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Dans la Drôme, le Syndicat des eaux du Bas Roubion et de Citelle rachète des parcelles stratégiques pour protéger sa ressource (26)

Afin de maîtriser les pratiques agricoles sur le captage prioritaire des Reynières, le Syndicat des eaux du Bas Roubion et de Citelle a acheté deux parcelles situées dans le périmètre de protection rapprochée.

Aujourd’hui mises à la disposition de deux agriculteurs locaux pour cultiver de la luzerne destinée au fourrage, les parcelles de 10 hectares pourraient à l’avenir accueillir du maraîchage bio. À condition de trouver le bon modèle économique pour les agriculteurs, soumis aux contraintes de la déclaration d’utilité publique (DUP) sur ce captage prioritaire.

Pour concilier protection de la ressource en eau et culture économiquement viable, l’équation financière est complexe.

Entretien avec Philippe Jouffre et Hervé Andéol

Parole de collectivité
Philippe Jouffre, ingénieur territorial au syndicat intercommunal des eaux du Bas Roubion et de Citelle, et Hervé Andéol, président du syndicat - Crédit photo : Banque des Territoires
Gestion des milieux aquatiques

Ce projet est présenté par :

  • Philippe Jouffre, ingénieur territorial au syndicat intercommunal des eaux du Bas Roubion et de Citelle
  • Hervé Andéol, président du syndicat

 

Le captage des Reynières est vulnérable aux pollutions aux nitrates et pesticides liées à l’activité agricole, l’acquisition foncière de la zone à proximité du captage pour y installer des cultures respectant les sols est un premier pas pour améliorer la qualité de l’eau. Mais nous devons aussi renforcer notre action sur toute l’aire d’alimentation du captage car les pratiques agricoles de ce large territoire se répercutent également sur la qualité des eaux.
Philippe Jouffre

Parole de collectivité

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Comment ce projet s’est‐il imposé à l’agenda du Syndicat mixte des eaux du Bas Roubion et de Citelle ?

Philippe Jouffre : Notre réflexion a commencé en 2015, quand le captage des Reynières a été classé prioritaire. En 2018, nous avons recruté une animatrice captage, pour mener un plan d’actions pour préserver la qualité de l’eau, sur le périmètre de protection rapprochée mais aussi sur une vaste aire d’alimentation du captage. Il s’agissait notamment d’entamer un dialogue avec les agriculteurs concernés. Mais sans levier d’action pour faire changer les pratiques agricoles, l’animation est difficile… Fin 2022, lors de mesures de qualité, la présence d’autres substances actives d’herbicides et de pesticides, en plus du nitrate, a été révélée. Le sujet est devenu urgent. Nous avions déjà lancé le projet d’acquisition de parcelles situées sur le périmètre de protection rapprochée : 14,3 hectares, dont 10 cultivables.

Hervé Andéol : Une fois les parcelles achetées après un accord à l’amiable, en 2023, nous avons lancé un appel à candidatures pour la mise à disposition des 10 hectares cultivables. Nous avons choisi deux éleveurs de brebis et de chèvres du territoire : ils cultivent sur les parcelles de la luzerne destinée au fourrage. Pour nous, il s’agit d’une solution provisoire car le projet de départ, l’installation de maraîchage bio, s’avère complexe.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Hervé Andéol : Nous n’avons pas suivi de sources d’inspiration mais l’ambition d’installer des agriculteurs en maraîchage bio est née d’une réflexion commune avec Montélimar Agglomération, dont la majorité des communes du SIEBRC font partie. Ce projet devait s’intégrer au Projet alimentaire territorial (PAT) de l’agglomération, qui souhaitait utiliser la production bio des parcelles pour alimenter les cantines scolaires.

Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Philippe Jouffre : En 2024, une étude portant sur les possibilités d’installations agricoles sur ces terres a été menée par Agribiodrôme, Galcérand Serralongue – un expert en agroforesterie – et l’Association pour le développement de l’agroécologie et de l’agroforesterie (ADAF). Les résultats ont fait apparaître des difficultés liées aux contraintes de la Déclaration d’utilité publique (DUP). En effet, l’interdiction d’installation de serres et de construction de bâtiments pour le stockage du matériel rendent l’implantation d’un agriculteur maraîcher compliquée. L’étude préconise ainsi l’implantation d’un agriculteur déjà installé sur le territoire, en complément, et pour des cultures maraîchères peu diversifiées : un nombre restreint de légumes, en gros volume.

Hervé Andéol : Ce projet est en attente car nous sommes dans une période de transition. D’abord, les gouvernances politiques de Montélimar Agglomération vont changer avec les élections de 2026. Et puis, avec la loi NOTRe, la compétence de l’eau risque d’être reprise par Montélimar Agglomération en 2030. Dans ce contexte, la culture de luzerne est une bonne solution transitoire.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Hervé Andéol : Il faut connaître les filières agricoles et leurs débouchées sur le territoire car il s’agit d’assurer la pérennité économique des exploitants.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Philippe Jouffre : Sur la question du dimensionnement, par chance, la surface agricole disponible sur le périmètre de protection rapprochée est intéressante : 10 hectares.

Pour le volet adhésion, concernant notre travail plus large sur l’aire d’alimentation du captage, le dialogue avec les agriculteurs est compliqué ! Notre animatrice captage est partie, nous cherchons actuellement un bureau d’études pour nous accompagner sur ce sujet de la qualité de l’eau, et notamment sur l’implication des agriculteurs. Il faudra sans doute mettre en place des leviers financiers pour récompenser les bonnes pratiques. Sans cela, c’est difficile !

Hervé Andéol : Mais la mise en œuvre de Paiements pour services environnementaux ou d’autres rétributions financières est délicate car, de façon générale, les élus ne souhaitent pas augmenter le prix de l’eau.

Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Hervé Andéol : L’acquisition des parcelles à proximité du captage des Reynières représente un coût de 255 000 euros HT, comprenant le prix des terrains, les indemnités d’éviction, les frais de protocole transactionnel et d’actes, les prestations d’un géomètre et de la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural). L’agence de l’eau a financé 70 % de l’opération, 178 500 euros HT. Nous avons financé le reste.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Philippe Jouffre : Nous avons cité Agribiodrôme, Galcérand Serralongue et l’ADAF. Pour le volet plus large de l’aire d’alimentation du captage, nous travaillons également avec la Chambre d’agriculture.

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Le projet en détails

Dates clés

2015

Classement des Reynières en captage prioritaire, arrêté DPU

Fin 2022

Dégradation de la qualité de l’eau

2023

Acquisition de parcelles dans le périmètre de protection rapprochée par le SIEBRC et signature de conventions avec 2 agriculteurs pour la culture de luzerne

2024

Etudes sur les possibilités d’installations agricoles bios sur ces terres

Chiffres clés

10

hectares de culture de luzerne en périmètre de protection rapprochée

255 000

euros de projet pour l’acquisition des terres

44,7

% des volumes d’eau du SIEBRC prélevés sur le captage des Reynières

À retenir

Ce projet est un bon point de départ : la maîtrise du foncier sur les abords immédiats de la zone de captage.

En croisant les enjeux du projet alimentaire territorial de Montélimar Agglomération avec ceux de la qualité de l’eau, ce projet a ouvert de belles perspectives de collaborations vertueuses. Ce projet a été l’occasion d’engager une réflexion avec les agriculteurs.

Ce projet ne concerne que le périmètre immédiat, les pratiques agricoles sur l’aire d’alimentation du captage ont encore des conséquences négatives sur la qualité de l’eau. Il est difficile de faire changer les pratiques agricoles sur ce territoire, un levier financier semble nécessaire.

Ressources

Action 7 - Démarche AAC Reynières

Ce site détaille la stratégie du SIEBRC pour améliorer la qualité de l’eau du captage des Reynières. Il mentionne la contamination aux nitrates, le diagnostic territorial, et les actions agroécologiques comme la conversion bio et la maîtrise de l’usage foncier.

Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

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Chambre d’agriculture

ADAF-LOGO-2023

ADAF

SAFER

Safer

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

Agribiodrôme

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