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À Blacé et Lacenas (69), des roseaux et de l’air pour assainir l’eau

Confrontée à des sites contraints, avec des exigences d’efficacité élevées, la communauté d’agglomération Villefranche Beaujolais Saône a opté pour l’installation de deux stations d’épuration qui fonctionnent avec des filtres plantés de roseaux, équipés d’un système d’aération forcée.

Novateur, le dispositif affiche des résultats meilleurs qu’espérés. Il fera, durant les prochains mois, l’objet d’un suivi par les chercheurs de l’Inrae.

Entretien avec Jean-Pierre Dumontet et Pierre Arricot

Parole de collectivité
A gauche, Jean-Pierre Dumontet, Vice-président de la communauté d'agglomération Villefranche Beaujolais Saône, chargé de l’eau et de l’assainissement et Pierre Arricot ingénieur Grands Projets, à la communauté d'agglomération Villefranche Beaujolais Saône, devant les filtres - Crédits photo : Banque des Territoires
Assainissement des eaux usées

Ce projet est présenté par :

  • Jean-Pierre Dumontet, Vice-président de la Communauté d’Agglomération Villefranche Beaujolais Saône, chargé de l’eau et de l’assainissement
  • Pierre Arricot, Ingénieur Grands Projets, Communauté d’Agglomération Villefranche Beaujolais Saône
Aujourd’hui, l’intégration paysagère est si bien réussie que les gens n’identifient pas ce site comme celui d’une station d’épuration. De plus, il n’y a pas de nuisances olfactives, alors qu’il avait pu y en avoir par le passé, avec les boues activées. Enfin, les voisins de la station de Blacé ne se manifestent plus auprès de nous, c’est plutôt bon signe !
Jean-Pierre Dumontet

Parole de collectivité

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Comment ce projet de stations d’épuration d’un nouveau type et sur deux sites s’est‐il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

C’est un peu un concours de circonstances. Nous avions été démarchés par une société qui proposait ce dispositif assez novateur de filtre planté à aération forcée. La solution nous avait semblé intéressante. Nous avions deux stations d’épuration construites dans les années quatre-vingt qui arrivaient en fin de vie : elles étaient vétustes et la qualité des eaux après traitement n’était pas conforme. Nous avions alors en tête cette solution innovante. Puis, en septembre 2020, l’Agence de l’eau nous a informés du lancement de son dispositif Rebond, qui apportait un soutien financier très avantageux, notamment pour les stations d’épuration. Nous avons alors franchi le pas et entrepris les démarches pour transformer nos stations d’épuration de Blacé et de Lacenas.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous avons beaucoup étudié les résultats de la première station française à être équipée de ce dispositif nommé Rizosph’air par la société Savea, anciennement Syntea, qui le commercialise. Située dans le Jura, cette station avait cinq années de fonctionnement quand nous avons commencé, ce qui donne un aperçu assez fiable. Nous avons aussi visité deux stations nouvellement réalisées dans l’Ouest Lyonnais. Cette solution répondait à notre envie d’un équipement plus rustique, et plus naturel, tout en présentant des niveaux de rejets bien meilleurs que les filtres plantés de roseaux traditionnels. Avec encore un autre avantage non négligeable : les Rizosph’air sont moins consommatrices de fonciers que les filtres plantés de roseaux traditionnels. Il faut compter un peu moins d’un m2 pour un équivalent habitant avec les Rizosph’air, quand les filtres plantés de roseaux traditionnels nécessitent une surface moyenne de 2 à 3 m2 pour un équivalent habitant. Enfin, c’est un système qui réagit très bien aux variations de débit, et nous permet donc de garder de très bons niveaux de rejets, y compris lors d’épisodes de fortes pluies.

Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Le projet de reconstruction des deux stations, Blacé et Lacenas, a donc été lancé fin 2020 avec la passation d’un marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage qui a été confié à Suez Consulting en janvier 2021. Les études de faisabilité ont permis de confirmer le choix d’une solution technique : filtre planté à aération forcée ou lit bactérien avec filtre planté pour Lacenas et boue activée pour Blacé. Les études réglementaires ont été réalisées afin d’obtenir les autorisations nécessaires dès la fin d’année 2021. L’entreprise a commencé à travailler sur le projet de la station de Lacenas, et elle est revenue pour nous proposer ce même système de filtre planté à aération forcée pour Blacé, dans le cadre d’une variante au projet initial. Construction moins coûteuse, procédé adapté au traitement du phosphore et de l’azote, la proposition répondait avantageusement à nos besoins… seul problème, nous ne disposions pas du foncier suffisant. Nous l’avons donc acquis, via une réserve foncière mise en place par la commune pour Blacé, et via l’achat d’une prairie auprès d’un particulier à Lacenas.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?

En interne, il faut avoir des connaissances bien réelles sur ces questions d’assainissement : il faut bien connaître son réseau, son système. C’est tout l’avantage d’avoir un projet porté par l’agglo : il y a des compétences en interne. Nos équipes sont aussi capables d’aller chercher les bons conseils et de piloter ce type d’opération.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

En 2020, le schéma directeur de l’assainissement venait tout juste d’être terminé. Il avait notamment été question de transférer la station de Blacé sur un autre site. La police de l’eau nous en avait dissuadés, car les eaux de la station de Blacé, une fois traitées, rejoignent le Bief du Lay puis le marais de Boistray, qui est un site Natura 2000. À certaines périodes de l’année, c’est même sa seule source d’alimentation. Nous avons donc gardé la station sur ce site. Enfin, tout ce qui concerne le dimensionnement de ces deux stations avait été prévu au schéma directeur, validé par le conseil communautaire et la police de l’eau : nous n’avions plus qu’à suivre ses recommandations. Nous avons associé les voisins directs de la station afin de les rassurer. La période de travaux n’a pas toujours été simple et il a fallu être très présents. Aujourd’hui, l’intégration paysagère est si bien réussie que les gens n’identifient pas ce site comme celui d’une station d’épuration. De plus, il n’y a pas de nuisances olfactives, alors qu’il avait pu y en avoir par le passé, avec les boues activées. Enfin, les voisins de la station de Blacé ne se manifestent plus auprès de nous, c’est plutôt bon signe !

Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

La collectivité a pu bénéficier d’une aide significative comprise entre 30 et 40 % de la part de l’agence de l’eau, avec le dispositif Rebond. Ainsi, pour la station de Blacé dont le coût de construction a été de 1 750 000 euros HT (études comprises), la subvention a été de 581 572 euros. Le reste a été pris en charge par la communauté d’agglomération.
Par ailleurs, grâce à ce nouvel équipement plus sobre et rustique, la collectivité a pu bénéficier d’une économie substantielle, notamment sur le volet énergétique (50 % d’économie par rapport à un traitement traditionnel) et sur la gestion des boues simplifiée.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Suez consulting a été notre assistant à maîtrise d’ouvrage, l’agence de l’eau RMC nous a accompagnés pour le financement et l’autosurveillance, la DDT, en charge de la police de l’eau, a également apporté son expertise, enfin nous avons été assistés par des entreprises, dont Syntea, aujourd’hui Savea, mandataire du groupement de travaux, pour la partie process du filtre planté à aération forcée.

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Le projet en détails

Dates clés

fin 2020

Début du projet

début 2022

Démarrage des travaux

septembre 2022

Mise en service partielle (1er filtre)

mars 2023

Mise en service de la nouvelle installation (2 filtres)

Chiffres clés

2 280

équivalents habitants à Blacé

1 950

équivalents habitants à Lacenas

À retenir

L’intégration paysagère est très réussie : peu de personnes identifient cet endroit comme une station d’épuration

Le budget d’investissement s’avère au moins 500 000 euros moins cher que pour une station à boues activées et les résultats en sortie de station sont excellents, même au-delà des attentes

Pour Blacé, nous avons mené le chantier en deux fois, afin d’assurer la continuité de service. C’est une contrainte que nous avons finalement bien gérée

Ressources

Des stations d’épuration plus performantes et plus écologiques

Le progrès

Les partenaires de ce projet

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Suez Consulting

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

Direction départementale des Territoires

Direction départementale des Territoires

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

En savoir plus sur la Communauté d'Agglomération Villefranche Beaujolais Saône

habitants en 2022

73 717

communes

18

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