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Le programme Jourdain : expérimenter en conditions réelles le circuit court de l’eau (85)

Face aux tensions croissantes sur la ressource en eau, Vendée Eau, service public de l’eau desservant 450 000 abonnés, développe sur 2018-2027 une expérimentation en conditions réelles de valorisation circulaire de l’eau.

Premier de ce type en Europe, le programme Jourdain consiste à réutiliser des eaux usées traitées pour l’alimentation en eau potable : à la sortie de la STEP des Sables d’Olonne, un quart de l’eau est récupérée avant son rejet en mer, purifiée par une station d’affinage puis acheminée sur 27 km jusqu’au barrage du Jaunay.

L’eau transite par une zone végétalisée avant d’être mélangée aux eaux de la rivière qui alimente l’usine de production d’eau potable.

Entretien avec Denis GUILBERT

Parole de collectivité
Denis Guilbert, directeur général de Vendée Eau - Crédits photo : Vendée eau
Assainissement des eaux usées

Ce projet est présenté par :

  • Denis GUILBERT, directeur général de Vendée Eau
Le programme Jourdain est devenu une vitrine pour Vendée Eau. C’est un facteur de rencontres et d’opportunités. Je pense que cela a fait grandir Vendée Eau.

Denis Guilbert

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le projet Jourdain s’est-il imposé à l’agenda de Vendée Eau ?

La Vendée est un territoire très tendu sur la ressource en eau, car il y a peu de nappes phréatiques. Historiquement, pour apporter de l’eau potable à l’ensemble des usagers, on a créé treize barrages sur des cours d’eau avec des retenues, et onze usines d’eau potable en amont. Les eaux superficielles représentent 90% de l’origine de l’eau potable. Face au constat de déficit en eau à l’horizon 2030, nous travaillons sur différentes pistes : économies d’eau chez l’usager, réduction des pertes sur les conduites et sur les canalisations, et même le stockage d’eau en carrière.

Néanmoins, les tensions sur la ressource restent importantes, d’autant plus que le territoire est très touristique et dynamique. Dans les années 2010, deux solutions de ressources nouvelles ont été identifiées : la désalinisation et les eaux non conventionnelles. Mais la désalinisation coûte cher en énergie et soulève le problème de la gestion de la saumure. Vendée Eau s’est alors tournée vers la deuxième option : récupérer les eaux des stations d’épuration littorales. Comme les eaux traitées sont rejetées en mer, elles ne servent pas au soutien d’étiage des cours d’eau en été. Cela en fait une solution d’autant plus pertinente.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

En 2014, nous nous sommes inscrits dans le programme européen Demoware sur la Réutilisation des eaux usées traitées (REUT), ce qui nous a permis d’échanger sur la faisabilité du projet avec des partenaires étrangers et de faire du sourcing. Il y avait des exemples de réalisation en Namibie et à Singapour. On parlait déjà beaucoup de la REUT même si ce n’était pas encore développé.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Le programme Demoware correspond à une étude de pré-faisabilité. Mais Jourdain constitue lui-même un programme expérimental d’économie circulaire de l’eau, développé sur 10 ans (2018-2027). Il comprend tout d’abord des études antérieures à la mise en service des installations, incluant les dossiers réglementaires en relation avec la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de Vendée et l’Agence régionale de santé, ainsi que les études de dimensionnement des infrastructures.

Concernant les études d’impact, nous y sommes encore. Jourdain expérimente la réutilisation des eaux usées traitées en conditions réelles. L’unité d’affinage traite 25 % des eaux rejetées en sortie de la STEP des Sables d’Olonne (soit 150 m3/h). L’eau est ensuite acheminée des Sables d’Olonne vers la rivière du Jaunay, via 27 km de canalisation, pour être réinjectée en zone végétalisée. Elle transite alors lentement dans une retenue avant traitement final à l’usine d’eau potable du Jaunay. Sur la période 2024-2026, les travaux de recherche et d’innovation se poursuivront et les impacts du programme en fonctionnement seront évalués sur les plans environnemental, sanitaire et social. Un bilan du programme dans son ensemble sera mené en 2027.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Je crois qu’il faut d’abord une structure très solide. Vendée Eau a une envergure départementale, ce qui est une chance car cela nous permet d’avoir des compétences assez fortes en ingénierie. Il faut également des compétences pour le suivi de marché mais aussi pour le suivi administratif et financier.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le projet est très innovant puisqu’il s’agit du premier de ce type en Europe. Nous avons donc fait le choix de tester et démontrer que cela fonctionne. Pour dimensionner le projet, il a fallu définir le volume d’eau récupéré en sortie de STEP aux Sables d’Olonne puis traité par l’unité d’affinage. La station d’épuration rejette 600 m3/heure, ce qui représenterait le volume maximum récupérable. Nous avons opté pour un démonstrateur, sans viser directement le dimensionnement maximal. Le ratio finalement retenu est d’un quart du volume maximal, pour pouvoir réfléchir à la manière d’optimiser la technologie si l’on passe au volume maximal : par exemple, est-ce le bon niveau de traitement ? Peut-on optimiser le dispositif sur le plan énergétique ? Cela permet d’avoir du recul.

Concernant l’adhésion des usagers, nous avons fait beaucoup de communication et de réunions publiques, parce que le projet n’est pas simple. Nous étudions encore les attentes des usagers. Il peut y avoir des freins psychologiques, mais ce qui nous importe c’est que l’eau du robinet soit de bonne qualité et que les usagers gardent confiance en nous sur ce point. Nous devons être très clairs sur le fait que l’on garantit la qualité de l’eau au robinet.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le budget total s’élève à 24,5 millions d’euros, auto-financé à 49%, le reste étant couvert par des financements publics. Nous aimerions être un peu plus aidés, parce que les Vendéens financent le projet pour une grosse partie, alors que finalement il va servir à tout le monde. Je pense que nous pourrions avoir plus de subventions au niveau européen et même au niveau national.

La répartition globale est la suivante :

  • Vendée Eau : 12,08 millions €
  • Agence de l’eau Loire-Bretagne : 7,37 millions €
  • Département de Vendée : 2,2 millions €
  • Région Pays de la Loire : 1,6 millions €
  • Europe (FEDER) : 973 000 €
  • Fonds national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT) : 159 000 €

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Vendée Eau dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Les services de l’État tout d’abord. Le préfet est le co-président du comité de pilotage du programme Jourdain. L’ARS et la DDTM suivent le projet depuis son émergence. Les financeurs (agence de l’eau, région et département) sont également actifs. Nous avons aussi travaillé avec des acteurs privés, notamment en assistance à maîtrise d’ouvrage. Il y a vraiment tout un écosystème autour de ce projet.

Autres partenaires :

Une convention a été signée avec Sables d’Olonne Agglomération pour la mise à disposition des effluents de la STEP pour la Réutilisation des Eaux Usées Traitées. Autre partenaire, l’ASTEE (Association Scientifique et Technique pour l’Eau et l’Environnement) héberge le Comité de Scientifiques et d’Experts (COSE) du programme Jourdain.

Entreprises :

  • AMO et études associées : Écofilae, CACG [devenue Rives et Eaux], Groupe Merlin.
  • Conception réalisation et exploitation de l’unité d’affinage : Groupement Véolia – OTV
  • Maître d’œuvre sur la construction des canalisations : Artelia.
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Banque des territoires - Groupe Caisse des dépôts

Le projet en détails

Dates clés

2014-2018

Mise à l'agenda du projet et inspiration (projet Demoware)

2014-2022

Recherche de compétences, diagnostic et planification

2022-2024

Réalisation du projet

2024-2027

Démonstration

Chiffres clés

24,5

millions d'€, le budget total du Programme Jourdain

25

% de la capacité potentielle du démonstrateur

3,8

M de m3 d’eau par an en plus, soit les besoins en eau potable de 75000 personnes

À retenir

Le projet répond à un vrai besoin, donc il est très concret, mais aussi passionnant et innovant.

Nous essuyons les plâtres : c’est beaucoup d’investissement en argent, temps, énergie. La réglementation n’est pas stabilisée, il faut naviguer à vue et s’adapter continuellement, ce qui est inconfortable.

Ressources

Véolia - Vendée Eau, avec le concours de Veolia, prépare l’avenir à travers son programme Jourdain, première expérience en France et en Europe de traitement des eaux usées pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable sur le territoire vendéen

Face aux épisodes caniculaires plus fréquents et à la demande croissante d’eau du fait de l’attractivité de son littoral, la Vendée a lancé une expérience sans précédent en Europe : le programme Jourdain

Les partenaires de ce projet

logo-agence-eau-loire-bretagne-aquagir

Agence de l’eau Loire-Bretagne

conseil départemental vendée

Département de Vendée

Région Pays de la Loire logo

Région Pays de la Loire

FEDER

FEDER

Fonds national d’aménagement et de développement du territoire

FNADT

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

Rives & Eaux du Sud-Ouest

Données de contact

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