Saint-Raphaël (83) réutilise les eaux usées traitées de la station d’épuration d’Agay pour irriguer le Golf de Cap Estérel

Comment le sujet de la REUT s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Face aux canicules qui se répètent ces dernières années, nous subissons des arrêtés préfectoraux « sécheresse », malgré une très bonne gestion de l’eau sur notre territoire, du fait d’une solidarité avec d’autres territoires. Ces arrêtés durent parfois jusqu’au début de l’hiver. Il était donc urgent de se questionner sur nos moyens pour ne plus subir ces restrictions d’eau amenées à se multiplier dans le contexte climatique que l’on connaît.

Nous voulions préserver la ressource et mener une politique de l’eau volontariste, non punitive qui accompagne les usagers sur le territoire (acteurs économiques comme citoyens).

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Dans le plan d’action gouvernemental dit Plan « EAU » pour une gestion résiliente et concertée de l’eau, présenté en Mars 2023, le Président de la République a annoncé sa volonté de faciliter la réutilisation des eaux usées traitées. Son objectif est de passer à 10 % de réutilisation des eaux usées d’ici 2030. Elles ne le sont qu’à hauteur de 1% actuellement.

Jusqu’alors, le cadre réglementaire sur la réutilisation des eaux usées traitées n’était pas encore vraiment ajusté, limitant drastiquement ce type de projet. Mais cela a évolué et nous sommes l’un des premiers territoires de la Côte d’Azur à le mettre en pratique. 

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Nous avons réalisé sur notre territoire, avec notre délégataire Veolia, une étude d’opportunité de la réutilisation des eaux usées pour identifier autour des stations d’épuration les usagers potentiels et leurs besoins (nature, volume,…).

Pour la station d’épuration d’Agay, la faisabilité du projet a été définie rapidement au regard notamment d’un usager situé à proximité immédiate, le Golf de Cap Estérel.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

La complexité du projet réside dans son cadrage réglementaire et technique et son plan de financement.

Il a fallu s’entourer d’experts pour respecter le cadre strict de la réglementation et engager un dialogue avec les Services de l’Etat pour définir les objectifs quantitatifs et qualitatifs attendus. Ceci a abouti à un arrêté préfectoral en 2022. Ce dernier cadre le dispositif avec 2 bénéficiaires clairement désignés : le producteur, Estérel Côte d’Azur Agglomération et l’exploitant utilisant les eaux usées traitées, l’Association Syndicale de Cap Estérel propriétaire du golf. Il est complété par une convention tripartite pour y intégrer Veolia, en charge de l’installation sur la STEP d’Agay.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Notre politique de gestion de l’eau se veut ambitieuse pour avoir des impacts réels. Nous devions évaluer les besoins des différentes catégories d’usagers, pour mettre en place une politique globale d’actions et d’investissements. Ce que nous avons fait avec une étude d’opportunité de la réutilisation des eaux usées sur tout notre territoire. Ensuite, chaque projet est une démarche concertée et partenariale pour trouver le meilleur équilibre dans le respect de la réglementation et du contexte local et technique.

Nous communiquons aussi de manière pédagogique auprès de nos administrés pour sensibiliser à l’urgence d’être plus sobre, à petite comme à grande échelle. Nous présentons toutes nos actions et les moyens mis en œuvre en faveur d’une gestion vertueuse de l’eau. Le projet de la STEP d’Agay n’est qu’un exemple de notre politique globale. 

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Nous avons financé ce projet et bénéficié d’une subvention de l’Agence de l’Eau à hauteur de 50% de l’équipement complémentaire à la STEP. Les programmes de l’Agence de l’Eau évoluent régulièrement, il faut se renseigner dans chaque territoire auprès de sa délégation régionale pour avoir une visibilité permettant un tel investissement.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Nous avons travaillé avec les Services de l’Etat (DDTM), Veolia et des bureaux d’étude pour la mise en œuvre du projet. Nous avons aussi communiqué avec nos partenaires et les usagers de Cap Estérel pour expliquer la démarche et désamorcer toute crainte sur la qualité de l’eau obtenue.