Comment le sujet de l’éco-pâturage s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Florent Thien : Nous menions déjà ce type de projet dans le sud du département, avec un autre prestataire et sur de plus petites zones. Sur ce secteur de la Fecht, nous avions de plus grands besoins, certains secteurs étant très infestés par la renouée.
Guillaume Stoquert : La SAVA a proposé à Rivières de Haute-Alsace de monter un cheptel, il y a trois ans. Nous avons pris le temps de lancer toutes les démarches pour en arriver à la lutte menée aujourd’hui.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
GS : Nous nous sommes d’abord fait accompagner par une entreprise qui aide les associations à ouvrir des filières d’éco-pâturage partout en France. Une personne est venue nous conseiller en nous partageant des expériences déjà réalisées avec la SNCF en Île-de-France (l’entretien des talus avec des animaux, via l’association Animal&Cité) et la commune de Muttersholtz (également située en Alsace), qui travaille régulièrement avec une bergère. Nous avons eu l’occasion de discuter avec le maire de la ville et de prendre conscience de l’utilité de cette démarche, à l’inverse de la mécanisation.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
GS : Les précédents projets similaires que nous avons menés nous ont permis de dresser un constat sans appel : la renouée du Japon prolifère très vite et les animaux constituent une meilleure alternative à la mécanisation des bords de rivières. On redonne de l’espace aux moutons, qui par leur intervention permettent un changement vertueux de biodiversité utile à tout l’écosystème, tant en terme de flore que de faune. De plus, nous travaillons avec une race de moutons qui se perd, le solognote, et qui ne compte plus que 3 300 brebis reproductrices en France. Tous ces éléments poussaient en faveur du projet, qui est appelé à se développer dans plus d’endroits désormais.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
GS : Je ne recommanderais à personne de se lancer sans connaissances solides : une activité de pastoralisme telle que celle-ci nécessite une surveillance rigoureuse des bêtes pour éviter les fuites, un suivi vétérinaire, un numéro d’élevage, une bonne logistique globale.
J’avais personnellement déjà travaillé avec des amis éleveurs sur ces problématiques, après m’être formé au lycée agricole de Rouffach. Il nous fallait tout de même trouver un vétérinaire compétent pour nous accompagner sur ce projet.
SL : Nous avons assuré un suivi vétérinaire durant les premières interventions des moutons, pour nous apercevoir qu’un temps d’adaptation était nécessaire à leur système digestif. En les faisant pâturer 1 heure durant quelques jours, puis 2 heures, puis 3 heures… leur organisme s’adapte à la renouée.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
GS : Il n’y a pas eu de communication à proprement parler sur ce secteur de Bennwihr. En revanche, notre travail sur les remparts de Bergheim avait été mis en avant lors de l’élection du Plus Beau Village de France, en 2022. Mais c’est surtout le bouche-à-oreille qui constitue notre principale communication…
SL : Ce projet est appelé à s’étendre, mais son potentiel de développement tient avant tout à sa pérennité financière et à la volonté politique. Notre réalité est principalement économique, sur la base de notre investissement (la bétaillère, les filets, le cheptel) et du temps humain à s’occuper des bêtes, qui est incompressible.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
GS : La SAVA a reçu une petite subvention pour la bétaillère, mais nous n’avons pas pu recevoir d’aides particulières en raison des faibles montants d’investissement en matériel.
FT : Du côté du syndicat, nous avons fonctionné en auto-financement à 80%, et reçu une aide de la CEA à hauteur de 20%. Ce budget global a permis de payer la prestation d’éco-pâturage annuelle à la SAVA.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
FT : Sur ce projet, nous sommes les seuls acteurs.
GS : Mais dans d’autres cas de figure certaines communes nous demandent d’intervenir avec les moutons, à l’instar de la mairie de Bergheim.