Restaurer et protéger les cours d’eau grâce à des travaux d’aménagements (61)
Avec son programme d’entretien et de restauration des cours d’eau élaboré sur 5 tranches, Flers Agglo, Domfront Tinchebray Interco et l’Intercom de la Vire au Noireau mènent différents projets d’aménagements sur ses 250 km de cours d’eau.
Dans les secteurs où des dysfonctionnements ont été identifiés par l’étude diagnostic, différents projets sont mis en œuvre avec l’accord des propriétaires de terrains : aménagement de passerelles, d’abreuvoirs (bacs ou descentes en pente douce le long de cours d’eau où les animaux peuvent passer la tête pour s’abreuver sans polluer l’eau), avec une clôture ou de continuité écologique avec la restauration de berges et du lit des cours d’eau.
La plupart de ces projets sont subventionnés à hauteur de 80% par l’Agence de l’eau Seine Normandie, la Région et le FEADER.






Entretien avec Olivier Houdayer, technicien rivière du bassin versant du Noireau

Ce projet est présenté par :
- Olivier Houdayer, technicien rivière du bassin versant du Noireau, chargé des travaux d’entretien et restauration de cours d’eau employé par Flers Agglo et mis à disposition de Domfront Tinchebray Interco et l’Intercom de la Vire au Noireau dans le cadre d’une Entente
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Avant que je sois recruté en 2016, une étude diagnostic a été menée par un bureau d’étude extérieur sur 250 km de cours d’eau (le bassin comptant 380 km). Un travail de terrain a été effectué avec une identification des dysfonctionnements observés sur place : les vaches qui descendent sur les berges [et risquent d’endommager la qualité de l’eau, NDLR], le manque d’abreuvoirs, de passerelles, de clôtures… Ce travail a mené à la construction d’un programme d’entretien et de restauration, élaboré sur une dizaine d’années avec des tranches de travaux sur deux à trois ans. Les travaux ont démarré en 2018, le temps de faire les documents : déclarations d’intérêt général (lorsqu’on travaille sur des terrains privés comme c’est souvent le cas), dossier loi sur l’eau, demandes de subventions (Région, Europe, Agence de l’Eau). Nous allons attaquer la troisième tranche du programme en 2025. Se greffent ensuite des travaux spécifiques de continuité écologique, avec l’aménagement des seuils, des moulins, des réouvertures de cours d’eau. Ce sont des travaux qui ne suivent pas toujours un programme, qui se font en fonction des opportunités et des accords avec les propriétaires.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
En tant que technicien rivière, nous avons la chance d’avoir la Cellule d’animation technique pour l’eau et les rivières (CATER) en Normandie, qui organise une à deux fois par an des Journées techniques, un événement qui convient à l’ensemble de techniciens du territoire et qui permet d’aller voir ce que les autres collègues font et comment ils le font. Cela donne des idées, montre ce qui est possible et ce qui marche par retour d’expérience.
Nous avons aussi un forum entre techniciens rivières et bocages de Normandie, sur lequel nous pouvons poser nos questions. Nous avons aussi des fiches thématiques par projet, mises en ligne sur le site [de la CATER]. Des formations techniques, adaptées au métier de technicien rivières sont aussi proposées. Sur ce territoire, nous avons la chance d’avoir des techniciens et des syndicats mis en place depuis un moment, qui sont très actifs et ont de l’expertise. Nous sommes en relation, nous nous donnons des coups de main, et cela permet de voir ce que font les voisins et de s’en inspirer. Nous travaillons également avec les fédérations de pêche qui mettent en place des suivis sur les espèces (pêches électriques, ADN environnementaux pour rechercher des espèces spécifiques).
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Il y en a toujours. L’exemple le plus récent, étant l’étude du Plancaïon, à Flers. Ce projet s’inscrivait dans le cadre du déplacement de l’entreprise Leclerc dans cette zone, nous avions donc une contrainte de temps pour les travaux. L’étude a donc été faîte en trois mois, en régie, car c’est plus économique et plus rapide.
J’ai moi-même effectué de la modélisation hydraulique et le dossier loi sur l’eau, j’ai suivi une formation pour cela. Mes collègues du Bureau d’études ont fait la partie terrassement. En comparaison à un projet antérieur, le projet dit de la Fouquerie, nous avions pris un bureau d’études extérieur pour faire la modélisation et le dossier loi sur l’eau, mais cela avait pris deux ans.
Les seules études que nous ne pouvons faire en interne sont celles d’impact et le diagnostic initial, le suivi faune/flore, que la DDT souhaite que nous fassions effectuer par un prestataire externe.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un projet ?
Bien s’entourer, en interne comme en externe. Il faut ne pas avoir peur d’agir, même prendre le risque de faire des erreurs, car c’est comme cela qu’on apprend. C’est le cas dans notre projet de reméandrage et réouverture du Plancaïon en site pollué, qui à ma connaissance est le seul de ce type dans l’ex Basse-Normandie.
Nous avons eu l’opportunité de le faire, mais il y a toujours un côté “chance” sur ce type de projet.
Il s’agissait aussi d’un projet avec un terrain qui nous appartenait en grande partie.
Dans le cas du privé, il y a un gros travail de concertation avec les exploitants, il faut faire preuve de pédagogie, d’empathie, se mettre à la place des personnes, comprendre leurs contraintes et leurs envies. Cela doit s’inscrire dans un temps long.
“Jamais vous ne ferez de travaux chez moi” m’avait dit un riverain quand je suis arrivé en poste.
J’ai fait des travaux autour de son terrain, il s’est renseigné auprès des propriétaires et m’a recontacté quelques temps après pour faire des travaux chez lui.
Ce sont des projets longs, si les techniciens sont là peu de temps c’est difficile d’accorder sa confiance. Être là sur le temps long permet de créer un lien de confiance, et tout fonctionne ensuite beaucoup mieux.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous essayons d’avertir les communes qui ont des travaux de prévu l’année précédente, pour qu’elles puissent en parler aux exploitants, le mettre dans le bulletin communal.
Nous en parlons aussi dans le magazine de Flers Agglo et le site.
Ensuite, je vais à la rencontre des exploitants qui ont des parcelles le long des cours d’eau concernés. Je leur propose de signer des conventions, après étude du terrain et propositions préalables des aménagements qui pourraient être effectués. On en discute, on essaye ensemble de trouver un compromis.
En phase chantier, nous avons aussi un panneau de chantier amovible mis en bord de route. C’est ensuite une part de communication à posteriori.
Nous faisons des visites de chantiers avec les partenaires. Ces aménagements sont souvent accessibles de visu depuis la route, les exploitants communiquent sur le sujet entre eux.
Avec le drone de Flers Agglo, nous essayons également de faire de la vidéo sur les opérations ambitieuses, comme la remise du cours d’eau dans son lit naturel (reméandrage, réouverture de cours d’eau) pour les publier sur le site internet.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Je suis aidé par l’Agence de l’eau Seine-Normandie et la Région à hauteur de 80% pour la plupart des travaux : abreuvoir, passerelles, clôture… Pour tout ce qui est restauration hydromorphologique assez ambitieuse, on arrive même à avoir du 100% d’aides, en ajoutant l’aide de la Région, et Europe FEADER.
On arrive à des taux d’aides très incitatifs. Heureusement, ce n’est pas forcément des travaux faciles à faire passer pour les exploitants, et c’est aussi des taux qui incitent à mener des projets ambitieux. Dès lors que l’on est sur de la restauration maximum, on a 80% d’aide, et Flers Agglo prend les 20% restants.
Quand on est sur des travaux moins ambitieux, les aides de l’Agence diminuent facilement à 60%. Ce qui peut laisser un reste à charge pour le propriétaire.
A titre d’exemple, le projet de renaturation Plancaïon a coûté à 600 000 € HT, financé par 80% de subvention de l’Agence de l’Eau Seine Normandie à hauteur d’environ 422 000 € et 178 000 € par Flers Agglo. Pour les travaux d’entretien restauration de la tranche 2 du projet (abreuvoirs, passerelles) , nous sommes à 60% AESN et 20% Région et FEADER.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
L’Agence de l’eau Seine-Normandie (AESN), la Région Normandie et Europe (FEADER) nous ont accompagnés pour les financements (uniquement AESN pour Plancaïon).
Nous avons aussi reçu l’aide technique des Fédérations de pêche de l’Orne et du Calvados et de la CATER COM (Cellule d’Animation Technique pour l’Eau et les Rivières Calvados Orne Manche). Nous avons également travaillé avec la DDT61 et l’OFB pour l’Instruction des dossiers loi sur l’eau.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
Novembre 2022
Fin décembre 2022
Début 2023
26 juin 2023
Chiffres clés
150
De 260 à 300
600
À retenir
Il y a des bénéfices à mener en interne concernant les études préalables aux projets. Cela représente un gain de temps et un gain financier important. Pour le projet de la Fouquerie, l’étude a coûté 34 800 euros, alors que pour celui du Plancaïon, c’était mon temps de travail et celui de mes collègues.
Sur le projet de Plancaïon nous avions une contrainte de pollution (ancien site industriel) et nous avons dû adapter notre tracé de reméandrage pour éviter de terrasser dans les zones trop polluées. Si nous avions fait faire l’étude par un bureau d’études extérieur, ce dernier aurait demandé un avenant au marché, comme c’est souvent le cas. Les temps d’instructions sont assez longs sur ce genre de dossier et les compléments demandés par l’administration génèrent souvent de nouveaux avenants qui représentent des coûts importants.
On a du mal à travailler sur les Zones humides car ce sont des secteurs compliqués. Compliquées à exploiter pour les agriculteurs/éleveurs, elles ont souvent été remblayées ou drainées, conduisant à leur disparition. Leur intérêt est mal compris par la population, elles ont pourtant un rôle très important dans la gestion qualitative et quantitative de la ressource. On a des difficultés à les préserver et encore plus de mal à convaincre de les restaurer. En France, on a perdu de l'ordre de 70% des zones humides en 40 ans.
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Seine-Normandie

Région Normandie

Europe (FEADER)

DDT61

Office Français de la Biodiversité
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur Flers Agglo
habitants
communes membres
Données de contact
Les autres projets - Gestion des milieux aquatiques
A Ezanville (95), le Petit Rosne a retrouvé son aspect naturel
La remise en eau d’un marais au cœur de la Métropole Européenne de Lille (59)


Restaurer et protéger les cours d’eau grâce à des travaux d’aménagements (61)


Vous êtes passés à l'action sur la gestion de l'eau ?
