Le Pays Bigouden Sud (29) cartographie l’érosion du trait de côte à 30 et 100 ans
Où se situera le trait de côte sur 11 des 12 communes du Pays bigouden Sud dans 30 et 100 ans ? La réponse sera apportée en avril 2025, sous forme de cartographies réalisées par des bureaux d’étude spécialisés et donnera lieu à des orientations stratégiques dans le prochain PLUIH de la Communauté de communes.
Ces cartographies reposent sur l’étude de la typologie des sols, l’histoire et des simulations pour réaliser des projections du trait de côte, à 30 et à 100 ans, selon deux niveaux de prévision, médian et plus pessimiste (dit sécuritaire).



Entretien avec Éric Jousseaume et Guillaume Esteva-Kermel

Ce projet est présenté par :
- Éric Jousseaume, 1ᵉʳ vice-président de la Communauté de communes du Pays Bigouden Sud et président du syndicat mixte du SAGE Ouest Cornouaille
- Guillaume Esteva-Kermel, chargé de mission risques littoraux à la Communauté de communes du Pays Bigouden Sud
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda de la Communauté de communes du Pays Bigouden Sud ?
Éric Jousseaume : Nous travaillons sur le risque submersion pour nos communes littorales depuis 2018, à l’échelle de la Communauté de communes, avec la prise de compétences Gemapi. Aussi, lorsque l’État a identifié en 2023 nos 11 communes littorales comme étant potentiellement concernées par le recul du trait de côte, ce n’était pas quelque chose de nouveau. Nous inviter à réaliser une cartographie projective spécifique de l’érosion du trait de côte, alors que nous disposions déjà d’une cartographie du risque submersion et érosion dans le Plan de prévention des risques littoraux (PPRL), ne nous semblait pas pertinent. Surtout les outils de mise en place de cette cartographie, son financement et son application étaient trop floues.
Quand la seconde version de ce décret de la Loi Climat et Résilience est sortie, en juillet 2023, elle s’est révélée plus précise. Nos 11 communes ont alors décidé d’adhérer. D’autant que l’élaboration de cette cartographie serait concomitante avec l’élaboration du PLUIH.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Éric Jousseaume : Pour la cartographie projective de l’érosion du trait de côte, nous échangeons avec les autres communes concernées du Finistère. Nous sommes toutes globalement au même niveau de connaissance et mutualisons nos informations.
Précédemment, lorsque nous avons travaillé sur le risque submersion, nous avons échangé avec d’autres communes françaises, notamment du Pays Basque. Le festival annuel Si la mer monte, organisé à l’Île-Tudy, nous offre une opportunité de rencontrer des élus confrontés aux mêmes risques et d’écouter des retours d’expérience.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Éric Jousseaume: Ce sont les cartographies en cours qui orienteront des actions et des stratégies. Nous avons déjà une connaissance des enjeux et aléas sur le territoire puisque nous travaillons sur le risque submersion depuis 2018 à l’échelle de la Communauté de communes et depuis plus longtemps à l’échelle des communes concernées.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Guillaume Esteva-Kermel : En interne, ce projet réunit les compétences des services littoral, urbanisme, et communication, notamment pour la rédaction des cahiers des charges et pour la communication auprès des habitants.
Pour la réalisation des cartographies, nous avons missionné un bureau d’études spécialisé en océanographie et aménagement, un cabinet d’avocats et une agence de communication.
Éric Jousseaume : La réalisation de ces cartographies requiert une expertise élevée. Missionner des cabinets apporte aussi un regard extérieur et garantit une neutralité.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Éric Jousseaume : Les 11 communes littorales de la Communauté de communes sont concernées et ont choisi de concert d’adhérer au projet de cartographie soumis par l’État.
En ce qui concerne la communication, en tant que collectivité publique, nous avons l’obligation de communiquer. Nous sommes habitués à le faire. Sur ce genre de sujet, il faut être le plus transparent possible. On parle de conséquences sur les biens qui peuvent être impactantes. C’est tellement sensible que nous nous devons d’être les plus communicants et les plus objectifs possible sans être alarmistes. Il est important que les gens comprennent que c’est au regard d’éléments objectivés que sont établies les cartographies, par des bureaux d’études spécialisés et extérieurs, non par des élus en fonction d’intérêts territoriaux. Puis, il faut présenter avec bienveillance, clarté et honnêteté.
Guillaume Esteva-Kermel : Le groupement qui réalise les études intègre un bureau de communication. Il a organisé une réunion publique et tenu un stand sur un marché pour recueillir des témoignages qui complètent les données scientifiques. Les cartographies seront peut-être, si les études avancent bien, présentées en juin en réunion publique.
Comment ce projet a-t-il été financé et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Guillaume Esteva-Kermel : Les services de l’État financent à 80 % l’ensemble des études et des diagnostics sur lesquels reposent les cartographies.
Les 20 % restant sont apportés par le budget de la Communauté de communes, dont la taxe Gemapi.
Quels sont les autres acteurs qui ont vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Guillaume Esteva-Kermel : Nous sommes accompagnés en externe par un bureau d’études océanographique d’Egis, un cabinet juridique et l’agence de communication Interland. Le comité de pilotage, lui, comprend les communes, la Communauté de communes, le Cerema, l’UBO et le Conseil départemental du Finistère.
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Le projet en détails
Dates clés
juillet 2023
mars 2024
avril 2025
juin 2025
Chiffres clés
100
150 000
80
À retenir
Nous avons déjà une bonne connaissance des risques littoraux, mais ces précisions sur l’évolution du trait de côte sur notre territoire apporteront des précisions et conforteront ou ajusteront notre stratégie.
Ces nouvelles études menées pour les cartographies complèteront les informations. Par exemple l’approche géotechnique coupe court aux interprétations et ressentis. Des riverains peuvent se sentir protégés par la présence d’un plateau rocheux dans le sol, alors que celui-ci s’arrête à 20 mètres de leur maison. Ces études fournissent des données scientifiques, factuelles.
De nouvelles contraintes d’urbanisme vont apparaître là où il n’y en avait pas. Il va falloir les faire accepter. Pour autant, le risque est là et face à la réalité, il en va de notre responsabilité. Par exemple les cartographies vont impacter des maisons qui n’étaient pas concernées par le plan de prévention des risques littoraux, mais seront concernées par la projection de l’érosion du trait de côte. Il y aura aussi des coûts supplémentaires.
Ressources
Dans le Pays bigouden, une cartographie participative pour s’adapter à l’érosion côtière
Afin d’informer et de sensibiliser les Bigoudens aux risques littoraux, la communauté de communes du Pays bigouden sud (Finistère) lance une série d’animations et de réunions autour de cette thématique.
Les partenaires de ce projet

Cerema

UBO

Conseil départemental du Finistère
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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habitants
communes membres
Données de contact
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