Réhabilitation de l’usine de potabilisation de Bois-de-Nèfles (974)
À La Réunion, la réhabilitation de l’usine de potabilisation Bois-de-Nèfles modernise une infrastructure datant de 1960 pour répondre aux normes sanitaires et garantir une continuité de service, même en période cyclonique.
Réalisé entre 2015 et 2022, ce projet, financé par la CINOR et des subventions européennes et régionales, a mobilisé l’ARS, l’exploitant RUNEO et des partenaires locaux.
Grâce à des technologies avancées, l’usine traite désormais des eaux turbides en continu, offrant une eau de qualité constante aux habitants des hauts de Bois de Nèfles, tout en respectant les enjeux environnementaux. Un exemple fort de collaboration inter-institutionnelle.





Entretien avec Mickael Pausé, directeur du service eau potable de la CINOR

Ce projet est présenté par:
- Mickael Pausé, directeur du service eau potable de la CINOR.
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la réhabilitation de l’usine de potabilisation de Bois-de-Nèfles (974) s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?
La réhabilitation de l’usine de potabilisation Bois-de-Nèfles est devenue prioritaire en raison de plusieurs constats majeurs. Initialement construite dans les années 1960, l’usine ne répondait plus aux exigences des réglementations sanitaires en constante évolution, notamment celles relatives à la qualité de l’eau potable. Les infrastructures vieillissantes peinaient à traiter les eaux turbides lors des saisons cycloniques, entraînant des coupures fréquentes ou des restrictions d’usage pour les habitants. La situation devenait critique, affectant la vie quotidienne et la santé publique.
De plus, la collectivité devait répondre à une augmentation constante de la demande en eau potable, liée à la croissance démographique des communes desservies de la zone desservie. Cette évolution nécessitait une modernisation pour garantir une capacité de traitement suffisante.
Par ailleurs, l’enjeu environnemental a également pesé dans la balance : le projet devait réduire l’impact sur les ressources naturelles tout en répondant aux normes de développement durable. La nécessité d’assurer une continuité de service, même dans des conditions climatiques extrêmes, a conduit la collectivité à inscrire ce projet à l’agenda. Enfin, les opportunités de financement, notamment via les subventions européennes, ont été des facteurs déterminants pour lancer ce chantier ambitieux.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
La réhabilitation de l’usine Bois-de-Nèfles s’est appuyée sur plusieurs sources d’inspiration pour s’aligner avec les meilleures pratiques. Tout d’abord, la réglementation sanitaire, notamment le Code de la santé publique, a servi de guide principal. Les seuils imposés pour la qualité de l’eau comme pour la turbidité ont structuré les objectifs techniques du projet.
La collectivité a également tiré parti de ses expériences passées et des nombreuses études sur la caractérisation des ressources en eau locales, qui ont permis de bien comprendre les spécificités des eaux brutes à traiter, notamment en termes de turbidité.
Le Plan Eau Dom, qui vise à améliorer les infrastructures hydrauliques dans les territoires d’outre-mer, a également été une source d’inspiration majeure. Ce plan encourage la modernisation des systèmes de potabilisation pour garantir un accès équitable à l’eau potable pour toutes les populations.
Enfin, des échanges réguliers avec des experts en ingénierie hydraulique et des partenaires hexagonaux ont permis d’affiner les solutions techniques choisies, en s’appuyant sur des retours d’expérience de projets similaires menés dans d’autres régions ou collectivités.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, une étude de faisabilité et d’impact approfondie a été menée pour garantir le succès du projet. Cette étude a commencé par une caractérisation complète des ressources en eau disponibles, identifiant les problématiques spécifiques telles que la turbidité élevée en période cyclonique et les contaminants présents dans l’eau brute. Ces analyses ont permis d’adapter précisément les technologies de traitement nécessaires.
Ensuite, un diagnostic détaillé de l’état des infrastructures existantes a été effectué. Celui-ci a mis en évidence les faiblesses structurelles de l’usine et les points nécessitant une modernisation urgente pour répondre aux normes actuelles.
Parallèlement, une évaluation de l’impact environnemental a été réalisée, incluant des simulations des effets des travaux sur les ressources naturelles et les écosystèmes environnants. Cela a permis d’intégrer des solutions écologiquement responsables. Des partenaires tels que les services sanitaires de l’ARS (Agence Régionale de Santé) ont été associés à ce processus pour garantir la conformité du projet aux normes sanitaires en vigueur.
Enfin, les maîtres d’œuvre et les partenaires techniques ont élaboré un plan de faisabilité financière, estimant les coûts et identifiant les sources de financement. Ces études ont non seulement assuré la viabilité technique et économique du projet, mais elles ont aussi fourni une base solide pour justifier l’obtention de subventions auprès des institutions régionales et européennes.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
La réhabilitation de l’usine Bois-de-Nèfles a mobilisé des expertises variées. Une maîtrise de l’ingénierie de traitement des eaux était essentielle pour choisir des technologies capables de gérer des eaux turbides tout en respectant les normes sanitaires strictes. Les compétences en diagnostic hydrologique ont permis de caractériser les ressources locales et de concevoir des solutions adaptées aux contraintes environnementales et climatiques, notamment les saisons cycloniques.
La gestion du projet exigeait aussi une connaissance approfondie des réglementations sanitaires et environnementales, comme celles du Code de la santé publique, qui impose des normes rigoureuses. La collaboration avec des partenaires tels que l’ARS, la Région Réunion et des entreprises spécialisées a été cruciale pour garantir la conformité et la qualité des infrastructures.
L’exploitation des usines repose sur une gestion optimisée, assurée par Runéo, qui apportent son expertise technique. La coordination entre financeurs, maîtres d’œuvre et exploitants a nécessité des compétences solides en communication et négociation. Enfin, la gestion des projets hydrauliques à La Réunion demande de concilier production d’eau potable et préservation des écosystèmes locaux, pour garantir des solutions durables et respectueuses de l’environnement.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
La collectivité a mené une phase de diagnostic rigoureuse pour garantir le bon dimensionnement du projet. Elle s’est appuyée sur des études hydrologiques détaillées pour évaluer les besoins en traitement et adapter les technologies à la qualité et au volume des ressources disponibles. La phase de diagnostic a consisté à analyser en profondeur la qualité de la ressource en eau disponible et à évaluer les besoins en eau potable pour le secteur de Bois de Nèfles, qui connaît une croissance démographique. Cette analyse a permis de déterminer que la capacité de production de l’usine devait être doublée pour répondre aux besoins des 5 700 habitants desservis.
En termes d’adhésion des citoyens, la collectivité a mis l’accent sur la transparence. Les habitants ont été informés à chaque étape du projet, et ils ont pu constater les bénéfices concrets lors de l’inauguration des nouvelles installations, notamment l’amélioration de la qualité de l’eau, même pendant les périodes de fortes pluies. De plus, les élus locaux ont joué un rôle crucial en relayant les informations et en s’assurant que les préoccupations des citoyens soient prises en compte. La continuité du service et la résolution des problèmes récurrents de turbidité ont renforcé l’adhésion de la population, qui a bien accueilli ce projet d’envergure.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le financement du projet repose sur un modèle mixte associant des contributions locales et des subventions externes. Les travaux ont été en partie financés par les factures d’eau des abonnés, selon le principe « l’eau paye l’eau », qui garantit une autonomie financière pour l’entretien et l’amélioration des infrastructures. Cette ressource financière a permis de couvrir une part des coûts d’investissement nécessaires à la modernisation des infrastructures.
Cependant, la collectivité a également sollicité et obtenu des aides importantes de la part de l’Union Européenne, qui a contribué à hauteur de 1,3 million d’euros via le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). La région Réunion a, de son côté, apporté une contrepartie publique nationale de 199 972,50 euros. Ces financements ont évidemment été déterminants pour assurer la faisabilité économique du projet, en particulier compte tenu des coûts élevés associés aux technologies de traitement modernes. Ces subventions ont également permis de garantir que la réhabilitation respecte les objectifs du Plan Eau Dom, visant à améliorer la gestion de l’eau dans les territoires d’outre-mer.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la CINOR dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Le projet de réhabilitation de l’usine de potabilisation de Bois-de-Nèfles a mobilisé un large éventail d’acteurs publics, privés et institutionnels :
- Runéo : en tant qu’exploitant, Runéo a apporté une expertise opérationnelle essentielle pour garantir que les infrastructures modernisées répondent aux besoins pratiques du terrain.
- Agence Régionale de Santé (ARS) : partenaire clé, l’ARS a non seulement supervisé la conformité aux normes sanitaires mais a également participé activement à la conception des solutions techniques.
- La Région Réunion : en tant que financeur principal via la gestion des fonds européens (FEDER), la Région a joué un rôle déterminant dans le montage financier du projet.
- La commune de Saint-Denis : bien que la compétence soit gérée au niveau intercommunal, la commune a été impliquée pour relayer l’information et sensibiliser les administrés.
- Préfecture : la préfecture a soutenu le projet dans le cadre du contrat de progrès, un programme visant à améliorer la performance des services d’eau potable dans les Outre-Mer, à combler les écarts structurels entre la métropole et les Outre-Mer.
- Entreprises locales : sélectionnées par appels d’offres publics, elles ont contribué à la réalisation des travaux, en mettant en œuvre des solutions techniques adaptées au contexte régional.
Cette synergie entre acteurs a permis une réalisation conforme aux attentes, tant sur les plans techniques que financiers.
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Le projet en détails
Dates clés
2015
2015 - 2018
2016 - 2018
2019 - 2022
Chiffres clés
1 200
5 700
2,8
À retenir
Amélioration significative de la qualité de l’eau potable, même en période de fortes pluies. Et augmentation de la capacité de traitement de l’usine (1 200 m³ d’eaux brutes par jour), répondant aux besoins croissants de la population (5 700 habitants) pour les 20 à 30 prochaines années.
La mobilisation et la collaboration réussie entre tous les acteurs, qu'il s'agisse de l'exploitant, de l'ARS, des financeurs comme la Région Réunion et l’Union européenne. Cette entente a permis de construire un projet mature répondant aux attentes de chacun et aux enjeux majeurs de la Réunion.
Les aléas techniques rencontrés en cours de travaux, nécessitant des ajustements continus.
Ressources
CINOR - Inauguration de la station de potabilisation de Bois de Nèfles
La CINOR a inauguré le 7 juillet 2022 la nouvelle usine de potabilisation de Bois de Nèfles, à Saint-Denis.
Les partenaires de ce projet

ARS

FEDER

Ville de St-Denis ( La réunion)

La région Réunion

Runéo
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