Comment le sujet de  la renaturation du Merle s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

En, 2016, le SIEAR, Syndicat pour l’Entretien et l’Aménagement de la Rosselle a adopté une compétence sur ses affluents. Puis en 2020, la commune de Freyming (57) nous a demandé de prendre en charge le projet de renaturation de la Merle. Le délai d’instruction a été relativement long, il a duré quasiment 3 ans.

Nous avons déposé un dossier Loi sur l’eau et une Déclaration d’Intérêt Général (DIG) puis nous avons organisé une enquête publique et une enquête écologique faune flore du Merle, puis l’acte d’engagement a été signé à l’entreprise SETHY, spécialisée dans les travaux dans les milieux aquatiques, en mai 2021.

Le projet de renaturation n’a pas été simple.

La Merle prend sa source à ST AVOLD dans la forêt du ZANG et est alimenté par les eaux pluviales de localité avoisinantes ( L’Hôpital, Carling) et par les eaux de ruissellement de la plate-forme chimique de Carling via une station d’épuration. Ces eaux, traitées par les stations d’épuration, sont rejetées ensuite dans la Merle. Toutefois, de gros efforts ont été faits par la STEP par rapport aux normes et aux traitements.

De plus, la merle est un ruisseau qui subit des pressions au niveau urbanistique très fortes. Certaines parties du ruisseau, sur le secteur de Freyming-Merlebach, circulent sous les voies ferrées sur lesquelles le fret industriel (VFLI) transite et sont donc difficiles d’accès.

Sur certains tronçons, en particulier sur le secteur entre Sainte-Fontaine et Freyming-Merlebach, nous avons resserré le lit mineur en installant des épis pour diversifier le méandrage et accélérer le débit, à d’autres il était impossible d’intervenir notamment à cause des palplanches déjà implantées.

En première lecture de dossier, nous avions imaginé terrasser à peu près 33 000 mètres cubes de terre sur le secteur du puits de Saintes-Fontaines. Le problème, c’est qu’après avoir effectué des sondages, nous nous sommes rendu compte que ces sols étaient pollués par les schistes de lavoirs. L’agence de l’eau nous ayant incités à les laisser sur place, nous avons utilisé la terre pour créer des berges en pente douce et élargir le lit majeur. À cet endroit, nous avons aménagé une plate-forme avec 3 mares à batraciens et des caches à reptiles pour aider la faune à se réinstaller à proximité du ruisseau et la ripisylve a été replantée.

Toutes ses actions ont nettement amélioré le milieu et aujourd’hui, nous avons la satisfaction de voir du poisson dans la Merle. 

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous avions déjà traité plusieurs affluents de la Rosselle, notamment le Morsbach et le Katharinenbach. De plus, entre 2010 et 2014, nous avions réalisé un premier plan de renaturation de la Rosselle, en amont et en aval du programme EPFL, durant lequel près de 32 kilomètres de rivière avaient été renaturés. 

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Nous avons réalisé plusieurs études notamment une étude sur la faune et la flore en 2019, par le cabinet Artélia de Metz, spécialisé dans la renaturation de cours d’eau. Grâce à cette analyse, nous nous sommes aperçus qu’une faune constituée de crapauds, lézards et couleuvres était présente malgré l’industrialisation de ce secteur.

Bien que cela devienne systématique, c’était la première fois qu’une telle étude nous était imposée. C’est une bonne chose parce que les résultats sont très positifs. 

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Tout d’abord, il est essentiel de bien connaître le milieu aquatique, et puis nous nous sommes appuyés sur les compétences des bureaux d’études.

Il faut s’entourer de personnes qualifiées dans leurs domaines sans quoi vous tapez à côté et l’aménagement n’aura pas les résultats escomptés. Pour ce projet, nous sommes relativement satisfaits, la faune et la flore sont en train de se régénérer et de revenir.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Une enquête publique a été réalisée, une permanence a été tenue par le commissaire en Mairie de Freyming-Merlebach. Les habitants ont pu ainsi consulter le programme d’aménagement envisagé sur la Merle et puis nous avons organisé une réunion publique. Certaines personnes sont venues se renseigner, mais comme la plupart des terrains appartenaient à la communauté de communes de Freyming-Merlebach, peu de riverains étaient impactés par le projet.

Comment la SIEAR a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le projet a coûté 656 000 € TTC, il a été subventionné à 80%, 50% provenaient de l’agence de l’Eau Rhin-Meuse et 30 % de la région Grand Est. La partie génie écologique nous a coûté 35 000 €.

La contribution par habitant pour le SIEAR est de 4 €. Pour une population de 76 000 habitants, cela représente environ 300 000 €. Sans ces soutiens, nous ne pourrions pas opérer sur des projets de cette envergure. 

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

En premier, l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse qui nous a accompagnés tant sur la partie financière que sur le volet du conseil.

Puis le Cabinet Artélia de Metz a effectué l’étude faune /flore et est intervenu en tant que maître d’œuvre.

L’entreprise SETHY spécialisée dans les travaux relatifs aux milieux aquatiques est aussi  experte en génie écologique.

La société Akerma, gérante de la plateforme de Carling est un acteur important également. Elle participe financièrement au syndicat à travers une dotation de 15 000 € tous les ans, et accomplit des efforts considérables sur le traitement des rejets dans la Merle.

Et puis, les élus des communes concernées, notamment Freyming-Merlebach qui étaient intéressés par ce projet, avec lesquels nous avons fait des points d’étape réguliers.