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L’eau à la parcelle, un incontournable pour Thaon-les-Vosges (88)

Face aux situations de sécheresse qui vont s’intensifier, la ville de Thaon-les-Vosges (88) a pris un virage radical dans sa démarche de gestion de l’eau. L’objectif n’est plus d’évacuer les eaux de pluie via un réseau d’assainissement, mais de gérer les volumes d’eau à la parcelle, grâce à des ouvrages de stockage ou d’infiltration pour restituer les eaux pluviales dans le milieu naturel. Pour cela, la ville effectue de nombreux travaux de voirie auxquels elle intègre systématiquement la récupération des eaux de pluie à la parcelle. Une solution vertueuse qui allie le beau et l’utile en participant à la végétalisation des rues et en diminuant les risques d’inondations.

Entretien avec Cédric Haxaire, maire de Thaon-les-Vosges et vice-président de l’Agglomération d’Épinal

Parole de collectivité
Cédric Haxaire, maire de Thaon-les-Vosges depuis 2020 est également vice-président de l’Agglomération d’Épinal. Crédits photos : Banque des Territoires
Gestion des eaux pluviales

Ce projet est présenté par :

  • Cédric Haxaire, maire de Thaon-les-Vosges depuis 2020 est également vice-président de l’Agglomération d’Épinal.

Mieux gérer l'eau, c'est mieux gérer les ressources au sens large. Nous essayons d'accélérer le processus et de le faire toucher du doigt aux habitants en leur demandant de participer sur des petites choses. Il est indispensable de sensibiliser tout le monde ! 

Cédric Haxaire

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet de l’eau à la parcelle s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Un mois après le début de notre mandat (2020), j’ai mobilisé une réunion suite à une pétition de certains habitants du lotissement de la Plaine excédés par les inondations. Ils nous ont demandé de mettre en place des solutions dignes de la NASA pour des événements rares et maîtrisables autrement. Pour globaliser notre point de vue avec l’Agglo (CAE), nous avons rencontré Monsieur Benard de la société ELLENY qui nous a amenés à réfléchir au déraccordement des eaux pluviales. Depuis, nous avons fait de cette règle un axe fondamental que nous appliquons systématiquement. Dans tous nos projets de bâtiments et de routes, nous incluons la récupération des eaux à la parcelle.

Ça n’a aucun sens d’envoyer les eaux pluviales à la station d’épuration, cela demande des investissements majeurs pour gérer un excédent d’eau qui est multiplié par trois ou par quatre quand il pleut.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Monsieur Benard de la société ELLENY a complètement modifié ma vision de la gestion intégrée des eaux pluviales. C’est un vrai militant, cent fois il a répété la même chose : Pourquoi mettre l’eau pluviale dans les tuyaux ? Pourquoi les envoyer dans les stations d’épuration ? Quand il pleut, il pleut sur votre toit, dans votre jardin, pourquoi l’eau du toit n’irait pas dans le jardin ? C’est tout bête.

La rue des Pinsons est le programme qui a initié tous les autres. C’est une des premières chaussées réservoirs que nous avons réalisées sur la commune pour incorporer les eaux à la parcelle.

Dans la rue de Lorraine, malgré les fortes réticences du conseil départemental, nous avons prévu de construire une double bordure pour que les eaux de la route s’écoulent dans nos massifs et intègrent la future piste cyclable qui sera rendue perméable grâce à une structure réservoir. Les anciens réseaux d’eau pluviale en bon état seront conservés en tant que réseau de secours.

Rue des Aulnes et rue Dutac, nous serons sur une intégration complète des eaux pluviales à la parcelle.

Le lotissement de la Plaine sera notre projet le plus emblématique. Construit sur d’anciens marécages, le lotissement est en dessous du niveau du niveau général de la ville. La nappe étant proche de la structure de chaussée, il n’y a pas de réseau d’eaux pluviales, mais 35 puisards. Ils peuvent avaler l’équivalent de 100 mètres cubes or lors d’un orage important, il faudrait être capable d’absorber 300 mètres cubes sur ce secteur. Pour pallier ce déficit, nous allons implanter des noues (capacité de 500 mètres cubes), c’est beaucoup moins cher et beaucoup plus facile à entretenir que les puisards qui concentrent les déchets.

De plus, absorbée immédiatement à la parcelle, l’eau garde sa qualité.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Il n’y a pas eu d’étude globale, en revanche, je demande systématiquement une étude par projet pour quantifier les flux, mais j’ai parfois du mal à les obtenir, les bureaux d’études ne sont pas habitués à ça. Pour l’instant, le calcul des volumes n’a pas encore été fait, mais ces travaux nous permettront d’éviter les inondations lors d’orages importants.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce type de projet ?

Il faut notamment des compétences en génie civil. C’est logique d’être vigilant sur l’impact que peut avoir l’eau sur les structures de chaussées. Cela nécessite d’aborder avec plus de précision tous les projets d’infrastructures et d’équipements.

Par contre, ça génère un problème dans le partage des compétences entre les EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale) et les communes en termes de voirie et d’eau.  Les EPCI portent la compétence eau et assainissement alors que les communes prennent en charge la désimperméabilisation car cela fait partie de la voirie. Or, les chaussées drainantes, les structures réservoirs, coûtent plus cher que du gravats, du gravier et de l’enrobé.

Pour l’instant, les subventions de l’Agence de l’eau et l’aide complémentaire de la communauté d’agglomération d’Épinal permettent de financer globalement le surcoût. 

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Lorsque l’on présente le projet en réunion publique, les citoyens ne disent rien, est-ce que cela veut dire que c’est acquis ou sont-ils accaparés par d’autres points ? Il y a des questionnements, mais pas de réticence, par contre l’idéal serait qu’ils prennent des initiatives personnelles. Certains le font comme le syndic de la résidence Arlequin (15 logements) qui a décidé de tout déraccorder.

Nous communiquons dans le bulletin municipal et au comité de proximité. De plus, il y a au moins une réunion par an où j’en profite pour présenter les projets de la commune et refaire de la communication sur des petites ou grandes actions. Nous essayons aussi d’être relais auprès des habitants par ces biais-là.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Suite à ma sollicitation, la CAE a mis en place un groupe de travail, la ville de Thaon était représentée par Yannick Payot, adjoint chargé des mobilités et de l’habitat et qui s’occupe également de l’urbanisme. Résultat aujourd’hui, 20 % des dépenses subventionnées font l’objet d’une aide de l’agglo, ce qui permet d’avaler la pilule dans ces jeux de transferts de compétences.

Les subventions permettent non seulement d’avoir un coût qui est, à mon avis, maîtrisé par rapport à avant et surtout d’avoir une solution sur le plan environnemental beaucoup plus judicieuse. Nous avons adopté un projet pluriannuel d’investissement pour financer ces projets sur 5 ans et avons pris le parti de coupler nos travaux de voirie avec les travaux d’assainissement effectués par la communauté d’agglomération d’Epinal. Nous disposons d’un soutien massif de l’Agence de l’eau. Par exemple, le budget du lotissement de la Plaine s’élève à 200 000 €, dont 120 000 € sont pris en charge par  l’Agence de l’eau et 24 000 € par la CAE.

Pour la rue de Lorraine, nous sommes sur un budget global, eau potable comprise, à 3 millions d’euros. La subvention de l’Agence de l’eau est de 400 000 € et celle de la CAE de 55 000 €. Nous avons également touché 530 000 € d’aide de la dotation d’équipement des territoires ruraux pour la désimperméabilisation de la part de l’Etat.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Tout d’abord, la CAE, qui porte le même message que nous et c’est là qu’on voit que les hommes politiques servent à quelque chose, nous pouvons vraiment influer sur le cours de certaines décisions.

À leur corps défendant, les bureaux d’études parce qu’ils ne voulaient pas en entendre parler. C’est un sujet essentiel, mais pas toujours perçu par tout le monde. Nous avons dû les convaincre de déraccorder autant que possible. C’est une vraie culture qu’il faut instiller.

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Banque des territoires - Groupe Caisse des dépôts

Le projet en détails

Dates clés

2020

Mise à l'agenda

2020 - 2021

Inspiration

2022

Diagnostic et Planification

2022

Réalisation

Chiffres clés

35

Puisards installés absorbent l'équivalent de 100 mètres cubes

300

Mètres cubes de capacité d'absorption sur ce secteur

200 000

Euros de budget

À retenir

C'est une ressource en eau mieux gérée et qui permet de lutter un peu contre l'assèchement des sols.

C’est aussi lutter contre les inondations puisque ça va de pair. Et puis cela permet, quand on aménage correctement, une végétalisation de la commune, ce qui n’est pas un point négligeable.

C’est aussi lutter contre les inondations puisque ça va de pair. Et puis cela permet, quand on aménage correctement, une végétalisation de la commune, ce qui n’est pas un point négligeable.

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

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Nombre d'habitants

8 513

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