Vesoul (70) teste un filet anti-pollution dans la rivière la Colombine
La Communauté d’Agglomération de Vesoul (70) s’est lancée dans une expérimentation innovante pour lutter contre la pollution de la Colombine, la rivière qui traverse la ville. L’idée ? Empêcher les déchets de rejoindre la mer Méditerranée et préserver les milieux aquatiques grâce à un filet anti-pollution. Une solution très intéressante si elle est combinée à d’autres actions menées en amont !
Luc Somlette, directeur de l’Eau et de l’Environnement à la Communauté d’Agglomération de Vesoul
Ce projet est présenté par :
- Luc Somlette, directeur de l’Eau et de l’Environnement à la Communauté d’Agglomération de Vesoul (CAV).
Luc Somlette
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
La Communauté d’Agglomération de Vesoul (70) s’est lancée dans une expérimentation innovante pour lutter contre la pollution de la Colombine, une des rivières qui traversent la ville. En effet, exaspéré par les canettes, les mégots voire les cartons de pizza présents dans l’eau, le président de la collectivité a souhaité tester un filet de rétention des macrodéchets sur une sortie de réseau d’eaux pluviales. L’idée ? Empêcher les déchets de rejoindre la mer Méditerranée et préserver les milieux aquatiques grâce à un filet anti-pollution. Une solution très intéressante mais qui ne doit pas faire oublier qu’il est indispensable d’agir aussi en amont !
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Tous les ans, la ville de Vesoul renouvelle son opération dédiée au « Mois de la propreté » pour sensibiliser les habitants de l’agglomération aux effets nocifs des ordures jetées dans la rivière à travers une action “La mer commence ici ». En effet, le point de chute de la Colombine, un affluent du Durgeon qui traverse Vesoul, est la mer Méditerranée.
Alain Chrétien, le président de la Communauté d’Agglomération de Vesoul (CAV) et maire de Vesoul a reçu un mail de l’Association des maires de France (AMF) qui parlait de 15 mesures concrètes pour protéger les rivières de la pollution aux macrodéchets (plus de 3 centimètres). Dans ce document, le filet était mis en valeur et il a souhaité en installer un à titre expérimental à Vesoul. C’est déjà en fonctionnement dans le sud, à Nice notamment, avec de bons résultats. Je crois que nous sommes la première ville dans le département à le tester.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous avons rencontré la société Pollustock, détentrice du brevet, qui nous a orienté vers ce type de solution. Il existe de nombreuses villes qui ont déjà expérimenté ce procédé, c’est une réponse à une problématique, chaque collectivité doit prendre en compte ses propres contraintes. Elles ne seront pas les mêmes à Dole ou Pontarlier qui sont pourtant des villes similaires en taille à Vesoul.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
L’étude de faisabilité a été faite par Pollustock, ils sont venus sur place analyser nos besoins, définir le type de filet et préconiser les travaux nécessaires pour le retenir. En effet, nous avons dû aménager une structure en béton résistante pour fixer le filet, installer des rambardes métalliques aux normes pour éviter les accidents et réaliser un escalier sur le côté pour permettre aux agents techniques de descendre aisément.
La nasse mesure longueur 2.5 mètres de long pour 1 mètre d’épaisseur.
De notre côté, nous avons mené une étude sur l‘identification des rejets d’eaux pluviales susceptibles d’être sélectionnés en fonction des contraintes fournies.
Le site choisi à Vesoul, au bout de la rue Robert-Depoulain dans le quartier de la rue Jean-Jaurès, dispose de deux rejets d’eaux pluviales et d’un déversoir d’orage. Il faut noter que ce genre de filets est plutôt adapté à un pur réseau pluvial.
Dès le départ, nous avions émis des réserves. Tout d’abord, les canettes présentes dans la rivière sont souvent jetées directement dans l’eau et ne passent pas dans les avaloirs.
En tant que technicien, je préconise de travailler en amont et de réfléchir à un projet global de rue. Lors des travaux, les avaloirs sont systématiquement équipés de grilles, ce qui résout déjà le problème d’apport de déchets. Ensuite, nous devons réfléchir à une stratégie d’aménagements de poubelles à proximité immédiate des sources d’émissions. Il faut également sensibiliser la population, voire sanctionner.
Ce filet pourrait être une des solutions, dans un contexte adapté comme une rue dans un secteur commerçant ou près d’un lieu nocturne avec animation, sans déversoirs d’orage.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
En premier lieu, la maîtrise de l’assainissement et du pluvial. Nous avons commencé à faire la tournée avec mon technicien, monsieur Benoît Miguet, de chaque déversoir afin de répertorier les sites les plus adaptés et accessibles. De plus, il faut s’assurer que les déversoirs ne soient pas équipés de suivi des rejets, car les filets peuvent boucher les flux et fausser les mesures.
Le site choisi est au fond d’une impasse, il est facile d’accès et supporte des charges lourdes. Ce sont des éléments à prendre en compte, si le filet vide est facilement transportable quand il est plein, il peut peser jusqu’à 2 tonnes et nécessite une grue pour être soulevé. C’est une manipulation que nous ne pouvons pas faire en régie, l’entreprise fait venir un camion équipé d’une grue, ce qui engendre un certain coût.
Pour le moment, il n’y a pas eu de débriefing, nous nous laissons un peu de temps pour voir si l’expérimentation sera suivie. La première vidange a eu lieu le 15 avril 2024, la prochaine est prévue fin octobre, à ce moment-là, nous aurons une année de recul.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Pour le dimensionnement, c’est l’entreprise qui s’en est chargé. Elle nous a fourni les éléments pour adapter l’ouvrage et nous avons mandaté une entreprise de maçonnerie pour l’adaptation du filet autour des tuyaux.
Pour nous, le résultat est plutôt mitigé, nous captons surtout de la boue, parce qu’il s’agit d’un quartier d’habitation où il y a peu d’émissions de saletés.
La plupart des déchets retrouvés à proximité du filet dans la Colombine sont surtout jetés aux abords des bars ou dans les quartiers commerçants. Les gens jettent au plus près. Pour pallier ce désagrément, il y a d’autres options : soit installer plus de poubelles, soit adapter des grilles sur les avaloirs pour éviter que les déchets soient entraînés et puissent être récupérés lors du passage d’une balayeuse, voire des avaloirs avec décantation pour récupérer les boues et éviter de saturer le filet.
Concernant les citoyens, nous avons reçu plusieurs remarques positives de la part des habitants.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût total de l’opération est de 40 000 €. Le filet a coûté 19 000 € TTC. L’entreprise de maçonnerie nous a facturé 11 700 € pour l’aménagement pluvial, la structure et la pose du filet puis 9700 € pour l’escalier. À cela s’ajoutent 1500 € pour le déplacement de l’entreprise et le vidage du filet tous les 6 mois.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Pollustock et une entreprise de maçonnerie de Vesoul.
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Le projet en détails
Dates clés
2020
2020
2022
2023
Chiffres clés
40 000€
6 mois
1500€
À retenir
Tout d'abord, nous avons montré que nous agissons, c'est déjà très important.
Ensuite, c'est une bonne démarche pour bloquer les macrodéchets, avant qu'ils aillent en rivière. C'est positif pour la rivière et son aspect visuel.
Risque pour la faune : Nous avons remarqué que le filet pouvait être un risque pour la faune notamment les canards qui peuvent se coincer les pattes. En effet, contrairement aux installations niçoises, notre filet baigne dans la rivière et attire les palmipèdes en recherche de nourriture.
Le filet n’est qu'une partie de la réponse à la problématique des déchets : nous devons commencer par agir en amont avec la mise en place de poubelle, puis éduquer et si besoin réprimer. Il y a une démarche à entreprendre, il faut un choix politique.
Ressources
France Bleu
"C'est un test" : un filet pour réduire la pollution installé dans la rivière la Colombine à Vesoul
L'Est Républicain
La communauté d’agglomération de Vesoul a procédé à la pose d’un filet antipollution au bout de la rue Robert-Depoulain, sur deux exutoires du réseau pluvial. L’objectif est de retenir les déchets avant qu’ils rejoignent la rivière