Une extension de la station d’épuration de Tilly-sur-Seulles (14) afin d’anticiper l’évolution démographique et industrielle
Achevée en 2023, l’extension de la station d’épuration de Tilly-sur-Seulles traite les eaux usées des trois communes de Tilly-sur-Seulles, Fontenay-le-Pesnel et Bucéels. La capacité nominale de la station passe de 4 000 équivalent/habitant à 7 200 équivalent/habitant.
Ce projet de près de de 2 millions d’euros, financé à 40% par l’Agence de l’eau, va permettre d’augmenter la capacité de lavage de l’usine ELIS.
Avec un système novateur de traitement des boues par lit planté de roseaux, ce projet ambitieux pour ce petit syndicat permettra dans les prochaines années d’absorber le développement démographique des communes mais aussi l’augmentation des rejets de la blanchisserie Elis, dont les capacités sont amenées à doubler dans les prochaines années.




Entretien avec Christian Guesdon, président du syndicat des eaux usées de Tilly-sur-Seulles, Fontenay-le-Pesnel et Bucéels

Ce projet est présenté par :
- Christian GUESDON, président du syndicat des eaux usées de Tilly-sur-Seulles, Fontenay-le-Pesnel et Bucéels. Il est membre du syndicat depuis sa création 1993 et président depuis 2014.
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
À l’origine, en 1990, les communes de Tilly-sur-Seulles et Fontenay-le-Pesnel devaient chacune réhabiliter leurs propres stations d’épuration. Pour faire ces constructions, le préfet nous avait donné un accord de principe, en nous demandant de réunir les deux communes en un seul projet pour obtenir une subvention à 80%. Les deux communes se sont ainsi réunies en un syndicat. La station d’origine à donc été créée en 1993. La commune de Bucéels a rejoint le syndicat en 2013, suite à la création d’un lotissement. A l’époque, la station fonctionnait avec des boues activées avec une capacité initiale de 4 000 équivalent/hab. Il y a 3,5 km de canalisations de refoulement, pour relier Fontenay-le-Pesnel à Tilly-sur-Seulles (où se situe la station).
Mais ces dernières années, les contrôles annuels des services de contrôles de l’Etat et les analyses quotidiennes démontraient que la charge polluante impactait le bon fonctionnement de la station et saturait sa capacité nominale. Les services de contrôle nous ont donc pressé d’entreprendre des travaux. En 2014, dès le début du mandat, le syndicat a entrepris des négociations pour l’acquisition de 4 000 m2 nécessaires à une extension. Les travaux ont débuté le 8 novembre 2021, et la réception a eu lieu le 13 juillet 2023, toujours avec le souci de la continuité du service public assuré par l’exploitant. Il fallait continuer à traiter les effluents pendant les 20 mois de travaux.
Sur le territoire de Fontenay-le-Pesnel, les rejets de la blanchisserie (Elis) représentent 50% des eaux traitées par la station d’épuration, avec une charge polluante plus importante que celle des administrés. Les rejets de l’industriel dans le système d’assainissement sont encadrés par une convention entre la commune, le syndicat d’épuration, l’industriel et le concessionnaire. Nous avons eu beaucoup de réunions avec l’entreprise pour dimensionner la nouvelle station sur leurs projets d’agrandissement, puisque celle-ci prévoit de doubler sa capacité de lavage dans les prochaines années. Nous attendons maintenant que l’usine s’agrandisse, comme prévu, en termes de capacité de lavage et de recrutement. Cela avance, mais le COVID et la conjoncture politico-économique n’accélèrent pas le projet.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
En tant que syndicat, nous ne sommes pas vraiment allés regarder ce qui se faisait ailleurs. Nous avons été bien conseillés par le bureau d’étude qui était déjà à l’origine de la station en 1993. Nous n’avons pas eu besoin d’aller voir au-delà des bons conseils du bureau d’étude.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
En 2016 nous avons commandé un diagnostic du système d’assainissement collectif des communes raccordées (Tilly et Fontenay) et des ouvrages d’épuration. Ce travail a été réalisé par le bureau d’étude Sogeti. Ce diagnostic a mis en évidence des intrusions importantes d’eau claire parasites, d’infiltration de nappes, d’eau claire météorite… ces eaux de pluies qui s’infiltraient dans les canalisations n’avaient donc pas à être traitées. D’où la nécessité de réaliser des travaux sur la station d’épuration afin de traiter les flux futurs. Une fois ce diagnostic achevé, en 2018-2019, le syndicat a mandaté le bureau d’ingénierie CICEE de Bayeux. L’étude d’incidence du rejet sur la qualité de la rivière La Seulles a mis en évidence la nécessité de renforcer les normes de rejets, pour notamment l’azote et le phosphore. Le projet a fait l’objet d’une déclaration au titre du Code de l’environnement.
Quand nous avons pris en charge le coût du diagnostic (subventionné) de 60 000€, celui-ci s’est fait sur les réseaux. Nous avons cette particularité de ne gérer que le traitement au syndicat; les communes devaient faire des travaux sur leur réseau, dont elles ont la compétence. Toutes les communes ont joué le jeu, cela demandait une bonne collaboration.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un projet ?
Il faut un peu d’ancienneté en tant qu’élu, bien connaître le syndicat et bien maîtriser la gestion financière. Nous avons eu un montant de travaux de plus de 2 millions d’euros subventionnés à 40%. Il n’y a pas eu pour autant d’augmentation du prix du m3 de l’assainissement pour l’abonné, grâce à notre bonne gestion financière à Fontenay-le-Pesnel, la commune où je suis élu. Nous sommes un petit syndicat (3 communes, avec un budget annuel de 80 000€) et nous avons tout de même réussi un investissement aussi important, grâce à nos compétences. Sur l’aspect technique, il faut s’entourer en tant qu’élu de bureau d’études efficace, d’être bien conseillé. Dans notre cas, c’est un bureau d’étude de Bayeux, qui était à l’origine de la station en 1993, qui connaît bien le territoire et l’historique.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment le syndicat a-t-il assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Dans le cadre du diagnostic nous avons dû contrôler les assainissements individuels sur les communes. La communication a été prise en charge par le bureau d’étude. Les administrés sont informés des démarches, il y a des contrôles sur les canalisations dans le cadre du diagnostic. Il y a eu des articles de presse locale, au fur et à mesure de l’avancement des travaux et à l’inauguration. Les citoyens ont aussi été informés par les bulletins d’info communaux. L’administré est informé de l’évolution et des coûts : c’est important pour lui de savoir, et d’avoir en tête que ce sont des travaux d’intérêt général.
Comment le syndicat a-t-il financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Suite à l’appel d’offres, l’entreprise SAUR a été retenue en 2020 pour un montant de 1 963 000 euros HT. En parallèle au projet d’extension des ouvrages de traitement, il a été nécessaire de procéder au déplacement et au renforcement de la conduite de refoulement des eaux usées de Fontenay-le-Pesnel à Tilly. Il a fallu revoir le diamètre de la canalisation et la remettre sur le domaine public. L’entreprise FLOROTP a été retenue pour ces travaux de canalisation à hauteur de 199 325 euros HT. L’extension et la canalisations cumulées ainsi que les études préliminaires ont donc coûté 2 162 325 euros HT.
Ces projets ont été subventionnés à 40% par l’Agence de l’eau. Nous avons aussi reçu une avance de 20% (prêt à taux zéro) par l’Agence de l’eau. Un emprunt de 800 000 euros a été contracté auprès de la Banque des Territoires.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Le bureau syndical tient à citer et remercier tous les intervenants qui ont contribué à ce projet :
Le cabinet d’étude SICEE, notre Maître d’Œuvre et son directeur, Monsieur Arnaud Delagrange, Monsieur Laurent Iachkine pour les différentes études préliminaires, Monsieur Nicolas Feron et Vincent Barbot pour le suivi du chantier.
L’entreprise SAUR attributaire du marché avec Monsieur Bouzengue, son Directeur et Arnault Senecal, Monsieur Grégory Malherbe, Monsieur Sébastien Foissard et David Marrazi pour le suivi du chantier, Monsieur Pichard et Monsieur Nicolas Laurent pour l’entreprise VAUBAN (gros œuvre), Monsieur Mickael et Madame Nathalie Aubertin, Madame Travers pour l’Agence de l’Eau Seine Normandie, concernant l’attribution des subventions et des avances financières. Nous tenons également à remercier l’ensemble des délégués syndicaux et les trois municipalités actuelles et du mandat précédent pour leur totale adhésion à ce projet d’intérêt général.
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Le projet en détails
Dates clés
1993
2014
8 novembre 2021
13 juillet 2023
Chiffres clés
7 200
2 000
137 804
À retenir
Ce sont des projets d’intérêt général. En tant qu’élu on apprend aussi beaucoup d’un projet d’une telle ampleur financière et technique. Nous sommes également heureux d’avoir été conseillés par des personnes très compétentes, du BE et du chantier. En ayant opté pour un passage à une filière sur boues activées stockées sur lit de roseaux, sur une superficie de 2 000 m2, nous avons également fait le choix d’une méthode innovante pour traiter nos boues, un procédé qui nous permet de les réduire et les stabiliser avant épandage.
Le bureau du syndicat est fier de cet outil de travail qui nous permet d’être serein pour l’avenir, alors que l’échéance du 1er janvier 2026 approche, et que la mise en œuvre de la loi NOTRe devrait acter le transfert de la compétence assainissement à la Communauté de Communes Seulles Terre & Mer.
Il n’y en a pas selon moi. Si ce n’est les ralentissements liés aux aléas conjoncturels. Nous avons été percutés de plein fouet à la sortie du Covid par la crise politico-économique, l’inflation des coûts, l’augmentation des délais de livraisons… Si on prend l’exemple de l’armoire électrique, nous avons été livrés avec 10 mois de retard, ce qui a eu pour effet le retard de la mise en service de la station et nous a fait subir par ricochet un impact de 10% d’actualisation systématique du coût des travaux (190 000€). Notre marge de sécurité financière s’est trouvée sérieusement entamée.
Les partenaires de ce projet

Banque des Territoires

Agence de l’eau Seine-Normandie
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

FLOROTP

SICEE

SAUR

VAUBAN
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