A Orly (94), Eau de Paris marque une nouvelle étape vers une plus grande sobriété énergétique

Comment le sujet d’une nouvelle usine de traitement de l’eau s’est-il imposé à l’agenda d’Eau de Paris ?

Le site d’Orly, crée en 1969 en bordure de Seine au sud de Paris, fait partie des sept sites de traitement d’eau potable de la capitale.
Etendu sur 52 hectares dont 22 ha en zone naturelle, il assure 25 % de la production d’eau potable distribuée dans la métropole. Pour garantir son fonctionnement optimum, il fait l’objet d’un programme de modernisation continue pour répondre aux nouvelles normes sanitaires concernant le traitement de l’eau.

Avec ce projet d’une nouvelle unité Orly 2 qui s’ajoute à la première, initié en 2016, il s’agissait de répondre à un besoin d’amélioration de la modularité du site qui, avec désormais deux unités indépendantes d’une capacité respective de 150 000 m³/jour, rend possible la poursuite de l’activité lors des grosses opérations de maintenance d’une des structures.

Il s’agissait aussi, avec ce nouvel équipement, d’anticiper les évolutions règlementaires du code de la santé publique concernant les résidus médicamenteux et métabolites de pesticides comme le chlorothalonil.

Pour toutes ces raisons, nous avons donc construit cette nouvelle filière qui utilise un procédé innovant de traitement de l’eau par affinage sur charbon actif micro-grains à renouvellement continu et qui permet d’éliminer un large spectre de micropolluants.

Nous avons fait le choix de la technologie brevetée CarboPlus développé par Stéreau (filiale ingénierie du Groupe Saur) et qui permet de réutiliser 80% du charbon actif usagé après avoir été régénéré.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Tout d’abord, le site d’Orly bénéficiait d’une réserve foncière suffisante pour installer les nouveaux équipements sans démantèlement immédiat des anciens ouvrages, ce qui a facilité sa mise en œuvre sur une surface de 4.472 m².

Ensuite, nous avons benchmarqué les procédés de traitement, bien sûr.

Puis, nous avons fait le choix du procédé à renouvellement continu, soumis à brevet, avec un charbon actif qui dispose d’une capacité de fixation importante par adsorption, c’est à dire par immobilisation des molécules à la surface des grains.

Nous nous sommes également appuyés sur les résultats d’études de notre propre laboratoire d’analyse et de recherche et développement.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Avant tout appel d’offres, un diagnostic approfondi a été réalisé sur le site. Cela a inclus une campagne de qualification pour évaluer l’état mécanique du sol, l’état du génie civil, ainsi que des diagnostics amiante et des analyses de pollution éventuelle pilotées par les services d’ingénierie en interne.

Des ateliers thématiques ont également été organisés avec l’exploitant, le mainteneur et le laboratoire afin d’ajuster le programme de travaux de manière optimale. Des analyses règlementaires ont été réalisées en raison de la classification du site en zone inondable afin de se conformer au code l’environnement et au code de l’urbanisme.

Enfin, avant tout mise en route, il a été nécessaire, dans le cadre du code de la santé publique, de se soumettre aux contrôles et autorisations de l’agence régionale de santé (ARS).

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Dans le cadre de cette opération, nous avons réalisé pour la première fois le projet selon la méthodologie Bim (Building information modeling). Cette usine « modèle » a d’abord été conçue sous forme de maquette numérique 3D pour une vision plus complète des futurs enjeux d’exploitation et de maintenance.

C’est un outil collaboratif précieux pour les spécialistes du génie civil, du traitement de l’eau, architectes et exploitants.

Eau de Paris a reçu en 2022 le BIM d’argent, décerné par Le Moniteur – Les Cahiers du bâtiment, pour le projet de « jumeau numérique » de son patrimoine industriel, dont fait partie Orly 2.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la régie a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Un certain nombre de démarches préalables ont été nécessaires incluant le dépôt des demandes d’autorisation et permis de construire comme pour tout projet de cette ampleur.

Par ailleurs, il fallait penser ce projet de telle façon à ce qu’il n’obère pas les projets futurs.

Pour ce qui concerne le traitement des boues, nous réutilisons la filière boue existante dont le procédé extensif de lagunage, en plein air, est peu énergivore et écologique : cela nous a évité d’installer des filtres-presses ou des centrifugeuses, équipements particulièrement coûteux en investissement et en exploitation. Enfin, la mise en œuvre de ces travaux s’est faite en continuité de service, sans incidence sur l’acheminement de l’eau au robinet des consommateurs.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

 Ce projet a été notifié à 44 millions d’euros HT. Mais le coût final s’est élevé à 48 millions d’euros HT en raison d’aléas et des couts de gestion liés au Covid-19 (immobilisation, augmentation des coûts de matériaux, …).

Cet équipement a été financé par l’Agence de l’Eau Seine Normandie à hauteur de 30 % – sur la base du coût initial – soit un montant de 13, 2 millions. Le reste a été financé sur fonds propres dont 20% avec un prêt à taux zéro.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Eau de Paris dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le groupement d’entreprises qui a réalisé le projet comprend :

• L’entreprise Stéreau, division Ingénierie et traitement de l’eau du groupe Saur
• L’entreprise de BTP Razel Bec, filiale du groupe Fayat
• L’entreprise spécialisée en ingénierie de l’eau Setec Hydratec (groupe Stec)
• L’architecte  Les Ateliers Monique Labbé