Mise en œuvre de la télérelève et déploiement de la gestion intelligente de l’eau par la Régie des eaux de Terre de Provence (13)

Comment le sujet de la télérelève et de la gestion intelligente de l’eau s’est-il imposé à votre agenda ?

Charles Brun : La Régie des eaux de Terre de Provence est née, en 2020, de la fusion entre plusieurs régies municipales (dont celle de Châteaurenard), le syndicat Durance-Alpilles et des services dont la gestion était déléguée au privé. Elle couvre 13 communes, soit 65 000 habitants pour lesquelles elle distribue chaque année environ 3,6 millions de m³ d’eau potable. Le parc des compteurs s’avérait vieillissant, une part importante ayant largement dépassé les 15 ans réglementaires.

Puisque nous devions changer les compteurs, nous avons souhaité bénéficier des technologies de télérelève et de gestion intelligente, qui ont beaucoup évolué ces dernières années : elles sont devenues à la fois plus efficaces, plus simples d’utilisation et moins chères. Nous avons donc été convaincus qu’il s’agirait d’un investissement gagnant… ce qui semble bien être le cas.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Charles Brun : Je travaillais précédemment au service Eau de la métropole de Lyon, devenu depuis Eau Publique du Grand Lyon. Le service avait déjà déployé sa deuxième génération de télérelève pour ses plus de 300 000 usagers. Les grandes agglomérations ont compris l’intérêt de ce dispositif, mais celui-ci est devenu maintenant très pertinent pour les structures de moindre taille.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Jérémy Chauvet : L’étude de faisabilité et d’impact a été réalisée en 2023 avec l’aide du bureau d’études ID-O. La Régie des eaux de Terre de Provence a établi un cahier des charges, en recensant ses besoins, au plus près du terrain. Nous avons ensuite organisé un appel d’offres. Deux solutions s’avéraient pertinentes : Birdz, de la filiale Veolia et celle proposée par Suez. Les deux sont performantes, nous avons choisi Birdz parce que la solution fonctionne avec la technologie plus ouverte LoRa. Le remplacement des compteurs d’eau est assuré par l’entreprise GODIN Eau. 

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?

Charles Brun : Il est essentiel de prendre le temps de choisir la solution technique la plus pertinente, en fonction des besoins de la collectivité. La phase de changement des compteurs requiert un accompagnement régulier et construit.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la régie a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Charles Brun : Nous avons établi un planning pour le remplacement des compteurs, avec l’objectif d’avoir finalisé le déploiement des 26 000 compteurs pour la fin d’année 2025, ce qui s’avère ambitieux. 8 000 compteurs, correspondant à 6 communes sur les 13 que couvre notre régie, ont déjà été remplacés entre novembre 2023 et janvier 2025. Le rythme s’accélère significativement désormais.

Une stratégie de communication a été déployée à destination des usagers. Il est en effet important que les usagers soient disponibles au moment du changement de leur compteur et qu’ils comprennent les raisons pour lesquelles il est remplacé. Les maires des communes concernées ont été rencontrés en amont du projet pour leur expliquer les intérêts de la télérelève.

Esteban Gonzalez : J’ai fait de même avec les 116 clients entreprises, qui ont de « gros compteurs », c’est-à-dire dont le diamètre est supérieur à 40 mm. Nous avons profité du changement de compteur pour évaluer leurs besoins et redimensionner les compteurs.

Comment la régie a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Charles Brun : Le déploiement de la télérelève et de la gestion intelligente de la ressource eau représente un investissement de plus de 3 millions d’euros HT, ce qui est conséquent. D’autant que nous n’avons pas eu d’aide de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, car celle-ci ne finance pas les travaux en lien avec la télérelève, contrairement à d’autres agences de bassin. Seule la Région Sud nous a à ce jour accordé dernièrement une subvention. La Régie a donc emprunté le montant nécessaire à l’investissement. Cependant, l’opération devrait être financièrement intéressante, attendu que nous espérons réaliser chaque année 250 000 euros d’économies, grâce à la réduction des fuites. Ce serait ainsi jusqu’à 100 000 m³ de ressources en eau qui pourraient être sauvegardés grâce à la télérelève et à la gestion intelligente de l’eau.