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Un nouveau forage pour augmenter la part d’eau souterraine dans le mix d’eau potable (61)

Pour diversifier ses sources de production d’eau potable, la Communauté urbaine d’Alençon (61) a construit un nouveau site de forage à Cerisé, qui puise l’eau souterraine. L’eau de ce forage,  mis en service en 2021, est acheminée vers l’usine d’Alençon et traitée, avec l’eau de la Sarthe, pour être ensuite redistribuée à 17 communes, pour un total de 20 000 abonnés.

Troisième forage construit par la CUA, ce chantier a permis à la collectivité d’atteindre son objectif d’être moins dépendante de la Sarthe en cas de sécheresse : la part d’eau de forage représente dorénavant près de 40% de son eau potable distribuée.

Entretien avec Jean-Patrick Leroux et Amélie Baudeloche

Parole de collectivité
Monsieur Jean-Patrick Leroux, Conseiller communautaire délégué à l’Eau et l’Assainissement - Crédits photo : Banque des Territoires
Production de l’eau

Ce projet est présenté par:

  • Jean-Patrick Leroux, Conseiller communautaire délégué à l’Eau et l’Assainissement
  • Amélie Baudeloche, Responsable du service Eau et Assainissement

 

Il y a un intérêt à prendre de l’eau de forage car c’est moins cher à traiter, et l’eau a une qualité stable au cours de l’année.”

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le projet d’un nouveau site de forage s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

L’idée d’un troisième forage a émergé en 2010. Les travaux de mise en place de la prise d’eau ont été achevés en 2015, et la mise en service du point de captage a eu lieu l’année 2021, le temps d’obtenir toutes les autorisations nécessaires. C’est un projet qui nous a été en partie imposé par l’ARS et le Sage (chargé de la gestion de la rivière Sarthe) qui nous pressaient de moins prélever dans la rivière. Simultanément, nous avons reconstruit l’usine d’Alençon, qui datait des années 50 et méritait d’importants travaux, et qui a été inaugurée en 2021.

Quelles sources d’inspiration avez-vous suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous ne sommes pas spécialement allés voir ce qui se faisait dans les autres départements, nous avons surtout travaillé avec les spécificités de notre territoire. Les projets de forages dépendent beaucoup du type de sol des collectivités. Certaines n’ont pas la quantité d’eau nécessaire en sous-sol. Sachant qu’il n’y a pas suffisamment d’eau de forage disponible sur notre territoire, notre volonté est de tendre vers un alignement de notre production d’eau potable sur la disponibilité de la ressource. Nous avons aussi été aiguillés et accompagnés par le Syndicat départemental de l’eau sur ce sujet, puisque dans l’Orne tous les forages sont créés en liaison avec le Syndicat.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Il y a eu des dossiers d’autorisations de prélèvements et de production d’eau destinée à la consommation humaine à déposer. D’un point de vue d’élu, c’était vraiment long. Nous avons dû également apaiser les tensions avec des propriétaires et les agriculteurs autour du forage, avec la mise en place d’un périmètre et la nécessité d’une modification des activités de cultures et d’élevage. Pour préserver la qualité de l’eau du forage, des agriculteurs ne peuvent plus épandre des pesticides dans certaines zones de cultures, ou bien déposer leur fumier à certains endroits…

Pour une collectivité voulant entreprendre un projet similaire, quelles sont les compétences principales ou sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?

Trouver le bon site est très important ; pour nous c’était la mission du Syndicat départemental de l’eau, afin de trouver une ressource en eau convenable. L’hydrogéologue doit trouver un lieu qui semble adéquat, puis il faut effectuer un forage d’essai, des essais de pompage, des analyses d’eau… Cela peut prendre des mois ou des années. D’une certaine manière, l’une des compétences à conserver à ce moment-là, c’est la patience ! Bien organiser un projet d’une telle ampleur est aussi très important, il ne faut pas avoir à s’y mettre dans l’urgence, au vu des délais.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Il y a eu une enquête publique sur les communes et le périmètre concerné, avec un commissaire-enquêteur, et les citoyens ont pu faire remonter leurs doléances. Il y a eu des négociations au cas par cas, avec des versements d’indemnités qui ont été assez importantes, à la fois pour certaines activités agricoles et pour le bâti, qui pouvaient remettre en compte la prise d’eau.  Nous avons mis en place des barèmes avec les Chambre d’Agriculture. Nous sommes allés au tribunal dans certains cas avec des exploitants et propriétaires. Cela a eu un coût et a aussi retardé le projet. Auparavant, nous ne communiquions pas beaucoup sur les problématiques de l’eau. Nous essayons dorénavant de mettre en place des actions, comme une vidéo ludique avec Eaux de Normandie pour que chaque citoyen puisse comprendre le traitement de l’eau potable dans notre usine. Il est important d’expliquer au citoyen que la facture augmente lorsqu’on investit lourdement pour la qualité de l’eau. Des réunions d’informations ont eu lieu avec les élus pour les familiariser sur les problématiques de l’eau et l’assainissement, ainsi qu’avec des exploitants agricoles.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Pour la rénovation de l’usine et le forage, nous avons obtenu de l’aide de l’Agence de l’eau, du SDE et du département.  Les travaux de construction du troisième forage ont été réalisés en même temps que le déplacement de la prise d’eau en Sarthe, et la mise en place de 2 stations d’alerte. Les subventions que nous avons sollicitées ont donc bénéficié à l’ensemble de ces projets ; nous avons obtenu 307 800 euros du Conseil Départemental de l’Orne et une avance à taux zéro de l’Agence de l’eau.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la CUA dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

La CUA n’est pas seul maître du déroulement des opérations, la décision de pouvoir utiliser un forage doit notamment passer par le SDE, l’ARS et la DTT pour les dossiers réglementaires. Nous avons fait appel à un maître d’œuvre comme pour tout travaux.

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Le projet en détails

Dates clés

2010

Lancement du projet

2015

Mise en place du dispositif

2021

Mise en service du point de forage

Chiffres clés

40

% d'eau de forage dans l'eau potable

100

m3/ heure prélevée (capacité du forage)

1,67

million d'€ (HT) pour les travaux de la prise d'eau et d'un forage

À retenir

Nous avons une eau de meilleure qualité avec le forage que l’eau superficielle d’une rivière. Et surtout, nous avons gagné la sécurité de la ressource.

Côté chiffre, alors que nous prélevions auparavant 70% de notre eau potable dans la Sarthe et 30% par nos forages, ce troisième point de captage nous a permis de passer à 60/40%. On pourrait faire encore plus avec un forage supplémentaire, ce qui est actuellement en projet.

Le délai d’instruction des autorisations est très long, et les réglementations se contredisent souvent. Pour un tel projet, il faut composer avec toutes les exigences et le manque de ressources potentielles, sur du temps long. On a beaucoup de retour d’organismes qui dépendent de l'État, comme l’ARS, et qui nous posent le constat de certains problèmes sans nous apporter forcément de solutions pour les résoudre. On peut aussi noter que le coût de traitement du calcaire de l’eau provenant des sols est plus important. Mais cela est compensé par la qualité de l’eau de forage.

Ressources

Cu-Alençon - Eau potable

L’eau de surface présentant une qualité variable au cours de l’année, et étant plus vulnérable aux pollutions, la CUA souhaite augmenter la part d’eau de forage. Pour ce faire, un nouveau forage a été créé sur Cerisé. Son utilisation à des fins d’alimentation en eau potable ne pourra se faire qu’après l’obtention d’un arrêté préfectoral de Déclaration d’Utilité Publique (DUP

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

RS - Visuel non disponible

SDE

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