Transformer des équipements sportifs en bassins écrêteurs de crue à La Garde (83)

Comment le sujet s’est il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Le sous-bassin versant de la Planquette situé sur la commune de La Garde (métropole Toulon Provence Méditerranée) a subi de nombreuses inondations ces dernières années qui ont démontré la vulnérabilité du secteur. Ce ruisseau est situé à quelques encablures de la Méditerranée, dans un secteur très densément urbanisé, au cœur de la cinquième zone commerciale de France et d’un campus étudiant.
Les usagers et riverains du sous bassin versant de cet affluent de l’Eygoutier (clients des commerces et étudiants notamment) ont par le passé payé un lourd tribut aux caprices du cours d’eau. En effet, l’Université de Toulon a subi un drame majeur le 26 octobre 2012 avec la mort de deux étudiants à la suite du débordement du cours d’eau traversant le campus.
Dès lors, l’étude du bassin versant du ruisseau de La Planquette est devenue une priorité pour réduire le risque inondation.
Ce programme d’aménagement du ruisseau de la Planquette , porté par le Syndicat de Gestion de l’Eygoutier, réalisé dans le cadre du Programme d’Actions de Protection des Inondations (PAPI), a abouti à un projet ambitieux de plus 23 millions d’euros avec la création d’un chapelet de bassins écrêteurs de crues. Ces trois ouvrages constituent la première phase de travaux.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Le constat était assez simple : de nombreuses actions PAPI sont ralenties, voire abandonnées par manque de maîtrise foncière. Nous nous sommes donc orientés vers des emprises publiques compatibles pour implanter les bassins écrêteurs de crues.
Les bassins sont situés à La Garde, au Stade Guy Moquet, sur le site de lancer de poids (5 826 m3), sur un site de tir à l’arc (6 220 m3) et à La Valette-du-Var, sur le parc des Moulières (4 950 m3).

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Ces aménagements sont le résultat de cinq années de travail. De nombreuses études ont été nécessaires. Cependant, la première étude pour pouvoir inscrire ce projet aux actions PAPI était d’établir un schéma directeur d’aménagement hydraulique de La Planquette. Celui-ci a consisté à affiner la connaissance de l’aléa inondation sur le secteur, à définir les aménagements envisageables et à mettre en évidence l’intérêt économique, social et environnemental des aménagements prévus. Plus précisément, dans l’analyse multicritère, vis à vis de ce site densément peuplé et urbanisé, ce sont près de 703 emplois et 168 habitants par an qui peuvent potentiellement être protégés. Au vu du bénéfice attendu, cela nous a aidés à valider le projet dans le cadre du PAPI.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Le syndicat assure l’entretien des équipements hydrauliques. Cependant, l’entretien des aménagements de surface (tonte et entretien paysager) reste à la charge des gestionnaires des sites (commune, métropole, associations sportives).
La première compétence est sans nul doute la pédagogie pour faire comprendre et faire accepter la démarche à la fois aux élus mais aussi aux riverains concernés.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Pour le syndicat, le bon dimensionnement est la rétention d’un volume d’eau maximum, en gardant en tête que c’est bien la vitesse et la hauteur d’eau qui créent le risque.
Cependant, le bassin versant de la Planquette est fortement urbanisé. Il faut donc faire avec les emprises disponibles, la hauteur de la nappe qui est à peine à quelques mètres sous nos pieds et les contraintes d’accès et d’usages sportifs.
De nombreuses rencontres ont été nécessaires pour prendre en compte les besoins des usagers et s’approprier les normes dans le cas des usages sportifs (aires de lancer de poids, tir à l’arc, pétanque). Nous avons également créé des panneaux explicatifs à destination des riverains et usagers afin qu’ils intègrent que ces bassins multi-usage ne sont plus à fréquenter en cas de fortes pluies, car ils peuvent se remplir (heureusement progressivement !) et assurer ainsi leur mission d’écrêtage de crue.
Grâce aux panneaux et aux mises en situation, chacun a pu comprendre qu’abaisser la ligne d’eau, c’était abaisser le risque sur le long terme.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le total de l’opération s’élève à 4,7 millions d’euros HT, financée à 50 % par le Syndicat de Gestion de l’Eygoutier et 50 % par l’État au titre des Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Aucun.