La Communauté de communes du Nord-Est Béarn (64) plante des haies bocagères brise-crue

Comment le programme de haies bocagères s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

La Communauté de communes du Nord-Est Béarn est depuis toujours animée par une politique forte en faveur de la préservation et de la valorisation de l’environnement. En collaboration avec le Conservatoire d’espaces naturels Nouvelle-Aquitaine, nous avons par exemple mené en 2018 une étude pour identifier, classer et rendre compte de l’état des corridors écologiques sur notre territoire. En réponse à l’appel à manifestation d’intérêt Territoires verts et bleus, nous avons également élaboré une stratégie et un plan d’actions en faveur du patrimoine naturel. Le programme de haies bocagères s’inscrit dans la continuité des actions engagées, plus précisément à la faveur de l’appel à projets Nature et transitions lancé par la Région Nouvelle-Aquitaine en 2021.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Notre territoire rural et agricole est régulièrement soumis à des crues localisées mais importantes. En 2012, l’un de nos chargés de mission a mis le doigt sur les pertes de foncier liées à l’érosion des berges. Nous avions à l’époque acquis à Simacourbe une parcelle pilote de 8,77 ha destinée aux agriculteurs pour leur permettre de se former en agroforesterie. Adossée au Petit Lées et située en zone inondable, cette parcelle était idéale pour expérimenter une solution déjà pratiquée dans le Gers et proposée par notre technicien rivière David Condotta : la plantation de 300 m de haie brise-crue composée d’essences locales. En partenariat avec l’association Arbres et Paysages 32, les espèces plantées ont été choisies en fonction de leur capacité d’adaptation au milieu, leur robustesse, ainsi que leur croissance qui devait être plutôt buissonnante pour jouer le rôle de peigne en cas de crue. L’expérience s’est avérée concluante. Quelques années plus tard, l’appel à projets Nature et transitions de la Région Nouvelle-Aquitaine nous a offert l’opportunité de changer d’échelle en finançant une vaste campagne de plantations ouverte cette fois-ci à l’ensemble des communes, aux agriculteurs et à tous les particuliers concernés.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Pour la conception des haies brise-crue, nous nous sommes appuyés sur les études de notre technicien rivière, de l’association Arbres et Paysages 32, du Conservatoire d’espaces naturels Nouvelle-Aquitaine et de l’entreprise Reforest’Action. L’évaluation du programme de plantations de haies bocagères sur les communes pilotes de Buros, Arrosès et Nousty a contribué à définir une Trame-Biodiversité-Santé à l’échelle de la Communauté de communes portant sur la valeur ajoutée de la gestion et de la valorisation des espaces verts et naturels du territoire et pour la santé de la population. Menée avec les bureaux d’études Architecture Santé et Biodiv’Airsanté, cette évaluation d’impact sur la santé finalisée fin 2020 est l’une des actions opérationnelles du Contrat Local de Santé Est Béarn 2019-2022, en lien avec l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine et les Communautés de communes des Luys en Béarn, Pays de Nay et Nord-Est Béarn.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Nous nous sommes appuyés sur les compétences de l’association Arbres et Paysages 32, qui avait elle-même déjà pratiqué auparavant ce type de plantations dans le Gers (32). Sinon, il faut évidemment maîtriser les caractéristiques et les enjeux du territoire, notamment les données cartographiques sur la composition urbaine et environnementale : forêts, haies, cours d’eau, réservoirs de biodiversité, parcelles en gestion naturelle…

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Nous avons mené deux campagnes de communication successives, en 2021 puis en 2023, afin de recueillir les candidatures des agriculteurs et des particuliers volontaires pour planter des haies sur leur parcelle. Ces appels à candidature ont été l’occasion de faire connaître notre initiative et de présenter publiquement le projet. Certains agriculteurs se sont d’abord montrés circonspects, mais la démarche a été d’autant mieux comprise que nous disposions de notre parcelle pilote en agroforesterie. Au final, lors du premier appel à projets, nous avons reçu 104 projets candidats issus de 76 participants, dont 41 particuliers, 15 agriculteurs et 11 communes. Nous n’avons finalement pu en retenir que 28, ce qui représentait tout de même 9 760 plants. Pour le deuxième appel à candidatures, nous avons retenu 37 projets issus de 36 participants, soit 6 265 plants. Il faut préciser que les candidatures ont été sélectionnées sur la base de critères précis. L’objectif de la plantation des haies bocagères devait correspondre à au moins un des trois enjeux suivants : favoriser la biodiversité et reconnecter les milieux ; filtrer les pollutions et former des barrières contre les pollutions diffuses d’origine agricole ; et/ou freiner les inondations et lutter contre l’érosion des sols.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le programme a été financé par la Région Nouvelle-Aquitaine via l’appel à projets Nature et transitions à hauteur de 70 % pour les deux campagnes, par la Communauté de communes du Nord-Est Béarn à hauteur de 21,4 % pour la première campagne et 23 % pour la seconde, et par l’entreprise Reforest’Action à hauteur de 8,6 % pour la première campagne et 7 % pour la deuxième. Il faut aussi préciser que la première opération pilote menée en 2012 sur notre parcelle en agroforesterie avait bénéficié à l’époque d’un financement de l’Agence de l’eau à hauteur de 90 % et d’un financement de la Communauté de communes du Nord-Est Béarn pour les 10 % restants.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la Communauté de communes du Nord-Est Béarn dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le Conservatoire des espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine, avec qui nous avons signé une convention d’application spécifique à la mise en œuvre de ce projet, qui nous a accompagnés en tant qu’assistant technique : élaboration des séquences d’essences, visite chez les propriétaires, signature de la lettre d’engagement, suivi des travaux, suivi des plantations post-programme…