A Stutzheim-Offenheim (57), une nouvelle trame verte et bleue pour la Souffel

Comment le projet de restauration de la Souffel s’est-il imposé à l’agenda de votre commune ?

Historiquement, la Souffel a été exploitée pour sa force hydraulique dès les XVe et XVIe siècles, avec 5 à 6 barrages placés le long de son lit pour contrôler son débit et faire tourner une roue à aube. Fin XIX^e, les Prussiens la canalisent et la dépossèdent donc de ses méandres, ce qui a entrainé une altération forte des milieux et donc de leur biodiversité. Aux XIXe et XXe siècles, avec le développement de l’assainissement (le « tout à la Souffel » est introduit depuis 1890) puis l’agriculture intensive, la Souffel devient plus sensible aux polluants agricoles et ménagers.

Au début du XXe siècle, un syndicat des eaux est créé pour gérer les questions d’eau potable. En 1937 un premier château d’eau est construit. Puis, au fur et à mesure, les sujets d’assainissement et d’épuration, de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations s’y sont ajoutés. Il devient rapidement un exemple dont de nombreuses communes veulent s’inspirer, et deviendra en 1958 le SDEA (Syndicat des Eaux et de l’Assainissement d’Alsace-Moselle).

En janvier 2014, le SDEA signe un contrat de partenariat avec l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, le SIVU du Bassin de la Souffel, la Chambre d’Agriculture et le Conseil Général du Bas-Rhin pour entériner le plan « Souffel 2027 » visant à améliorer durablement la qualité de la rivière à travers des actions concrètes de réduction des pollutions et d’amélioration du fonctionnement du cours d’eau. En 2015, à la suite d’une réunion avec l’Agence de l’Eau, nous décidons la création d’une trame bleue incluant le reméandrage de la rivière, en parallèle d’une trame verte volontariste basée sur la plantation d’une haie d’un millier d’arbres et buissons à 30 mètres de la rivière et sur environ un kilomètre de longueur.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

C’est l’histoire qui nous a appris que la Souffel a toujours été constituée de méandres, son ancien tracé étant même identifiable dans des cartes datant d’avant la Révolution. Nous nous sommes donc basés sur ce que nous connaissions de l’historique de la rivière, de son ancien lit jusqu’à sa ripisylve en passant par sa faune.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

C’est le bureau d’étude interne au SDEA qui a réalisé l’étude d’impact en amont du reméandrage, incluant des suivis écologiques post-travaux pour en mesurer la plus-value après les opérations.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Les techniciens qui nous ont accompagnés au SDEA possèdent de nombreuses compétences en hydrologie, hydromorphologie et en suivi écologique de projets : ils sont habitués à travailler sur des sujets liés aux cours d’eau aussi techniques que celui-ci.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Au niveau de la mairie, nous avons pu communiquer en amont par l’intermédiaire de notre journal communal bimestriel et celui annuel ; et sur notre site Internet. Après les travaux, en mai 2023, nous avons proposé une balade à énigmes le long des nouveaux méandres de la rivière, opération qui a été très appréciée par de nombreux habitants.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

L’Agence de l’Eau a financé à 80% ce projet, les 20% restant étant pris en charge par le SDEA, via sa Commission Locale en charge du territoire de la Souffel.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Stutzheim-Offenheim dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

C’est l’entreprise Nature et Techniques, spécialisée dans la renaturation et la gestion des cours d’eau, qui nous a accompagnés pour les travaux de reméandrage ainsi que la trame verte conjointe à la rivière.