Ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, après une première partie de carrière dans la gestion forestière durable multifonctionnelle, Xavier Morvan rejoint la région Grand Est en 2021 comme directeur régional à l’Office français de la biodiversité. Directeur général de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse depuis le 1er octobre 2024, il éclaire ici le contenu du 12è programme de l’agence de l’eau, ses objectifs, sa méthodologie. Et fait part de son souhait d’un “pack État“.
Le 12e programme de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse se déploie depuis le 1er janvier 2025 ; sur quelles spécificités repose-t-il ?
Les effets du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité sont là et bien marqués sur nos territoires. Ainsi, on observe dans les plaines agricoles sur les 30 dernières années une baisse de 30 % des oiseaux et des diminutions de 15 à 20 % des débits des cours d’eau sur les vingt dernières années, jusqu’à 40 % pour certains cours d’eau dans les Vosges. Ces constats appellent à agir urgemment.
L’Agence de l’eau Rhin-Meuse a les moyens de l’action, mais aussi la méthodologie pour fédérer les acteurs du territoire car notre programme est à la fois ambitieux et structurant. Doté d’une capacité de financement de plus d’1 milliard d’euros – un budget en augmentation de 27 millions d’euros/an – ce programme est un levier essentiel pour accélérer la transition écologique de nos territoires. Cinq priorités le composent : le bon état des eaux –qui reste notre boussole fondamentale-, la sobriété, la qualité de l’eau potable -en prévenant les pollutions dans l’eau de nos captages, le déploiement de la stratégie nationale pour la biodiversité et enfin, les solutions fondées sur la nature.
Comment le 12e programme a-t-il été élaboré ?
L’élaboration s’est construite au sein des commissions du comité de bassin et a été portée régulièrement auprès du conseil d’administration et du comité de bassin. Priorités environnementales, fiscalité… : toutes les questions ont été abordées en tenant compte évidemment de la lettre de cadrage ministérielle, mais également des exigences du plan de gestion des eaux et du plan d’adaptation et d’atténuation au changement climatique pour les ressources en eau.
Les enjeux et les objectifs du 12e programme ont aussi été présentés aux collectivités à l’occasion de sept réunions de concertation locale. La confrontation de nos idées était importante pour permettre d’écouter les attentes et les remarques de nos partenaires.
Quelle est la logique d’action de ce programme ? Pouvez-vous l’illustrer par un exemple ?
Ce 12e programme renforce notre engagement auprès des maîtres d’ouvrage, en réaffirmant notre démarche partenariale via les contrats de territoire “ Eau et Climat “ . Notre objectif est de contractualiser avec 100 % des intercommunalités du bassin Rhin-Meuse d’ici 2030.
Nous allons également intensifier notre soutien en faveur d’actions locales d’économies d’eau, qu’il s’agisse de process industriels ou de pratiques agricoles plus sobres, d’initiatives en faveur de la réutilisation de l’eau ou encore de fuites sur les réseaux d’eau potable en écho à la réforme des redevances incitant à la performance.
Justement, quelle est la situation du bassin en termes de fuites d’eau?
400 réseaux d’eau potable, soit 20 %, sont identifiés comme prioritaires pour le bassin Rhin-Meuse. Ils pourront bénéficier d’une subvention à hauteur de 60 %. Mais avant tout, l’agence de l’eau veut responsabiliser les collectivités et les accompagner pour mieux appréhender ces travaux à long terme en élaborant un véritable plan d’investissement !
Outre l’exécution de ce programme, quels objectifs vous fixez-vous en tant que directeur général de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse ?
Les politiques de reconquête de la qualité de l’eau et de préservation de la biodiversité sont d’ores et déjà très partagées tant au sein du secrétariat technique de bassin que du collectif régional pour la biodiversité en Grand Est, entre les services déconcentrés de l’Etat et ceux de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse. Je suis intimement persuadé qu’il est possible de renforcer la coordination territoriale avec les services déconcentrés de l’Etat sous l’égide des Préfets ainsi qu’avec les autres opérateurs : OFB, CEREMA, ADEME. Nous devons faire un “pack état“ pour améliorer la visibilité des actions d’accompagnement et d’ingénierie territoriale auprès des différents acteurs locaux : notre approche doit être la plus systémique possible afin de rendre l’offre plus lisible et complémentaire.
Je suis par ailleurs très fier de l’engagement de mes équipes, de leurs expertises et de leurs compétences d’accompagnement dans les dynamiques de projets territoriaux. Je souhaite les accompagner vers encore plus de transversalité interne dans nos modes de fonctionnement.
Comment envisagez-vous la collaboration entre l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et le Programme aquagir pour accélérer la mise en œuvre de projets de gestion sobre et partagée de l’eau dans le bassin ?
Cette collaboration est déjà effective au niveau local avec la Banque des territoires ! Ce travail de terrain avec les équipes permet aux collectivités de bénéficier des meilleurs financements pour leurs projets d’investissements.