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Rénovation de l’ouvrage anti-crue depuis le pied de berge à Choisy-le-Roi (94)

Construit il y a 90 ans, après deux grands épisodes de crue, l’ouvrage anti-crue depuis le pied de berge de Choisy-le-Roi vient d’être rénové après trois années de travaux. Mais le béton d’origine était de bonne qualité. Plutôt que de le démolir, l’ouvrage a été grignoté sur 15 cm tout autour, puis a été ferraillé avant d’être recouvert d’un treillis et du béton 35-45 adapté au milieu humide. Quant au perré, il a été reconstruit entièrement. Enfin, la promenade végétalisée a été reconstituée, avec le remplacement d’arbres malades.

De nombreuses compétences doivent être réunies pour gérer un tel chantier : génie civil, génie fluvial, organisation d’un chantier terrestre et fluvial, avec des conséquences sur la sécurité et la protection du milieu. Mais le département du Val-de-Marne dispose d’une vraie expertise en la matière car de tels ouvrages, sur un linéaire de 350 mètres, sont essentiellement présents en première couronne parisienne. L’approvisionnement a été effectué par voie fluviale.

Ces travaux ont fait l’objet d’un large consensus et aucune plainte n’a été enregistrée auprès des riverains, en dépit d’importantes destructions au marteau-piqueur.

Entretien avec Jean-Pierre Bultieau, chef de projet berges et réhabilitation au service travaux de la direction Environnement et Assainissement

Parole de collectivité
Crédits photo : aquagir
Prévention des inondations

Ce projet est présenté par:

  • Jean-Pierre Bultieau, chef de projet berges et réhabilitation au service travaux de la direction Environnement et Assainissement
On peut réhabiliter les ouvrages en s’appuyant sur l’existant.
Jean-Pierre Bultieau

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment la rénovation de l’ouvrage anti-crue à Choisy-le-Roi s’est-elle imposée à l’agenda du département ?

Au préalable, je voudrais procéder à un rappel historique. Après la crue centennale de 1910, puis de la crue cinquantennale de 1924, les autorités de l’Etat ont décidé de protéger Paris. Dans le département de la Seine (qui comprenait alors Paris et toute la petite couronne), on a construit des murettes anti-crues. C’est ainsi que dans l’actuel Val-de-Marne, des ouvrages ont été construits, et notamment celui du quai Pompadour, à Choisy-le-Roi.
A l’époque, c’étaient les services de l’Etat qui effectuaient les travaux mais, il y a une vingtaine d’année, l’Etat s’est concentré sur la gestion du trafic fluvial et des barrages, tandis que le département a pris en charge la maîtrise d’œuvre des ouvrages. Nous les entretenons et les surveillons. Nous les vérifions depuis le sol ou le fleuve, nous disposons d’ailleurs d’un zodiac pour ce faire, et nous répertorions les dégradations.

Les murettes anti-crue du quai Pompadour ont été faites en béton cyclopéen. La fondation est assez imposante et il est même difficile d’atteindre le bas de la fondation, tant elle est profonde. C’est comme un iceberg : au-dessous, un imposant sous-sol assure la stabilité de l’ouvrage, et au-dessus, l’ouvrage se poursuit comme murette anti-crue, observable quand on se promène.

Cet ouvrage a été construit en 1933-34 : il a 90 ans et reste solide. On lui a mis un coup de neuf. On peut en effet réhabiliter les ouvrages en s’appuyant sur l’existant. Parfois, un béton peut avoir 80 ans et être en bon état, un autre avoir 15 ans et être dégradé. Le béton était de qualité hormis en périphérie où il commençait à s’abîmer. Plutôt que de tout démolir, ce qui aurait eu un coût pharaonique, nous avons grignoté l’ouvrage sur 15 cm tout autour. Nous avons repéré les quelques fissures sous l’ouvrage, invisibles en surface. Nous avons ferraillé l’ensemble, nous avons remis un treillis et du béton 35-45 adapté au milieu humide. Et nous avons reconstruit en partie la murette. Voilà comment nous avons réhabilité l’ouvrage, qui est maintenant de qualité pour plusieurs décennies. Ici, le système est sain et, s’il y a une crue cinquantennale, je ne suis pas du tout inquiet.

Quant au perré, il avait le même âge que la murette. Mais nous l’avons reconstruit entièrement. Nous avons commencé la murette de manière à aller plus bas que le mur du perré pour disposer d’un ancrage bon et étanche. Nous avons rajouté une bèche en pied du perré pour augmenter la stabilité de l’ouvrage. Et nous avons refait la promenade avec des cordons d’enrochement : les enrochements sont bloqués avec un béton colloïdal en surface mais on ne met pas de béton au niveau de l’eau pour permettre l’épanouissement d’une vie piscicole car les poissons se réfugient entre les rochers.

Enfin, concernant les espaces végétalisés, nous avons tout repris avec un abatage des arbres morts ou malades, nous les avons remplacés.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de cette rénovation ?

L’inspiration provient de nous-mêmes, en interne. Ce type d’ouvrages, avec d’aussi grands linéaires, est rare en dehors de la petite couronne parisienne.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée au préalable ?

Non mais techniquement, nous l’avons déjà fait sur de petits tronçons : que l’on fasse 5 mètres ou 150, c’est le même principe. Il fallait également appréhender l’approvisionnement puisque ce n’était pas accessible par camion. Ce n’était possible que par voie fluviale, ce qui a fait augmenter le coût les travaux Mais ça les a rendus plus écologiques. Nous avions la chance d’avoir un port fluvial à proximité.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans une telle rénovation ?

Il faut maîtriser le génie civil, le génie fluvial, l’organisation d’un chantier terrestre et fluvial, notamment pour la sécurité et la protection du milieu. Ainsi, nous avions mis en place une plinthe pour que les gravats ne tombent pas dans le fleuve. Nous avions également installé des kits antipollution en aval : si de l’huile tombait dans la Seine, nous pouvions la récupérer. Et puis, cela nécessite la maîtrise de la Loi sur l’eau : prouver que l’on préservait d’éventuels herbiers et/ou frayères, par exemple. Enfin, l’organisation territoriale doit être connue : rencontrer bien en amont les municipalités pour leur présenter le projet. Il y avait un réseau d’éclairage de la ville que nous avons déposé. La ville était d’accord mais comme elle doit voter un budget : il faut s’y prendre au moins un an et demi en amont. Plus on s’y prend tôt, mieux c’est.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment le Val-de-Marne a-t-il assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Depuis 2016, nous avons connu trois crues significatives alors que nous n’en avions pas eu depuis 1982. Les habitants ont compris que la Seine pouvait être menaçante même si eux-mêmes n’ont pas été personnellement touchés par une crue. La mémoire est donc fraîche. Nous n’avons eu aucune plainte pendant les travaux alors qu’il y avait le bruit de marteau-piqueur pour piocher 350 mètres. Nous avons un peu décalé les horaires des travaux au marteau-piqueur, en particulier le mercredi, pour éviter trop de nuisances pour les familles et les enfants. Tout s’est bien passé et le maire nous a remerciés à l’occasion d’une réception de fin des travaux.

Comment le Val-de-Marne a-t-il financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

5,2 millions d’euros TTC : les travaux ont été étalés sur 4 ans. Ils ont été financés à 40 % par le fonds Barnier et à 40 % par la métropole du Grand Paris.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le département dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Ça a été un accompagnement uniquement financier. Nous avons été accompagnés par la métropole du Grand Paris, l’Etat et nous étions en contact régulier avec la mairie.

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Le projet en détails

Dates clés

2020

Prise de décision

2021

Début des travaux

2024

Fin des travaux

Chiffres clés

350

mètres linéaires rénovés

18 500

habitants protégés

143

hectares de zones protégées

Résultats

  • Nous avons respecté les délais et les coûts, sans dépassement budgétaire.

À retenir

Nous avons réalisé l’opération comme nous l’avions imaginé

Tout le monde est content de cet ouvrage

Nous n’avons enregistré aucune plainte

Ressources

A Choisy-le-Roi, les berges renaturées préviennent le risque d'inondation

Après plusieurs phases de travaux depuis 2021, le chantier pour renaturer la berge de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) est enfin terminé. C'est un investissement de 4,7 millions d'euros pour lutter contre le risque de crue et d'inondation de la Seine.

Les partenaires de ce projet

FPRNM - fonds Barnier

Fonds Barnier

Métropole Grand Paris

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1 415 367

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