par les bureaux d’études SCE et Ceresco.
Chloé Cugniet : Côté indicateurs, pour la brique production, nous sommes partis sur des indicateurs de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) pour les fertilisants azotés et les herbicides. Nous mesurons également la longueur des rotations et la couverture du sol pendant les intercultures, une priorité pour la qualité des sols sur notre territoire. Pour la brique paysagère, nous avons des indicateurs sur le milieu et le pourcentage d’infrastructures agro-écologiques, notamment de haies. Suite au diagnostic initial, nous avons fixé des objectifs précis sur chaque indicateur à nos 39 agriculteurs. Le règlement annuel des PSE est conditionné par la réponse à ces objectifs.
Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Floriane Ollier : Pour ce projet de cinq ans à 3 millions d’euros, nous avons reçu 2 850 000 euros de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et autofinancé les 150 000 euros restants.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Valence Romans Eau dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Floriane Ollier : Outre le bureau d’études SCE pour les diagnostics de départ et annuels, nous avons travaillé avec Ceresco pour le dispositif juridique/économique. En interne, ce projet a mobilisé notre équipe de quatre personnes : Chloé et moi-même, mais aussi Mathilde Cyr et Antonin Thollot. Quant à nos partenaires sur notre programme d’accompagnement technique individuel et collectif, cités plus haut, ils sont également liés aux PSE, puisqu’ils accompagnent les volontaires parmi les 39 agriculteurs engagés dans le dispositif.
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Le projet en détails
Dates clés
2019
2020
2020 - 2025
2025
Chiffres clés
39
3 000
3
À retenir
Grâce à cette incitation financière, les agriculteurs ont pu prendre des risques en testant des pratiques agricoles vertueuses pour la préservation de la qualité des sols, et donc de l’eau. Le dispositif a permis de toucher des profils très différents, du petit exploitant en maraîchage bio au gros exportateur céréalier sur 200 hectares. Certains sont élus à la Chambre d’agricultures et ont pu faire remonter ces bonnes pratiques !
Grâce à une prise en charge du volet administratif par Valence Romans Eau et à un accompagnement technique, la mise en œuvre des PSE est facilitée pour les agriculteurs.
L’imposition de nouvelles normes en cours de contrat PSE - changement des règles de la PAC et mise en œuvre du Label Haie – a déstabilisé les agriculteurs, une partie a quitté le dispositif au moment du changement des règles de la PAC.
Ressources
Paiements pour services environnementaux : l’expérimentation démarre
L’appel à candidature pour ... déposées sur le territoire de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. 21 projets ont finalement été retenus dont celui de Valence Romans Agglo.
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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