La ville d’Orvault renature une cour d’école et rend visible le circuit de l’eau (44)
À Orvault, au nord de la métropole nantaise, la renaturation de la cour d’école de la Ferrière située dans un quartier prioritaire de la politique de la ville est une des actions phares de la stratégie d’adaptation au changement climatique initiée depuis 2020.
L’école est située sur le rebord du plateau de la Cravate, en tête du ruisseau du même nom qui rejoint le Cens en longeant différents quartiers de la ville. La Gestion intégrée des eaux pluviales (GIEP) de la cour s’accompagne d’une désimperméabilisation avec 50% de bitume retiré et d’un projet de plantation pédagogique.
L’infiltration des eaux pluviales est rendue possible par une noue qui récupère les eaux de ruissèlement de la cour et du plateau sportif voisin de manière gravitaire. L’infiltration des eaux pluviales à la parcelle limite les rejets aux réseaux, contribue à la lutte contre les inondations sur le bassin versant et participe au rechargement des nappes phréatiques. L’objectif est aussi de développer la biodiversité et de créer pour l’école et le quartier un îlot de fraîcheur dans un secteur particulièrement urbanisé de la ville.





Entretien avec Jean-Sébastien Guitton, maire d’Orvault

Ce projet est présenté par :
- Jean-Sébastien Guitton, maire d’Orvault
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la désimperméabilisation s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?
La désimperméabilisation est un axe majeur de notre politique de transition écologique. Elle est liée à nos engagements pour le label « Territoire engagé pour la transition écologique », dont nous avons obtenu le plus haut niveau (5 étoiles) en 2023. Cela nous engage à transformer notre ville progressivement, à donner plus de place à la nature et à l’adapter aux enjeux climatiques, notamment la chaleur et la gestion des eaux pluviales. C’est un objectif concret, nous visons une désimperméabilisation d’au moins 5% lorsque nous réaménageons des espaces publics.
Ce projet est aussi une vitrine de la gestion des eaux pluviales à la parcelle. Une de nos préoccupations est la gestion de l’eau à l’échelle du bassin versant. L’école se situe en amont d’un petit cours d’eau qui se jette dans le Cens où certaines zones situées plus bas sont confrontées à des problèmes d’inondation.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
L’étude sur les îlots de fraîcheur menée avec l’AURAN (Agence d’Urbanisme) a permis d’identifier cette école comme un des sites prioritaires d’intervention. Nous nous sommes appuyés sur une première expérience menée à l’école de la Salentine, à Orvault. Les travaux étaient de nature différente mais la restructuration d’un espace désimperméabilisé et la gestion de l’eau ont été riches d’enseignement (impliquer les équipes au démarrage du projet…).
L’accompagnement du CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) de Loire-Atlantique nous a permis de mieux appréhender les enjeux des cours d’école et les facteurs de succès. Cette démarche a été complétée par des visites de cours d’école renaturée à Mandela et Sensive à Saint-Herblain. Deux de nos agents ont suivi la formation « Cours vertes et matière grise » dispensée par le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale) qui incluait des visites sur site à Nantes et des présentations d’autres références comme Rennes et Paris.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Le projet dessiné par les paysagistes concepteurs (mandataires du groupement de maîtrise d’œuvre) est issu des études préalables menées par les services techniques répondant aux enjeux et aux moyens alloués par la ville. Des relevés de géomètre ont été effectués pour identifier les réseaux enterrés sous la cour. Une analyse des terres végétales, un diagnostic de pollution sur les enrobés et un diagnostic de l’état de santé des arbres ont aussi été réalisés.
Nous avons également pris en compte toutes les contraintes liées aux usages et usagers de la cour, incluant la mobilité et l’accessibilité handicap ainsi que l’éclairement. Une étude technique a été réalisée pour définir le profil et le tracé de la noue afin qu’elle collecte et infiltre les eaux pluviales. Le volume de stockage nécessaire (43 m3) défini dans la notice hydraulique par le bureau d’étude Sit&A a permis de dimensionner la noue, le niveau de la surverse et l’ouvrage de régulation. Ainsi, le niveau des plus hautes eaux ne dépasse pas 40 cm afin d’éviter tout risque de noyade lorsque la noue monte en charge. Ce dispositif permet de maintenir l’espace ouvert, sans clôture de sécurité.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
C’est un projet transversal qui mobilise plusieurs équipes et services de la ville. Le sujet principal à maîtriser, ou du moins à prendre en compte, est celui de l’eau pluviale, pour la ralentir et l’infiltrer là où elle tombe. La végétalisation est une étape importante avec le diagnostic et le maintien des arbres existants ainsi que le choix et la plantation de nouvelles strates de végétation pour améliorer la fraîcheur.
Il faut aussi avoir une bonne compréhension des usages de la cour et des interactions avec les usagers, incluant le temps scolaire, le périscolaire et les activités sportives, ce qui implique de travailler étroitement avec les équipes pédagogiques et la direction de l’école. L’enjeu du réemploi des matériaux (bitume, bois) retirés demande également des compétences pour leur réutilisation sur place.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
La prise en compte fine des usages et des usagers est nécessaire pour permettre l’adhésion par l’équipe pédagogique de l’école. Celle-ci doit être associée dès le démarrage au projet, cela a été le cas avec des visites dans d’autres écoles. Les potentiels freins, comme la peur que les enfants se salissent, sont abordés comme gérables ou acceptables pour leur épanouissement. Il faut comprendre comment la cour sert pour le temps scolaire et périscolaire et gérer les activités sportives, en considérant les alternatives comme le gymnase à proximité.
Les plantes choisies pour la noue sont hygrophiles, adaptées à un milieu humide pouvant être asséché une partie de l’année. Elles participent à l’absorption de l’eau de la noue quand elle se remplit. Les arbres plantés apporteront à terme de nouveaux espaces ombragés. Les plantations sont protégées du piétinement des enfants par une clôture légère en piquets et corde.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Nous avons bénéficié du montant maximum alloué par Nantes Métropole (20 000 €) dans le cadre du programme « végétalisation des cours » et d’une subvention de l’État du « Fonds vert – mesure renaturation des villes et des villages » à hauteur de 120 324 €.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la ville d’Orvault dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
La ville d’Orvault a été accompagnée dans la préparation et la réalisation de ce projet par plusieurs acteurs.
L’équipe de maîtrise d’œuvre comprenait Atelier Campo, paysagiste concepteur en tant que maître d’œuvre, Sit&A Conseils pour les aspects VRD et hydrologie, Fabien Leduc en tant que sculpteur, ainsi que Socotec pour la partie accessibilité.
Du côté des entreprises, Terideal a pris en charge l’aménagement, MONsTR a réalisé le mobilier sur mesure et les sculptures, Apave a assuré le rôle de bureau de contrôle, et ATAE s’est occupé de la sécurité et de la protection de la santé.
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Le projet en détails
Dates clés
2022
2023
2023-2024
2025
Chiffres clés
50
10 400
308 313
Résultats
Les bénéfices liés à la renaturation : la gestion de l'eau contribue au ralentissement des écoulements et à l’infiltration sur place via la noue.
À retenir
Une équipe pédagogique volontaire et intéressée.
Le projet a nécessité et favorisé un important travail transversal entre différentes équipes et services municipaux.
Une fois la réalisation achevée, l’enjeu est la manière dont les équipes pédagogiques vont s'emparer de ce nouvel outil. La gestion des perceptions et des craintes potentielles (peur que les enfants se salissent ou soient mouillés…). Un accompagnement sur la durée pour mettre en place les bonnes pratiques pour la gestion de la noue et le respect des plantations.
Ressources
Ouest-France - La cour de l’école élémentaire de La Ferrière, à Orvault, a été renaturée
Vendredi 13 juin en présence des élèves et des enseignants, des parents et des élus, la cour renaturée de l’école élémentaire de La Ferrière a été inaugurée et le projet a été expliqué.
Les partenaires de ce projet

Nantes Métropole

Fabien Leduc (Sculpteur)

MONsTR (association)

Apave

CAUE 44

L'ETAT
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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Nombre d'habitants
Données de contact
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