A Barjols (83), l’une des plus grandes places de village désimperméabilisée de la Région Sud

Comment le sujet de la désimperméabilisation s’est-il imposé à l’agenda de votre commune ?

L’ancienne municipalité avait lancé des études pour réhabiliter cette place depuis plusieurs années, avec une prise en compte de la gestion des eaux pluviales sous-estimée et la suppression des platanes bicentenaires, ce qui était loin de faire l’unanimité. En arrivant aux responsabilités en 2020, notre ambition était la transition écologique de notre village. Ce projet phare a été complétement repensé pour prendre en compte les problématiques environnementales du siècle : la gestion des eaux pluviales en milieu urbanisé, la réduction des ilots de chaleur urbain par une réflexion sur les matériaux à mettre en œuvre et la végétalisation des espaces hors stationnement pour redonner une authenticité et une convivialité à la place centrale du village.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Les sources d’inspiration sont multiples et proviennent de discussion avec des collègues maires qui réalisaient des opérations de désimperméabilisation à plus petite échelle, sur des cours d’école par exemple. Nous avons également pris des renseignements auprès de l’ARBE (Agence Régionale de la Biodiversité et de l’Environnement) en Région Sud et d’autres agences régionales ou nationales comme le CEREMA. Néanmoins, aucune opération n’était d’ampleur identique à celle que nous souhaitions mener. C’est à ce jour, l’une des plus grandes places de village désimperméabilisée de la Région Sud.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Au préalable nous avons commandé des études de sols et de perméabilité pour nous assurer que le terrain était propice pour accueillir une telle infrastructure. Nous avons ensuite fait mener des études de dimensionnement de l’ouvrage. Elles ont conclu à la réalisation de quatre bassins de rétention des eaux sous la place, de 50 cm à 1,5m de profondeur, sur plus de 5 000 m², composés de ballast permettant une infiltration progressive des eaux avant retour au milieu naturel.
Une fois la faisabilité validée, la commune a inscrit le projet au budget et recherché des partenaires financiers indispensables pour une petite commune comme Barjols.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Il faut une envie et une ambition fortes des élus pour porter un projet de cette ampleur dans un petit village comme Barjols. Nous ne voulions pas faire un parking de supermarché, mais un lieu de vie et de rencontres dans un souci fort de respect de l’environnement. Ensuite, il faut s’appuyer sur des « sachants » comme des hydrogéologues, ingénieurs hydrauliciens et des bureaux d’études spécialisés qui vont techniquement concevoir le projet ainsi qu’une entreprise compétente pour le mettre en œuvre.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le projet a été mené rapidement. Le marché avait été lancé par l’équipe élue précédente, il a fallu revoir l’ensemble de la copie en quelques mois. Les organes de démocratie participative avaient été prévus avant les élections et une commission extra-municipale, associant citoyens et élus, a été réunie à plusieurs reprises afin d’échanger lors de la conception du projet. Une communication dans le bulletin municipal et sur les réseaux sociaux a permis d’expliquer le projet avant une réunion publique à destination des habitants pour que tout le monde puisse s’exprimer. Ce projet a fait l’adhésion, avec un grand nombre d’encouragements lors de sa réalisation et de félicitations depuis sa livraison.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Ce projet était financièrement trop lourd pour le budget communal (3,1 millions d’euros). Il était donc obligatoire de trouver des partenaires financiers. Près de 60% d’aides publiques ont été obtenues, grâce aux partenaires historiques de la commune (Etat, Région Sud, Département du Var) qui ont salué sa dimension innovante du point de vue environnemental. Le changement de programmation a également permis de solliciter des fonds européens (FEDER) et l’Agence de l’Eau. Sur la part d’autofinancement restant à notre charge, la Banque des Territoires a facilité l’accès à l’emprunt grâce à l’Aquaprêt.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la commune dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le projet a été suivi par un architecte, des bureaux d’études techniques et mis en œuvre par l’entreprise Eurovia qui a participé aux modifications de programme et à la reprise du projet de 2020. Pour celle-ci, ce projet fait valeur d’exemple et est une première dans ces conditions. D’ailleurs le projet a obtenu le prix de l’environnement 2024 décerné par le Groupe Vinci au niveau national. C’est une reconnaissance pour l’agence locale d’Eurovia qui a accompagné la commune de Barjols.