Dans l’Aude (11), le SMMAR renforce le suivi hydrométrique pour prévenir les crises hydriques

Comment le sujet de densification du suivi hydrométrique s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Les missions du SMMAR ont progressivement évolué depuis sa création en 2002 suite aux terribles inondations de 1999.
Nous avons diversifié nos partenariats d’année en année. Nous nous sommes rapprochés des services départementaux tels que le SDIS11 (service départemental d’incendie et de secours de l’Aude) et plus récemment de la Préfecture et du SPC (service de prévision des crues) avec lequel nous sommes associés en COD (centre opérationnel départemental) en tant qu’experts associés en gestion de crise. Une partie des cours d’eau est surveillée conformément à la réglementation, mais cela n’était pas suffisant en matière de prévisions et de gestion des crises.  En 2015, à l’occasion de la rédaction du second PAPI, nous avons intégré le volet hydrométrie et équipements pour améliorer le suivi hydrologique du bassin versant de l’Aude en complément du service de prévision des crues de l’État (directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement – DREAL). Cette volonté politique a été portée au sein du SMMAR en contribuant au renforcement du maillage des instruments de mesure existant pour disposer d’une vision d’ensemble de l’état de l’hydrologie des eaux du bassin versant en temps réel.

Cette volonté politique a été portée au sein du SMMAR en contribuant au renforcement du maillage des instruments de mesure existant pour disposer d’une vision d’ensemble de l’état de l’hydrologie des eaux du bassin versant en temps réel.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Chaque année, l’ANEB partage des retours d’expérience sur la gestion de crise. En parallèle nous collaborons avec de nombreux établissements publics territoriaux de bassin qui partagent les mêmes préoccupations concernant les outils de mesure. Les services de l’État qui ont déjà mis en place des stations de suivi nous ont guidés dans la mise en œuvre de la méthodologie pour compléter le maillage du territoire et partager une vision d’ensemble.

La technologie choisie a déjà été éprouvée, la station c’est l’organe global qui comprend les outils de mesure : une sonde piézométrique pour la pression, un radar pour déterminer la hauteur de la lame d’eau, une caméra qui capture des images toutes les 5 mn et permet de lever des doutes dans le cas où la sonde ou le radar ne fonctionnent plus. En amont nous avons paramétré des seuils de vigilance à partir desquels des alertes nous sont envoyées via un émetteur GSM qui permet de transmettre les données au superviseur qui nous remonte la donnée que l’on peut visualiser (en temps réel).

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Une étude de faisabilité a été portée par le SMMAR qui a mandaté un bureau d’études. Ce dernier a réalisé un diagnostic de bassin versant pour identifier le positionnement des stations de mesure. Il s’agit d’identifier les endroits les plus stratégiques entre les meilleurs nœuds hydrauliques (là où la mesure est la plus fiable) et les zones à enjeux pour bénéficier d’une capacité d’anticipation optimale.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Pour la mise en œuvre du projet, nous avons fait appel à un prestataire unique capable d’intervenir lors des phases de conception, de fourniture, de pose et de maintenance des stations. Nous nous appuyons sur des compétences internes au SMMAR pour la surveillance, la vérification des remontées de données sur notre superviseur.

Il faut aussi avoir une capacité d’animation des différents acteurs puisque le site de visualisation permet de centraliser plusieurs données complémentaires en plus des stations du SMMAR : nous avons les données de Vigicrue, certaines stations d’EDF et des pluviomètres MétéoFrance.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le SMMAR a été créé pour que l’ensemble du territoire soit couvert par des syndicats de bassin versant et dispose d’un appui technique et d’ingénierie porté par notre EPTB Aude « SMMAR ».

Le déploiement du réseau hydrométrique et la mise en place de l’outil SHYVAA ont été réalisés d’un commun accord avec tous les adhérents au niveau du bassin versant de l’Aude, c’est une politique partagée par l’ensemble des acteurs du territoire concerné.

SHYVAA dispose d’un accès pro pour le SMMAR et ses partenaires et une version grand public. Les citoyens n’ont pas été concertés mais nous avons largement communiqué sur le projet. Cela a bien fonctionné puisque nous nous rendons compte que le public se rend sur le site. En crise d’inondation par exemple, nous observons des pics de connexion avant de partir au travail et avant de partir du travail, l’outil a été adopté !

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

La collectivité est financée sur ce projet à hauteur de 80 % dans le cadre de son second programme d’action et de prévention contre les inondations (PAPI2) et de son PAPI3 (provenant eux-mêmes d’un montage Europe, État, Région, Département), ainsi que le soutien de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse pour le volet étiage.

Les 20 % complémentaires proviennent des fonds propres du SMMAR. Il faut noter que ces financements concernent uniquement l’investissement. Chaque année il faut prévoir une somme en fonds propres du SMMAR pour réaliser à minima une maintenance légère et anticiper le renouvellement des stations. Nous avons choisi des stations de qualité à l’instar de celles de l’État.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le SMMAR dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Nous travaillons en relation étroite avec le service de prévision des crues Méditerranée Ouest (SPCMO), mais c’est le SMMAR qui conduit le projet. Les collectivités adhérentes nous font confiance car nous portons l’expertise technique.

Cette volonté politique a été portée au sein du SMMAR en contribuant au renforcement du maillage des instruments de mesure existant pour disposer d’une vision d’ensemble de l’état de l’hydrologie des eaux du bassin versant en temps réel.