Un bassin d’eaux pluviales métamorphosé en « Jardin de demain » à Balaruc-le-Vieux (34)

Comment le sujet de la désimperméabilisation d’un bassin d’eaux pluviales à Balaruc-le-Vieux s’est-il imposé à l’agenda du SMBT ?

Yves Michel : Au départ, c’est une histoire de rencontre entre le Syndicat mixte du bassin de Thau en 2020 et le service Enfance et Jeunesse de Balaruc-le-Vieux, l’une de ses communes membres. Les mercredis après-midi, une dizaine d’ados de 13 à 18 ans s’y rejoint pour des activités péri-scolaires et nous avons eu l’idée d’intégrer ce groupe pour initier un projet lié à l’environnement. La même année, nous avons été lauréat de l’appel à projets « Eau et participation citoyenne » lancé par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée. Il nous a fourni l’opportunité de structurer et de financer ce projet.

Nous avons rencontré ces jeunes et nous leur avons proposé 4 visites de terrain avec des professionnels, chacune liée à une thématique portée par le SMBT : la lutte contre les pesticides, la restauration des cours d’eau, les économies d’eau et la désimperméabilisation. Leur choix s’est porté sur cette dernière, après la visite d’un bassin d’eaux pluviales ‑dysfonctionnel‑ sur leur commune de Balaruc le Vieux. Le lien de proximité a beaucoup joué parce qu’ils connaissaient ce lieu et qu’ils pouvaient s’y projeter facilement. Ainsi est né le projet de ré-aménagement du bassin d’eaux pluviales du quartier des Vignés.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Alexandre Pennaneac’h : Le projet était inédit pour nous. Nous avions un groupe d’ados, une méthodologie et un bassin tampon en béton, enterré et inondé plusieurs jours d’affilée à chaque grosse pluie, à cause d’une vidange non opérationnelle. Il était censé collecter des milliers de mètres-cubes d’eaux pluviales souterraines mais les buses en arrivée de bassin sont trop grosses.

Le résultat étant que l’eau arrive trop vite et le sol ne peut absorber cette masse d’eau qui n’a d’autre option que de stagner. De ce fait il était interdit d’y pénétrer, ce qui piquait la curiosité des jeunes et a aussi nourri leur imagination. Très vite, ils ont eu envie d’un lieu qui ne soit pas exclusivement réservé à leur usage mais qui soit ouvert à tout le monde : un espace paysager où l’on puisse venir s’isoler, se détendre, assister à des spectacles aussi. Ces premières idées ont guidé le processus de travail.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Une pré-étude de faisabilité a été lancée par le service Eau et Assainissement de Sète Agglopôle Méditerranée.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Alexandre Pennaneac’h : Sur ce projet, notre équipe est composée d’un référent technique du service Eau et Assainissement de Sète Agglopôle Méditerranée, d’une paysagiste et, côté SMBT, d’une chargée de mission, d’une animatrice de la participation citoyenne, vidéaste aussi, et de moi-même, pour la construction et la mise en œuvre de la méthodologie habilitante. Dès les premières séances, nous leurs avons transmis des compétences en hydraulique, en paysagisme, sur les enjeux techniques et publics de l’eau, de l’assainissement… Le travail d’idéation a été progressif.

Répartis en 4 petits groupes, ils ont proposé leur vision du bassin. Puis, nous leur avons proposé d’exploiter les briques les plus intéressantes de chaque proposition afin d’arrêter la meilleure version de projet possible. Il s’agit d’un parc urbain bi-fonctionnel qui sera 80% du temps un parc de proximité et les 20% restants, un bassin d’infiltration d’eau, qui ne devra pas gêner le premier usage.

On y trouvera un coin zen pour s’allonger, un belvédère ombragé, surélevé, une aire de jeux, trois rangées de gradins face à une scène, un banc aromatique relié à un jardin partagé divisé en autant de parcelles que d’habitants dans le quartier, sans oublier un lit de rivière matérialisé par des coquilles d’huîtres concassées, en léger devers pour guider les eaux pluviales vers l’exutoire du bassin. Il figurera une rivière drainante mais aussi intermittente, de celles qui maillent notre territoire dans l’Hérault mais aussi en Occitanie.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Alexandre Pennaneac’h : Assez tôt dans le projet, nous avions la conviction qu’il se passait quelque chose. Les jeunes étaient motivés, le projet était ambitieux. Nous leur avons proposé de le soumettre au conseil municipal de Balaruc-le-Vieux sans savoir nous-mêmes quel en serait l’accueil. D’habitude c’est la mairie qui convie ses administrés en mode participatif, là, le processus était inversé.

Ce sont les jeunes qui ont conduit la visite de toute l’équipe municipale, une matinée de novembre 2023, sur les 10 spots qui structuraient l’ADN du site d’abord, puis au SEJ, pour dialoguer autour d’une maquette « vulgarisante ». Nous les avions briefés en amont sur l’organisation d’une telle visite officielle. Tous ont été vraiment pros, ils ont su lever les doutes et répondre aux différentes interrogations. Au final, le conseil municipal a validé l’intégralité du projet et a demandé un chiffrage global. Il est prévu que les jeunes renouvellent cette présentation avec les habitants du quartier quand les travaux auront débuté.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Alexandre Pennaneac’h :  L’animation du projet avec les jeunes a été interrompue 6 mois le temps de finaliser son ingénierie financière.

Trois tranches de travaux ont été arrêtées :

1. Le gros œuvre pour préparer le terrain et l’aménager en grandes masses (fin 2024 –200 000€ TTC financement Agglopôle de Sète).

2. Le paysagement (2025 – 91 000€ ingénierie financière en cours).

3. Aménagement (jeux, boiseries) et action de crowdfunding avec les jeunes pour l’achat de mobilier (36 000€, ingénierie financière en cours)

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le SMBT dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

• Commune de Balaruc le Vieux
• SMBT
• Sète Agglopôle Méditerranée
• Entreprise paysagiste (« Champs libres ») de TP (« COLAS »)
• Paprec Coved (recyclage des coquilles d’huîtres locales)
• Agence de l’eau Rhône Méditerranée
• Région Occitanie
• Les jeunes du SEJ et les habitants