Des cours d’eau rechargés en granulats pour ralentir les écoulements (40)
Réalisés en novembre 2022 à l’initiative du Syndicat Adour Midouze, les travaux expérimentaux de recharge en granulats par dômes de deux affluents de l’Adour, le Pesqué et la Téoulière, ont démontré leur efficacité pour limiter l’impact des crues.
L’approche consiste à protéger les quartiers d’habitations, les infrastructures ou les équipements sensibles en favorisant les débordements des cours d’eau en amont de la commune, dans des secteurs à faible enjeu comme des prairies, des bois ou des parcelles agricoles cultivées en maïs. En cas de fortes précipitations, ces espaces naturels jouent en quelque sorte le rôle de bassins écrêteurs.





Entretien avec Christian Ducos, Président du Syndicat Adour Midouze

Ce projet est présenté par :
- Christian Ducos, président du Syndicat Adour Midouze, vice-président de la Communauté de communes du Pays Tarusate et maire de Souprosse.
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment l’expérimentation de recharge en granulats par dômes s’est-elle imposée à l’agenda du Syndicat Adour Midouze ?
En 2015, l’état des lieux réalisé dans le cadre de l’élaboration du plan pluriannuel de gestion (PPG) du réseau hydrographique de notre territoire identifiait plusieurs secteurs dégradés sur les ruisseaux du Pesqué et de la Téoulère. Recalibrés et rectifiés au fil du temps, ces deux affluents de l’Adour étaient à l’origine de débordements récurrents localisés au droit de routes et d’habitations à proximité de ces mêmes ruisseaux. Les élus de Saint-Maurice-sur-Adour attiraient plus particulièrement notre attention sur un lotissement et un quartier d’habitations de leur commune qui étaient systématiquement impactés lors des épisodes de fortes précipitations, avec des routes rendues inaccessibles et des personnes bloquées chez elles. Nous avons compris que renforcer l’entretien de ces cours d’eau ne serait pas suffisant. La décision a alors été prise de demander au bureau d’études ECCEL Environnement (31), chargé de l’élaboration du plan de gestion, de plancher sur le sujet en y intégrant des enjeux en termes de biodiversité, de restauration des cours d’eau et d’hydromorphologie. C’est ainsi que le projet de recharge granulométrique du Pesqué et de la Téoulère s’est retrouvé parmi les actions prioritaires de notre PPG Adour et Affluents 2020-2025.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Jusque-là, lorsqu’un cours d’eau débordait, le réflexe des riverains était de le curer pour limiter le débordement. C’était une méthode qui allait à l’encontre de la gestion à l’échelle du bassin versant. C’est le chargé de mission du bureau d’études ECCEL Environnement qui nous a parlé du principe d’action de la recharge granulométrique des ruisseaux en lit mineur. Un outil fréquemment utilisé dans le bassin versant de la Loire pour restaurer des petits cours d’eau. Pour notre territoire, c’était une grande première, un projet pilote. Nous nous sommes fiés à ses conseils. Notre choix s’est porté sur une recharge granulométrique expérimentale positionnée sous forme de dômes intégrant une partie sédimentaire stable et une autre plus mobile. Les objectifs sont multiples : favoriser les débordements dans des zones à faibles enjeux en amont des zones à forts enjeux, mais aussi dynamiser les écoulements, diversifier les habitats aquatiques et améliorer la qualité de l’eau grâce à une meilleure oxygénation.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, des études préalables ont été réalisées pour anticiper les impacts du projet et sa faisabilité dès la validation par le Syndicat Adour Midouze des deux sites pilotes proposés par le bureau d’études. Il s’agissait d’études hydrauliques, topographiques et de dimensionnement. Ce travail nous a permis de définir les emplacements précis des recharges, l’espacement entre les recharges, la dimension et la quantité de granulats déposés sur chaque site, etc. C’est comme cela que nous avons décidé de recharger les lits du Pesqué et de la Téoulère par des dômes de 10 à 20 m de long, espacés entre eux de 100 à 150 m, pour une épaisseur en moyenne de 30 et 50 cm selon que l’on se trouve à la crête du dôme ou sur les bords. Issus de carrières locales, les granulats sont composés à la fois de cailloux grossiers de 8/12 cm de diamètre et de petits gravillons de moins de 4 cm. Au final, ce sont quatre dômes qui ont été mis en place sur le ruisseau du Pesqué et deux sur le ruisseau de la Téoulère.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Nous n’avions aucune expérience en la matière, et nous nous en sommes remis aux compétences du bureau d’études ECCEL Environnement. Il a amené la technicité et l’ingénierie nécessaires au bon déroulement de l’expérimentation. La fiche action intégrée à notre plan pluriannuel de gestion et rédigée par ses soins prévoyait tout : le choix des matériaux et leur diamètre, le positionnement et la dimension des recharges, la mise en œuvre des dépôts, jusqu’aux travaux à prévoir sur les berges. C’est sur la base de ce document que nous avons ensuite rédigé le cahier des charges puis lancé les appels d’offres. Cependant, si nous ne disposions pas au départ des compétences nécessaires, le projet nous a assurément permis de monter en compétence au fil de sa réalisation. Nous sommes aujourd’hui en mesure de réaliser ce type d’opérations par nous-mêmes.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Le projet de recharge granulométrique était inclus dans le plan pluriannuel de gestion qui a lui-même fait l’objet d’une large enquête publique. Le sujet a donc été longuement traité au cours des réunions publiques avec les habitants du territoire. Au-delà de l’information des riverains, nous avons en outre pris le temps de rencontrer individuellement les propriétaires directement concernés par les travaux de recharge granulométrique. Les premiers retours étaient d’emblée assez positifs. Un agriculteur de Saint-Maurice-sur-Adour nous a toutefois fait part de ses doutes et de ses interrogations. Il ne s’attendait probablement pas à la solution proposée et s’est montré surpris. Nous avons pris le temps d’expliquer le principe d’action de la recharge granulométrique par dômes et il a finalement soutenu le projet. Au bout du compte, un seul riverain a refusé de nous donner son accord. Nous avons tenu compte de sa position et nous avons simplement décidé de déplacer le dôme à un autre endroit. Ce type de projets nécessite du temps et de la concertation, mais rien d’insurmontable.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides obtenues ?
Le projet a été financé sur fonds propres à hauteur de 20 % par le Syndicat Adour Midouze, 20 % par la Région Nouvelle-Aquitaine, 30 % par l’Agence de l’eau Adour Garonne et 30 % par le Conseil départemental des Landes.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le Syndicat Adour Midouze dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Le bureau d’études ECCEL Environnement a joué un rôle déterminant tout au long du projet, mais je ne veux pas oublier la qualité de l’accompagnement de la direction départementale des Territoires et de la Mer, du service environnement du Département des Landes, de la Fédération des Landes pour la pêche et la protection du milieu aquatique, ainsi que le savoir-faire de l’entreprise Montieux Travaux, qui a réalisé les travaux du 14 au 17 novembre 2022. Montieux Travaux est une entreprise de Vic-Fezensac (32) spécialisée dans les travaux en milieux aquatiques.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2013 - 2014
2015
2016 - 2018
2022
Chiffres clés
114
75
9 600
À retenir
La population comme les élus témoignent de désagréments moindres lors des événements pluvieux intenses. Une très bonne acceptation locale qui ouvre la voie à la réalisation de nouvelles recharges granulométriques sur un autre ruisseau situé cette fois-ci sur la commune de Souprosse.
Amélioration de l’état hydromorphologique des deux ruisseaux, meilleure oxygénation de l’eau grâce aux remous créés au niveau des dômes favorisant l’intégration de bulles d’air et l’amélioration de la qualité de l’eau. Des bio-indicateurs et des plantes aquatiques sont apparus.
Un suivi granulométrique a été mis en place pour évaluer la capacité de transport sédimentaire des deux cours d’eau. Des galets composant les dômes ont été colorés. Réalisée dans de mauvaises conditions (les cailloux n’étaient pas suffisamment secs et la peinture pas adaptée) et à la veille d’importantes précipitations, la peinture n’a pas tenu, rendant le suivi colorimétrique plus difficile, voire impossible.
Ressources
Veille eau - Travaux de recharge en granulats par dôme sur deux affluents de l'Adour
Les travaux concernent deux cours d’eau situés sur les communes de Grenade-sur-l’Adour et Saint-Mauricesur-Adour. Le ruisseau du Pesqué et de la Téoulère sont tous deux affluents rive droite de l’Adour.
Recharge granulométrique sur le Pesqué et la Téoulère
Dans cette vidéo, vous découvrirez des travaux de recharge granulométrique menés par le syndicat.
Les partenaires de ce projet

Agence de l’Eau Adour-Garonne

Conseil départemental des Landes

Région Nouvelle-Aquitaine

Fédération des Landes pour la pêche
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur le Syndicat Adour Midouze
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