Des travaux périlleux pour remplacer la conduite d’eau potable au Monastier-sur-Gazeille (43)
Le Monastier-sur-Gazeille (43) a engagé un chantier périlleux pour remplacer sa conduite d’eau potable qui datait de 1930. Terrains rocheux, pentes jusqu’à 40 %, passage de rivière : la pose des 2,2 km de canalisation est une vraie prouesse technique !
L’enjeu de ces travaux ? Éviter plus de 70 m3 de fuites d’eau potable par jour et sécuriser l’approvisionnement des 750 foyers alimentés. Pour faire face aux risques de glissement de terrain, la zone la plus sensible a été contournée et des conduites particulièrement robustes en polyéthylène haute densité, soudées entre elles, ont été installées.
Entretien avec Julien Migne et Michel Arcis
Ce projet est présenté par :
- Julien Migne, dirigeant du bureau d’études AB2R
- Michel Arcis, maire du Monastier-sur-Gazeille
Michel Arcis
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le projet s’est‐il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Michel Arcis : Nous nous sommes engagés en 2018 dans un diagnostic des réseaux qui nous a conduits à étudier d’un côté le captage de l’eau et, de l’autre, le réseau d’adduction, qui datait de 1930. Nous avons subi trois épisodes de casses de conduites sur un même secteur, les Acacias, en 2020, 2022 et 2024, avec rupture d’approvisionnement. Par ailleurs, sur le réseau, nous avions plus de 70 m3 de fuites par jour. Des travaux devenaient plus que nécessaires : les procédures concernant le captage étant longues, nous avons commencé par le volet adduction.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Julien Migne : Nous avons surtout suivi le bon sens des anciens : leur tracé était globalement bien pensé. Et bien documenté : les plans, réalisés à la main, sont de véritables œuvres d’art ! Après, nous nous sommes appuyés sur notre expérience de ce type de terrain.
Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Julien Migne : Nous avons d’abord étudié le captage à Châteauneuf – le prochain lot de travaux – pour trouver des solutions pour sécuriser la ressource, avant de réaliser des études pour le réseau d’adduction. Si nous avons commencé les travaux pour installer les canalisations avant ceux sur le captage, il est toujours préférable d’étudier la source en amont.
Concernant le réseau d’adduction, l’étude a porté sur le tracé, pour éviter les zones à risque de glissement et, le plus possible, les propriétés privées. Nous avons également mené un travail sur la traversée de la rivière : un milieu sensible soumis à de nombreuses règles. À titre d’exemple, les engins TP, sur ce type de terrain, doivent utiliser des huiles hydrauliques biodégradables, pour protéger le milieu.
Michel Arcis : Cette traversée de rivière a également contraint notre calendrier puisque nous devions intervenir avant le 15 octobre, début de la période de reproduction des truites.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
Michel Arcis: Il faut connaître les réseaux existants : la pression d’exploitation très élevée au point bas, la particularité de la traversée du cours d’eau et les profondeurs de canalisation parfois très importantes. Sur ce chantier, il était également essentiel de bien connaître les terrains : la topographie des lieux et les sols, notamment par rapport à ces problématiques de glissement de terrain.
Julien Migne: Nous sommes ici sur des terrains très particuliers, soumis notamment aux épisodes cévenols. Nous travaillons avec des entreprises de TP locales qui maîtrisent les particularités régionales.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Michel Arcis : Nous avons communiqué dans le journal municipal pour expliquer notre projet autour de l’eau, pour sécuriser l’approvisionnement à tous les niveaux. Nous travaillons en effet sur le captage, le réseau d’adduction et nous allons aussi connecter la nouvelle canalisation à celles du Syndicat de gestion des eaux du Velay (SGEV), qui alimente la partie récente du Monastier. En cas de problème, nous pourrons utiliser cette ressource.
Nous n’avons eu aucun mal à convaincre les citoyens : ils subissent très régulièrement les problèmes de sécheresse. Nous avons profité de cette communication pour mener une campagne de sensibilisation aux économies d’eau. En 2022, entre cette communication et les arrêtés préfectoraux, la consommation d’eau a baissé de 10 000 m3.
Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides obtenues ?
Michel Arcis : Ce projet s’élève à 991 929 euros HT, dont 479 520 euros HT pris en charge par l’agence de l’eau Loire-Bretagne et 108 535 euros HT par le département de Haute-Loire. Pour le reste à charge, 403 874 euros HT, la commune devrait réaliser un Aqua Prêt auprès de la Banque des Territoires, sur une durée qui reste à déterminer.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Michel Arcis : L’hydrogéologue Bernard Montorier nous a accompagnés pour la partie études, pour les prochains travaux sur la zone de captage, mais aussi pour la connaissance générale du terrain.
Julien Migne : Côté travaux, nous avons travaillé avec Eyraud et fils et Cegelec le Puy Tertiaire. Pour les canalisations, nous nous sommes fournis chez Elydan : des tuyaux en polyéthylène haute densité ultrarésistants et soudés, pour éviter les fuites. Cette marque est utilisée pour le transport de gaz, ce qui en dit long sur le niveau de sécurité ! D’ailleurs, ils sont garantis 80 ans.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.
Le projet en détails
Dates clés
2017 - 2018
2020-2022
Juin 2024
Printemps 2025
Chiffres clés
2,2
1
73
À retenir
Un réseau d’adduction sécurisé au niveau du tracé, évitant les glissements de terrain, avec des conduites ultrarésistantes
Des canalisations équipées de câbles traceurs, qui permettent de retrouver facilement la conduite dans le futur, et bientôt d’un système de télésurveillance
Un travail important pour régulariser les situations de servitudes sur les propriétés privées, qui n’étaient pas formalisées sur l’ancienne conduite
Ressources
La Commère - Monastier-sur-Gazeille : un chantier périlleux pour changer la canalisation d'eau de 1930
L'ancienne canalisation d'eau de "Chateauneuf", seule alimentation d'eau pour 750 foyers du Monastier-sur-Gazeille, est changée. Le dénivelé est conséquent et le chantier périlleux avec des rochers, une forte pente, le passage de la rivière
L'éveil - Cette commune de Haute-Loire s'est lancée dans un chantier colossal sur son réseau d’eau
Depuis le 4 juin et pour une durée de sept mois, la canalisation d’eau potable du Monastier-sur-Gazeille va être revue.