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Exercice alerte rouge crue du Lay (85) : la montée en compétences continue en Sud Vendée pour gérer le risque inondation

À une quinzaine de kilomètres du littoral, à une altitude variant entre 0 et 33 mètres, la commune de La Bretonnière-La Claye (629 habitants) est un territoire d’eau. Son marais est alimenté par la plus grande rivière de Vendée, le Lay, dont les crues régulières ont causé des dégâts importants par le passé.

La réalisation d’un exercice « Alerte rouge inondation », en octobre 2024, a été l’occasion de tester grandeur nature son Plan communal de sauvegarde (PCS).

Retour sur cet exercice riche d’enseignements pour améliorer le PCS face au risque inondation, et plus largement monter en compétences avec les partenaires sur les enjeux de résilience du territoire.

Entretien avec David Marchegay, maire de La Bretonnière-La Claye

Parole de collectivité
David Marchegay, maire de La Bretonnière-La Claye - Crédits photo : Banque des Territoires
Prévention des inondations

Ce projet est présenté par :

  • David Marchegay, maire de La Bretonnière-La Claye
Conduire un exercice permet de se préparer à gérer une urgence de type inondation/submersion et montre aussi tout l’intérêt d’une réflexion plus poussée sur notre résilience face aux effets du dérèglement climatique
David Marchegay

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment la gestion du risque inondation s’est-elle imposée à l’agenda de votre commune ?

La gestion de l’eau et des risques associés est une question originelle sur notre territoire. La Bretonnière était autrefois un balcon sur l’océan ; des terres ont été conquises sur le domaine marin. Aujourd’hui notre territoire est à 97 % agricole, composé de prairies humides et de polders cultivés grâce à un système complexe de canaux et d’ouvrages. Nous sommes à une quinzaine de kilomètres à vol d’oiseau du littoral qui a été submergé par la tempête Xynthia en février 2010.

Pour autant, notre risque n’est pas celui d’une submersion marine mais d’une crue du Lay suite à de fortes pluies, ou d’une rupture du barrage du Marillet en amont. Le bourg de La Bretonnière n’est pas concerné car il se situe sur un promontoire. Le risque concerne les villages : il y a entre 10 et 15 maisons inondables au bord du Lay, et une vingtaine d’habitations risquant d’être isolées si les voiries sont inondées.

La protection des espaces agricoles est aussi un enjeu. Il est arrivé au printemps de devoir rentrer des animaux qui pâturaient sur le marais communal. Une crue du Lay peut s’anticiper de plusieurs heures voire plusieurs jours, même si l’eau arrive plus vite qu’auparavant avec l’urbanisation en amont (l’Yon passant à la Roche-sur-Yon étant un affluent du Lay). En revanche s’il s’agit d’une rupture de barrage, nous avons très peu de temps pour réagir. Les plus anciens savent, mais le risque est plus fort pour les néoruraux qui n’ont pas la connaissance du territoire. Il était donc important de réaliser un exercice en conditions réelles pour vérifier notre capacité à faire face à un événement de ce type.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour organiser cet exercice d’alerte inondation ?

Notre plan communal de sauvegarde a été réalisé en 2014, avec l’appui de l’Association des maires et présidents de communautés de communes de Vendée. Il est actualisé chaque année pour vérifier que les moyens prévus sont existants et fonctionnels, mais il n’avait jamais été testé.

Nous avons choisi de travailler sur le risque majeur de la commune, l’inondation, dans le hameau de Mortevieille au bord du Lay. C’est le Syndicat mixte du bassin du Lay qui porte la compétence Gestion des milieux aquatiques et inondations (Gemapi) et qui a conduit l’exercice le 30 octobre 2024. Je n’étais pas au courant du scénario choisi. Le syndicat mixte a envoyé une alerte jaune la veille à la mairie et l’exercice a réellement commencé avec l’alerte rouge d’une crue centennale le jour J.

Comment avez-vous évalué la faisabilité et/ou l’impact de cet exercice ?

L’exercice a mobilisé la gendarmerie, les pompiers, la préfecture, la DDTM de Vendée, des agents de l’intercommunalité, et enfin 9 élus, 2 agents et 2 référents de quartier de la commune. Le poste de commandement a été ouvert en mairie en début d’après-midi. Nous avons fermé des routes, déplacé deux habitants et ouvert la salle communale pour l’accueil des personnes évacuées.

Cet exercice nous a permis d’étudier les prises de décision et la chaine opérationnelle pour le déclenchement des moyens d’information et d’évacuation des habitants. Nous avons repéré des améliorations sur la procédure. Par exemple sur la traçabilité : il y a besoin d’une main courante horodatée pour retracer l’évolution des événements et les prises de décision. Il nous faut améliorer la cartographie en indiquant les niveaux d’eau sur les routes en fonction de la crue, et avoir le même découpage en secteurs que le SDIS pour faciliter l’identification des voies praticables et bâtiments concernés.

Nous nous sommes aussi rendu compte que nous n’avions pas les véhicules nécessaires pour évacuer un grand nombre de personnes, ni de matériel pour l’hébergement. Cela montre tout l’intérêt de réfléchir à un plan intercommunal de sauvegarde, qui permettrait de mobiliser des moyens de l’intercommunalité et des communes voisines. Cette réflexion est en cours, portée par la communauté de communes Sud Vendée Littoral (42 communes).

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Je suis ingénieur écologue de formation, cela me donne une base pour comprendre les enjeux et points de vigilance. Mais de toute façon, la vie du territoire est autour de l’eau. On ne peut pas ne pas s’y intéresser ! Depuis Xynthia, toutes les communes ont leur plan communal de sauvegarde, grâce à l’accompagnement du Département et de l’Association des maires et présidents de communautés de communes de Vendée. La communauté de communes Sud Vendée Littoral a été cheffe de file pour la montée en compétences des élus sur les PCS.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Les habitants n’avaient pas été informés à l’avance de l’exercice. Le jour J, les gens ont ouvert leur porte aux référents de quartier. Ils participent volontiers car ils ont une connaissance et une acceptation du risque. C’est pour conserver cette mémoire que des repères de crue ont été posés à Mortevieille, indiquant les niveaux d’eau atteints en 1960, 1983 et 1999.

Après l’exercice, nous avons recommuniqué le Document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM) via le bulletin municipal. Le DICRIM reprend toutes les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde répondant aux risques majeurs susceptibles d’affecter la commune, dont l’inondation.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

L’exercice n’a pas eu besoin de financement propre. Il a été intégralement conduit par le Syndicat mixte du bassin du Lay, notre principal partenaire qui porte le Programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) du Lay Aval. Il nous informe notamment des cotes du Lay et s’assure du bon état des ouvrages de défense (digues).

Quels sont les autres acteurs qui accompagnent la commune ?

La gestion de l’eau est conduite par beaucoup d’instances, parce qu’il y a beaucoup d’usages.

Sur le Lay : prise d’eau pour alimenter le barrage de Graon, avec des prescriptions environnementales autour du captage. En aval : conchyliculture dans la baie de l’Aiguillon, qui implique de maîtriser la quantité et la qualité d’eau qui arrive. Dans le marais lui-même, qui est à 99 % privé : chasse, pêche, élevage-pâturage, cultures à gros rendement, tourisme.

Il existe de nombreuses associations syndicales agricoles (ASA) qui gèrent des périmètres précis, avec des règlements d’eau par secteur. On mesure et régule les niveaux d’eau pour conforter tous les usages. La commune est elle-même exploitante agricole sur 30 hectares de marais communal, labellisé Territoire de faune sauvage depuis 2024.

Tout cela se fait sous l’égide de l’Établissement public du Marais poitevin, mis en place par l’État en 2011 après la catastrophe Xynthia. Notre commune est également membre du Syndicat mixte du Parc naturel régional du Marais poitevin.

Enfin, la communauté de communes Sud Vendée littoral conduit actuellement une étude globale sur l’impact du dérèglement climatique : érosion du trait de côte et risque de submersion marine, risque de manque d’eau… C’est un travail absolument nécessaire. Il s’agit pour notre territoire de se préparer à gérer une urgence, de type submersion marine, mais aussi apprendre à être résilient face à la montée inéluctable du niveau de la mer et les variations importantes de niveau d’eau. Il faut peut-être repenser le zonage des terres habitables, pâturables et cultivables. Peut-être revoir des digues. Il y a beaucoup d’ouvrages en mauvais état sur la baie de l’Aiguillon.

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Le projet en détails

Dates clés

2024

Programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) du bassin du Lay

2014

Rédaction du plan communal de sauvegarde (PCS) de la Bretonnière-La Claye

Octobre 2024

Premier exercice PCS sur le risque inondation

Chiffres clés

21

personnes et 5 organisations mobilisées pour l’exercice (commune, intercommunalité, SDIS, DDTM, Syndicat mixte)

19

points d’amélioration repérés pour le risque inondation dans le PCS

Résultats

  • L’exercice montre l’intérêt du futur plan intercommunal de sauvegarde, pour mobiliser des moyens supplémentaires.

À retenir

Le poste de commandement est fonctionnel et chaque intervenant connaît son rôle en cas de déclenchement du PCS

Nous avons repéré les améliorations à apporter sur la procédure et les moyens matériels du PCS

Nous avons besoin de modèles cartographiques plus précis sur les secteurs à enjeux en fonction des niveaux d’eau

Ressources

Ouest-France : La Bretonnière-la-Claye. Alerte inondation : ils ont imaginé le pire

Le risque le plus prévisible dans la commune, c’est la montée des eaux. La mairie a organisé avec les organismes de secours le déclenchement de son plan communal de sauvegarde

Les partenaires de ce projet

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Établissement public du Marais poitevin

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Syndicat mixte du Parc naturel régional du Marais poitevin

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Syndicat mixte du bassin du Lay

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Communauté de communes Sud Vendée littoral

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Département de la Vendée

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Association des maires et présidents des communautés de Vendée

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